Brest : l'épopée du peuple
Tellement improbable et si vrai à la fois : à deux journées du terme de la phase de ligue, le Stade Brestois est déjà assuré de disputer la phase à élimination directe de la Ligue des Champions. Devenus en quelque sorte «l'équipe du peuple», les Finistériens auront quoi qu'il arrive réussi l'une des campagnes européennes les plus mémorables du football français.

C'est un sacré pied de nez à tous les détracteurs des belles histoires, aux soi-disant spécialistes du coefficient UEFA et aux aigris qui ont prédit un naufrage alors qu'on parle quand même d'une belle bande de Pirates.
En réussissant l'exploit de faire tomber le PSV Eindhoven (1-0) mardi à Guingamp grâce à Julien Le Cardinal, qui avait comme par hasard eu droit à son portrait dans tous les médias avant le match, le Stade Brestois a validé sa qualification a minima pour les barrages de la Ligue des Champions.
À couper le souffle
Les jaloux mettront sur la table la qualité des adversaires rencontrés et battus. Avant le PSV, il y a eu Sturm Graz (2-1), Salzbourg (4-0) et le Sparta Prague (2-1). Pas le gratin européen, certes, et alors ? Déjà trois équipes plus calibrées que Brest pour les joutes européennes. Faire tomber le PSV, en revanche, relève de l'exploit. Marco Bizot, auteur de cinq énormes parades, et la défense brestoise emmenée par un Brendan Chardonnet absolument époustouflant ont rendu muette la meilleure attaque d'Europe, qui avait collé 70 buts en 21 rencontres cette saison. Personne, depuis le Borussia Dortmund (2-0) en mars dernier, n'avait réussi à garder sa cage inviolée face à l'armada batave.
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Et c'est donc la défense finistérienne, si poreuse en Ligue 1 (26 buts encaissés en 14 matchs), qui a rendu stérile le leader incontesté d'Eredivisie et champion des Pays-Bas en titre. Le truc le plus fou, c'est qu'il ne s'agit même pas d'un braquage. Oui, Brest a été dominé, mais Brest a joué, et bien joué, et sans un bon Walter Benitez dans la cage du PSV, le score aurait pu être plus lourd. «Il y a forcément un supplément d'âme pour les joueurs qui découvrent cette compétition. Comme l'exaltation du public, on le voit bien, l'ambiance est fantastique ici (à Guingamp, ndlr)», savourait l'entraîneur brestois Eric Roy en conférence de presse, après avoir passé 90 minutes dans un Roudourou extrêmement bruyant.
L'hypothèse d'un Stade de France entier derrière Brest
La suite ? Avec 13 points en 6 rencontres, le Stade Brestois peut se mettre à rêver du top 8, ce qui lui validerait sa qualification directe en 8es de finale. Un scénario pas forcément irréaliste, d'autant qu'en janvier, les Bretons iront en Allemagne jouer contre le Shakhtar Donetsk, une semaine avant la réception du Real Madrid. «Bien sûr que la compétition n'est pas terminée, mais ce qui est sûr, c'est que dès le prochain match, on essaiera encore de grappiller des points, et pourquoi pas d'aller chercher ce top 8», a confié l'ambitieux coach finistérien. «Ce n'est pas un petit exploit pour le club que nous sommes et c'est vrai qu'il y a beaucoup de fierté», s'émouvait-il face aux journalistes.
Le plus fort dans tout ça, c'est que Brest, avec un coeur immense et du courage à en revendre, a conquis la France entière, car au final, tout le monde se sent un peu Brestois les milieux de semaines. Et l'hypothèse d'une phase à élimination directe jouée au Stade de France a refait surface : nul doute que même face à un adversaire prestigieux, une majorité écrasante des 80 000 personnes que l'enceinte peut accueillir vibrerait pour les Rouges d'Hugo Magnetti, Kamory Doumbia, Mathias Pereira Lage et consorts. L'équipe du peuple, ni plus ni moins.
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