Coupe du monde 2026 : une ouverture en trompe-l'oeil
Avec l'élargissement à quarante-huit équipes, la Coupe du monde 2026 offre un visage inédit. De nouveaux pays découvriront la scène planétaire, preuve d'une ouverture attendue depuis longtemps. Mais à y regarder de plus près, les écarts demeurent criants avec une inégalité profonde entre continents.

À première vue, la réforme semble avoir tenu ses promesses. La Jordanie, l'Ouzbékistan ou le Cap-Vert disputeront la première Coupe du monde de leur histoire l'été prochain. L'élargissement à quarante-huit équipes a ouvert la porte à des nations longtemps tenues à distance et redessine la carte du football mondial.
Une avancée symbolique, certes, mais qui cache mal une autre réalité : tout le monde ne joue pas avec les mêmes règles. Certains continents se qualifient presque par défaut, d'autres doivent survivre à un parcours sans droit à l'erreur. Le Mondial se veut universel, mais l'équité de son accès reste, elle, très relative.
L'Europe et l'Amérique du Sud, zones de confort
En Amérique du Sud, les éliminatoires n'ont jamais vraiment été un piège, mais elles n'ont jamais semblé aussi confortables. Dix nations, six qualifiées d'office, une septième, la Bolivie (10 défaites en 18 matchs !), en barrage intercontinental : un taux de réussite de 70%, nettement supérieur à tous les autres continents. Le Brésil et l'Argentine ont déjà validé leur billet, rejoints par la Colombie, l'Équateur, l'Uruguay et le Paraguay. Autrement dit, il suffisait simplement de ne pas finir dans les trois derniers pour prétendre au voyage. Le mérite sportif existe dans une zone où le niveau moyen reste assez élevé, mais la densité de places transforme les qualifications en formalité comptable.
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L'Europe, elle, conserve un tiers du plateau mondial : seize places pour cinquante-quatre nations, soit un ratio de 29%. Mais la clé du déséquilibre se joue ailleurs : dans la multiplication des repêchages. Les douze deuxièmes de groupes participeront à des barrages, rejoints par quatre équipes issues de la Ligue des Nations. Ainsi, la Suède, pourtant dernière de son groupe et récemment battue par le Kosovo, garde encore une porte ouverte grâce à un «bonus» obtenu dans une autre compétition. Une anomalie statistique : sur 54 pays, près d'un tiers bénéficient d'une seconde chance. Dans une confédération déjà surreprésentée, l'erreur n'est plus vraiment un risque.
L'Afrique et l'Asie face au parcours du combattant
L'Afrique vit une autre réalité. Cinquante-trois nations pour neuf places directes et un barrage intercontinental : moins de 19% de chances de qualification. Neuf groupes de six équipes, un seul qualifié par poule. Les quatre meilleurs deuxièmes se disputeront un ultime ticket en novembre à Tanger. Dans ces conditions, chaque point perdu pèse lourd. Le Gabon en est la victime symbolique : huit victoires, un nul, une défaite, 25 points sur 30… et aucune garantie d'aller au Mondial. Le Nigeria, la RDC et le Cameroun devront eux aussi passer par ce mini-tournoi couperet. L'élargissement a bien doublé le nombre de représentants africains depuis 2022, mais pas le sentiment d'équité. Ici, la moindre erreur se paie cash.
L'Asie, malgré la progression de son football, reste soumise à la même logique sélective. Quarante-six nations engagées pour neuf places seulement, dont une via barrage intercontinental : à peine 19,5% de réussite. Les puissances régionales — Japon, Corée du Sud, Iran, Australie — tiennent leur rang, mais les outsiders s'épuisent. Le Qatar et l'Arabie Saoudite ont composté leur billet en octobre, pendant que les Émirats arabes unis et l'Irak devront s'affronter en novembre pour la dernière chance. Dans cette configuration, chaque continent ne joue pas le même jeu. Certains avancent en pantoufles, d'autres sur un fil. Et dans une Coupe du monde élargie, c'est encore la hiérarchie d'hier qui dicte celle de demain.
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