Lille : Bentaleb, le miraculé

Tenu en échec par Rennes jusqu'à la 80e minute dimanche en Ligue 1, Lille s'est finalement imposé en Bretagne (2-0) grâce à son revenant Nabil Bentaleb, auteur de l'ouverture du score seulement quatre minutes après avoir foulé les terrains pour la première fois depuis son arrêt cardio-respiratoire.

L'émotion de Bentaleb près du parcage lillois.

Jusqu'à mercredi, il aurait été déjà absolument impensable de voir Nabil Bentaleb sur la feuille de match face à Rennes, dimanche en Ligue 1. À peine le milieu de Lille a-t-il eu le feu vert de la commission médicale de la FFF pour reprendre les entraînements et la compétition, l'international algérien, victime d'un arrêt cardio-respiratoire en juin dernier, a retrouvé le groupe de Bruno Genesio.

Quatre jours après avoir eu l'autorisation des professionnels de santé, l'ancien Angevin a disputé ses premières minutes de la saison en entrant pour le dernier quart d'heure au Roazhon Park, alors qu'aucun but n'avait été marqué. Jusqu'à ce que Bentaleb surgisse pour pousser le ballon des filets après une parade de Brice Samba devant Chupa Akpom, seulement quatre minutes après avoir remplacé Ngal'ayel Mukau. Il s'est alors élancé dans un formidable sprint vers le banc de touche, les larmes aux yeux, pour partager son bonheur.

Une joie extraordinaire pour Genesio

Inscrire son premier but avec le LOSC dans un tel contexte est au minimum une histoire magnifique, ou sinon le destin pour ceux qui y croient. «Là ça dépasse le cadre du foot. C'est l'histoire d'une vie, on ne peut qu'être content», a savouré le défenseur central lillois Bafodé Diakité en zone mixte. Plus tôt au micro de DAZN, le coach nordiste Bruno Genesio est également apparu très ému. «Comme quoi, quand on croit en soi, qu'on s'accroche et qu'on a de la résilience, tout est possible. On ne va pas refaire le film, ce serait manquer de respect à Nabil… Mais en juin dernier, on était tous très inquiets pour sa santé et la suite de sa carrière», a rappelé l'ancien entraîneur de l'Olympique Lyonnais.

«Là, c'est extraordinaire, non seulement qu'il rejoue parce que c'est la première fois que ça se produit en France, et en plus c'est lui qui nous délivre. C'est pour ça qu'on aime le foot. C'est très émouvant. Il n'y a que le foot qui peut nous faire vivre ces émotions-là. À nous, au public, à vous… C'est une belle joie», a décrit Genesio. Car jusqu'au verdict de la commission tombé mercredi, nul ne savait si Bentaleb allait pouvoir rejouer un jour. Et ce sentiment d'incertitude a accompagné le staff lillois tout au long du processus de convalescence de l'ancien milieu de Tottenham.

N. Bentaleb - «des images qui resteront gravées à vie»

Forcément, avec une si belle histoire à raconter, Bentaleb ne pouvait pas passer à côté de la première interview de sa carrière donnée à DAZN après le match. «C'est un moment particulier pour moi. Je passe du tout au rien. Je ne savais pas si j'allais renter, mais sur le corner, je savais que j'allais marquer. Je me suis dit qu'il fallait que j'aide l'équipe. C'est mon premier but avec Lille, il fallait que ça se passe comme ça. C'est incroyable. Ce sont des images qui resteront gravées à vie. Il y a des choses qui ne s'oublient pas et ça fait partie des choses pour lesquelles ont fait ce métier», s'est ému l'Algérien.

«Entrer sur le terrain et aider les copains, ça fait six mois que je le visualise. J'étais devenu comme un scout en tribunes, à tout analyser, j'ai bossé dur pour revenir ces derniers mois. Le plus important, c'était ma santé. J'ai pensé à ma famille, à mon grand frère, mes agents qui sont comme des frères, ma femme, mes enfants, mes parents, mes soeurs. C'est tout ce cercle qui m'a permis de tenir et de pouvoir rêver de revenir sur le terrain», a savouré Bentaleb. Nul doute que le Stade Pierre-Mauroy célébrera son héros comme il se doit, samedi contre Monaco.

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