Liverpool : Salah, seul à sa table
Élu trois fois meilleur joueur de Premier League, Mohamed Salah ne cesse d'empiler les distinctions et records avec Liverpool. Mais derrière cette avalanche de chiffres, une question se pose : où placer l'ailier égyptien dans la hiérarchie du championnat anglais ?

Depuis huit saisons, Mohamed Salah incarne l'inéluctable. Chaque été, les mêmes doutes refont surface : et si cette fois, la machine s'enrayait ? Chaque printemps, le verdict est identique : buts à foison, passes décisives à profusion, trophées individuels à gogo.
À 33 ans, l'ailier de Liverpool vient d'être élu pour la troisième fois PFA Player of the Year, une première dans l'histoire du championnat. Derrière l'évidence statistique, c'est le statut d'une légende vivante qui s'impose, au point de redéfinir l'échelle de grandeur en Premier League.
Un règne individuel hors norme
Avec 187 buts et 88 passes décisives dans l'épreuve, l'Égyptien s'est hissé au quatrième rang des buteurs de l'histoire, déjà devant Sergio Agüero (184) ou encore Thierry Henry (175), et à portée de Wayne Rooney (208) et Harry Kane (213). Jamais il n'a inscrit en dessous de 18 buts en championnat, et il a même signé six saisons en double-double (au moins 10 buts et 10 passes décisives), une régularité inédite. Sa campagne 2024-2025, ponctuée de 29 réalisations et 18 offrandes, a repoussé encore les standards, avec 47 contributions sur une saison. Du jamais vu outre-Manche.
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Cette constance s'accompagne d'une pluie de distinctions. Quatre titres de meilleur buteur – un record partagé avec Henry dans l'ère Premier League – deux titres de meilleur passeur, trois trophées FWA (décerné par les journalistes) et désormais un triplé historique au palmarès du PFA (décerné par les joueurs). Aucun autre joueur n'a réussi à combiner à deux reprises meilleur buteur, meilleur passeur et joueur de la saison sur le même exercice. Salah, lui, ne se contente pas d'accumuler. Il invente des catégories à lui seul. Le plus effrayant ? C'est qu'il ne semble pas faiblir malgré l'âge qui le rattrape.
L'ombre des géants, la lumière pour lui
Comparer Salah à ses illustres prédécesseurs permet de mesurer l'ampleur de son empreinte. Alan Shearer reste intouchable au sommet avec 260 buts en 14 saisons, mais le Pharaon peut viser la deuxième marche, devant Kane et Rooney, d'ici la fin de son contrat en juin 2027. Henry avait laissé une empreinte esthétique et statistique, mais il n'a pas connu la concurrence d'un Manchester City capable d'atteindre 100 points sur une saison. Salah, lui, a privé Guardiola de deux titres et a soutenu la comparaison avec l'une des machines les plus dominantes de l'histoire du championnat.
À Liverpool, la bascule est encore plus nette. Avec 246 buts en 403 matchs toutes compétitions confondues, Salah a déjà largement dépassé Steven Gerrard (186 buts en 710 matchs), Fowler (183 buts en 369 matchs) et Michael Owen (158 buts en 297 matchs). Il compte deux titres de champion là où Gerrard a échoué, et a disputé trois finales de Ligue des Champions, pour un sacre en 2019 après 14 ans d'attente à Anfield. Dans une institution façonnée par les figures mythiques, il occupe désormais une place que seuls Ian Rush et Kenny Dalglish, leaders du grand Liverpool des années 80, peuvent lui contester.
Deux saisons pour graver le marbre
Prolongé jusqu'en 2027 après d'intenses discussions ces derniers mois, Salah dispose d'au moins deux saisons supplémentaires, celle débutée incluse, pour achever son oeuvre. Atteindre les 200 buts et 100 passes en Premier League – une performance jamais réalisée – gagner un cinquième titre de meilleur buteur pour s'installer seul au sommet, ou encore dépasser Roger Hunt (285) à la deuxième place du classement des buteurs de Liverpool... Autant d'objectifs à portée d'un joueur toujours dans son prime. Sa capacité à maintenir l'intensité après une saison record sera le dernier test.
Reste la perspective plus large. Dans une ligue marquée par la domination écrasante d'un Manchester City toujours à l'affût et la renaissance d'Arsenal, qui court désespérément derrière un premier titre depuis deux décennies, Salah a incarné la résistance et l'excellence comme aucun autre avant lui. Il n'égalera sans doute jamais les 260 buts de Shearer, mais il pourrait devenir le premier joueur de l'histoire à conjuguer productivité, constance et palmarès individuel à ce niveau. Et si la Premier League n'a pas encore tranché sur son GOAT, une certitude demeure : Salah mange déjà seul à sa table.
Mohamed Salah en chiffres
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