Nantes : le mercato de tous les dangers

Malgré un passage sans encombre devant la DNCG, le FC Nantes s'apprête à entrer dans une phase de reconstruction radicale. Entre départs en cascade, incertitudes majeures et ambitions floues, le club de Waldemar Kita avance à grands pas vers l'inconnu.

Moses Simon et Pedro Chirivella ne joueront plus à Nantes.

«Contrairement à ce qui a pu être dit, nous n'avions pas besoin de vendre de joueurs pour valider le budget.» Avant la validation de la DNCG, mardi, Waldemar Kita affirmait auprès de L'Equipe que le FC Nantes n'avait pas besoin de dégraisser cet été. Faut-il prendre la déclaration du président des Canaris pour argent comptant ? Chacun se fera sa propre opinion.

Car en parallèle, et dans un silence presque total, le vestiaire se vide peu à peu de ses tauliers. Et à cinq jours de la reprise, le chantier est immense. L'effectif est décimé, les cadres sont partis ou sur le départ, et le recrutement est au point mort. Au lieu d'un simple réajustement, c'est une reconstruction à nu qui attend les Canaris. Sans garanties, sans cohérence, et surtout sans horizon clair.

Un effectif décimé

Ce mercredi, Nantes a officialisé le départ de son joueur le plus décisif, Moses Simon, vendu au Paris FC pour 7 millions d'euros. Avant lui, Nicolas Pallois, Marcus Coco et Florent Mollet, non prolongés, ont également pris la tangente. Douglas Augusto (4 M€, Krasnodar) et Pedro Chirivella (2 M€, Panathinaikos) vont rapidement suivre, mais ce n'est pas tout : Jean-Charles Castelletto, Fabien Centonze, Mostafa Mohamed, tous sur le départ ou sollicités, Et Alban Lafont ? Écarté depuis des mois. Lui aussi attend la sortie. Les joueurs prêtés, à savoir Sorba Thomas, Saïdou Sow, Mechiack Elia, sont retournés dans leurs clubs respectifs. Une seule prolongation validée à ce jour : celle de Nicolas Cozza.

Une hémorragie de talents que Nantes n'a pas compensée. Alors que le retour à La Jonelière est prévu lundi, aucun recrutement n'a été officialisé, si ce n'est la signature attendue de Johann Lepenant pour quatre ans et la prolongation pour une année d'Anthony Lopes. Francis Coquelin, lui, reste encore une saison. Un socle mince. Trop mince pour une Ligue 1 devenue plus rugueuse, plus exigeante. Quant à Nathan Zézé, le talent maison, sa cote flambe. Bournemouth, qui va encaisser près de 200 millions d'euros pour Dean Huijsen, Milos Kerkez et Illia Zabarnyi, le suit de près. Le voir rester serait presque un miracle. Le danger est là : perdre ses repères et ses promesses malgré un mercato toujours ouvert pour deux mois.

Luis Castro, l'homme du renouveau… ou du sacrifice ?

Dans ce contexte sous tension, Luis Castro s'avance. L'ancien coach de Dunkerque a remplacé Antoine Kombouaré avec une mission claire : relancer une équipe en panne d'idées, et d'envie. Mais avec qui ? Car ce qui devait être un été de transition pourrait se transformer en casse-tête. Le technicien portugais prône un football ambitieux, plus haut, plus technique, avec du mouvement… Mais sur quels profils s'appuiera-t-il ? Le peu de certitudes – Lepenant, Coquelin, Lopes – ne suffit pas à garantir la cohérence du projet. Et derrière, le néant. Même Matthis Abline, dont l'Olympique de Marseille raffole, pourrait filer. Kita réclame 50 millions d'euros, un chèque qu'il n'aura jamais. Pour 20 millions d'euros, la porte pourrait s'ouvrir.

Alors, avec qui Nantes va tenter de survivre ? Car c'est bien de survie dont il s'agit. Depuis son retour dans l'élite en 2013-2014, le pensionnaire de la Beaujoire est parvenu à se maintenir non sans peur. En onze saisons, le FCN a terminé seulement trois fois entre les 7e et 10e places et à sept reprises entre les 13e et 18e positions. Sans leur meilleur atout offensif depuis six ans, leurs deux derniers capitaines, leur tour de contrôle en défense et peut-être même sans leur buteur maison depuis une saison, la mission pourrait sérieusement se compliquer. A moins que la cellule de recrutement ne réserve quelques surprises avec peu de moyens, comme tant d'autres clubs français.

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