Cap-Vert : l'exploit en marche
Vainqueur du Cameroun (1-0), mardi, le Cap-Vert est tout proche de valider la première qualification de son histoire pour une Coupe du monde. Un succès en octobre contre la Libye ou l'Eswatini suffira aux Tubarões Azuis pour écrire une page inédite de leur légende.

Petit archipel volcanique de 600 000 habitants, le Cap-Vert n'a jamais cessé de surprendre depuis son entrée sur la scène africaine. Longtemps perçu comme un invité exotique, il a fini par s'installer durablement parmi les sélections compétitives du continent. Au point de se retrouver en pole pour se qualifier en Coupe du monde pour la première fois de son histoire.
Une campagne exemplaire
Avec 19 points en huit matchs, le Cap-Vert domine son groupe devant le Cameroun et la Libye. Battus lourdement à Yaoundé (4-1), en juin 2024, les Requins Bleus ont su renverser la hiérarchie en s'imposant lors du match retour à Praia (1-0), mardi, grâce à un but de Dailon Livramento. Ce succès a marqué un basculement symbolique et offert une avance décisive. À deux journées de la fin, le Cameroun accuse quatre longueurs de retard et ne peut plus inverser la tendance sans un improbable effondrement de son rival.
Cette réussite est d'autant plus remarquable qu'elle s'inscrit dans une logique de régularité pour la nation insulaire. Le Cap-Vert a remporté six de ses huit rencontres, ne s'inclinant qu'une fois, et a su voyager avec assurance, notamment en allant s'imposer en Angola (1-2). Malgré un groupe assez relevé, les Crioulos ont enchaîné cinq succès de rang dans ces éliminatoires. Loin d'un exploit isolé, la campagne ressemble à une montée en puissance maîtrisée, portée par une stabilité rare dans le contexte africain.
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Une progression patiente
La sélection créée en 1979 n'en est pas à son premier coup d'éclat. Quart de finaliste de la CAN 2013 pour sa première participation, elle s'est depuis installée régulièrement dans le tableau final. En 2022, elle avait quitté la compétition en huitièmes de finale contre le futur champion, le Sénégal, avant d'atteindre à nouveau les quarts de finale en 2024, tombant cette fois aux tirs au but face à l'Afrique du Sud et au gardien Ronwen Williams, auteur d'une performance historique avec quatre arrêts durant la séance.
Cette trajectoire s'explique aussi par la stabilité de son encadrement. À la tête de la sélection depuis 2020, Bubista a imposé un projet clair et durable. Il a su fédérer une équipe composée de joueurs issus de la diaspora, éparpillés entre le Portugal, la France ou les Pays-Bas, et d'éléments formés localement. La force du Cap-Vert réside dans cette mixité et dans une identité de jeu fondée sur la solidarité et la rigueur tactique, une alchimie qui a permis à cette équipe de franchir quasiment tous les obstacles dressés sur sa route.
Un modèle à part
De Ryan Mendes – joueur le plus capé, meilleur buteur et meilleur passeur – à Logan Costa, en passant par Bebé – l'ancien grand espoir de Manchester United – ou Jamiro Monteiro, nombreux sont ceux qui ont grandi loin des îles mais ont choisi de défendre le maillot bleu. L'équipe nationale a fait de cette ouverture son ADN, transformant une faiblesse démographique en ressource inépuisable. Cette capacité à fédérer un vivier éclaté est l'un des ressorts de son succès actuel.
Le Cap-Vert offre aussi un exemple de constance institutionnelle. Là où beaucoup de nations africaines changent de sélectionneur après un échec, les Requins Bleus ont privilégié la continuité. Ce pari paie aujourd'hui avec une équipe disciplinée, capable de rivaliser physiquement et tactiquement avec les meilleures. À la veille d'une qualification historique, l'archipel se prépare à entrer dans une nouvelle dimension, en prouvant qu'un petit pays peut viser grand sans renier ses valeurs. Désormais, il n'y a plus qu'à finir le travail.
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