Algérie : Mahrez, l'héritage devenu fardeau
Capitaine emblématique, Riyad Mahrez ne répond plus présent avec l'Algérie. Transparent depuis quatre ans, l'ailier de 34 ans s'accroche à son statut au détriment d'une génération montante tenue à distance. Une situation très préoccupante à l'approche de la CAN 2025 et de la Coupe du monde 2026.

Avec ses 32 buts et 42 passes décisives en 106 sélections, Riyad Mahrez (34 ans) occupe une place à part dans l'histoire de l'équipe d'Algérie. Son coup franc légendaire face au Nigeria en demi-finales de la CAN 2019 reste un souvenir impérissable. Mais cette image héroïque masque mal une réalité bien plus sombre.
Des chiffres accablants
La chute du capitaine des Fennecs est d'abord statistique. Après avoir inscrit 26 buts entre 2014 et 2021, il n'a marqué qu'une seule fois lors de ses 22 dernières rencontres internationales. Son rendement en passes décisives s'est tout autant effondré, limité à deux offrandes contre le Mozambique (5-1) depuis novembre 2023. Le numéro 7 d'Al Ahli n'a plus trouvé le chemin des filets en compétition officielle depuis quatre ans, ni inscrit le moindre but lors des campagnes qualificatives pour les Mondiaux 2022 et 2026. Une production indigne du joueur qu'il a été.
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À ces chiffres s'ajoutent les rendez-vous manqués. Fantomatique lors du barrage contre le Cameroun (1-0, 1-2 ap) en mars 2022, il a traversé deux CAN consécutives sans jamais marquer. En Côte d'Ivoire début 2024, ses promesses répétées — «au prochain match, je vais marquer» — se sont soldées par de nouvelles prestations fantomatiques et une sortie sous les huées face au Burkina Faso (2-2). Ce contraste entre la mémoire du héros de 2019 et le joueur en déclin d'aujourd'hui nourrit l'exaspération croissante et de plus en plus acide du public.
Un capitaine qui divise
Si le rendement n'est plus là, Mahrez conserve une influence totale sur la sélection. Djamel Belmadi puis Vladimir Petkovic ont maintenu leur confiance, quitte à reléguer de nombreuses alternatives au second plan depuis le début de sa longue déchéance avec les Verts. Lors de la dernière CAN, il avait même été titularisé malgré des prestations calamiteuses, avant de s'asseoir sur le banc contre la Mauritanie (0-1) pour mieux revenir dès la mi-temps, sans succès. Son statut de capitaine agit comme un verrou, quelle que soit sa forme.
Cette position privilégiée ne va pas sans tensions. Ses déclarations piquantes en Côte d'Ivoire malgré des performances en berne, son attitude de défi face aux critiques — emoji «oreilles bouchées» publié après l'élimination de la CAN — et son refus implicite d'un déclassement nourrissent l'image d'un joueur déconnecté. Dans un vestiaire fragilisé par deux CAN ratées et une absence remarquée au Mondial 2022, le natif de Sarcelles donne l'impression d'imposer une hiérarchie immuable plus qu'il ne fédère autour de lui.
Une génération sacrifiée
Le paradoxe algérien est d'ailleurs cruel : au moment où une génération prometteuse frappe à la porte, la place reste verrouillée par les anciens. Des talents comme Anis Hadj Moussa, brillant avec Feyenoord, Ilan Kebbal, en feu au Paris FC, ou encore Badredine Bouanani, parti se relancer à Stuttgart, enchaînent les performances en club, mais n'ont droit qu'à des miettes, quand ils ne sont pas envoyés en tribunes. Un leader fantomatique en perte de vitesse qui sclérose complètement le jeu algérien, que ce soit dans la production ou dans le pressing.
Le choix de Petkovic de relancer Mahrez malgré tout – après un break suite à la dernière CAN – illustre ce conservatisme problématique à terme. À un peu plus de trois mois de la CAN et avec le Mondial en approche, la sélection semble paralysée par la dette symbolique envers ses héros de 2019. Le risque est clair : voir l'Algérie aborder ses rendez-vous majeurs avec une équipe figée, incapable de suivre le rythme imposé au plus haut niveau. Tant que Mahrez restera intouchable, les Fennecs avanceront avec un capitaine sans influence et une jeunesse bridée.
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