Les Bordelais respirent et retrouvent le sourire, avec une victoire au courage lors du derby de l'Atlantique (2-0). Trois précieux points, qui tendent à démontrer que les Girondins ne veulent surtout pas se laisser abattre. Ils dépassent les Canaris au classement !

Les données de la rencontre :

Seule véritable affiche de la 23e journée, le derby de l'Atlantique entre les Girondins de Bordeaux et les Canaris Nantais s'annonce comme terrible pour le perdant éventuel. Dans les années 80, les deux clubs s'affrontaient souvent avec l'optique de s'octroyer le titre en fin de saison. Cette fois-ci, il s'agit de préserver l'espoir européen. La tension et la pression risquent fort d'atténuer le spectacle. Seul le résultat comptera, plus que la manière. Après une semaine de repos et trois déplacements consécutifs, les Girondins retrouvent leur stade Chaban-Delmas, où les attendent des supporters inquiets et mécontents des sévères défaites contre Lyon (3-0) et contre Auxerre (5-0). Les Marines et Blancs sont neuvième avec 32 points, soit à deux longueurs de leur adversaire du soir, septième. Comme le souligne Ramé, les Girondins, actuellement, rentrent sur le terrain avec «le désir de ne pas perdre, au lieu de songer à aller de l'avant. On doit changer notre mentalité et ne plus croire que lorsque l'équipe adverse attaque, elle va parvenir à marquer (8 buts lors des deux derniers matches de championnat pour aucun d'inscrit).» Une inquiétude et du doute qu'il est bien aisé de comprendre depuis l'élimination en Coupe de France. «Les joueurs finissent par se mettre la pression tout seul» , souligne Jean-Michel Pavon, leur entraîneur. Toutefois, les Girondins ne sont pas morts. Ils auront certainement envie de le démontrer, contre un adversaire qui n'a plus perdu depuis début décembre, qualifié pour la finale de la Coupe de la Ligue et en lice en Coupe de France. Les Canaris se retrouvent ainsi, à leur tour, exposés aux douloureuses conséquences de la fatigue et d'un calendrier chargé.

Les deux forces en présence qui vont en découdre ce soir présentent chacune des visages lointains de leur équipe idéale respective. Bordeaux reste privé de Feindouno et de Chamakh, dont les équipes nationales disputeront les quart de finale de la CAN. Darcheville et Alicarte sont blessés. Pavon aligne Jemmali, Francia, Riera. Deivid, le brésilien occupera une nouvelle fois le poste d'attaquant de pointe. Dans les rangs nantais, Amisse a préféré laisser au repos Moldovan (blessé à la cuisse), Faye ou encore Gillet. Ziani, Pujol et Armand suppléeront sur le banc. Il ne reste guère que Yepes et Delhommeau pour préserver une charnière solide à cette équipe des Canaris, sans oublier Landreau, héroïque dans les buts. N'Zigou assumera la lourde responsabilité de l'attaque.

Les temps forts :

- Coup-franc bordelais et Francia prend à défaut Landreau (1-0, Francia, 19'). Il inscrit son quatrième but de la saison et permet aux Girondins de se libérer.

- Incursion de Riera dans la défense des Canaris ! Il profite d'une ouverture pour ajuster une frappe des vingt mètres, de l'intérieur du pied gauche. Il trompe à nouveau Landreau et le ballon termine sa course au ras du poteau gauche du portier nantais, déboussolé (2-0, Riera, 23'). En quelques minutes, Bordeaux a pris une sérieuse option pour la victoire.

- Seul au deuxième poteau, Deivid effectue un retourné acrobatique de toute beauté. La défense nantaise connait bien des difficultés à écarter le danger, alors que trois autres Girondins trainaient autour du ballon (31').

- Sur un passe en retrait trop croisée de Jurietti pour Rame, Nantes obtient un corner. Quint trouve la tête de N'Zigou. Rame intercepte de justesse (48').

- Frappe trop molle de Quint qui n'inquiète pas outre-mesure Ramé (75'). Nantes tente de réagir au mieux.

- Quintin, le petit nouveau du groupe, manque d'inscrire son premier but en Ligue 1, d'une frappe tendue dangereuse et opportuniste (85').

La prestation des Bordelais :

Mission accomplie ! Il leur fallait une victoire, quelqu'en soit le prix. Grâce à deux superbes buts de Francia et surtout de Riera, les Girondins s'emparent des trois points de la victoire. Certes, cela n'empêche pas les supporters d'en attendre plus, ni de continuer à demander certains efforts ou changements au sein de la direction. Mais sur le terrain, Ramé et ses coéquipiers ont fait honneur à leur maillot. Après des premières minutes difficiles, les Girondins se sont libérés de toute pression supplémentaire et inutile. Beaucoup de courage, de volonté, de spontanéité et de hargne, voilà ce qu'ils ont voulu s'imposer sur leur pelouse. Jemmali a été très vif, Costa a montré une bonne présence, n'hésitant pas à se porter systématiquement vers le porteur du ballon et a bien maltraité l'adversaire. Au chapitre des autres satisfactions, Francia qui a inscrit son quatrième but et a apporté du soutien comme meneur de jeu, ainsi que Riera. Ramé, malgré une incompréhension avec Jurietti qui aurait pu mal se terminer, n'a pas encaissé de buts et a été très sollicité en première période à la relance (sans être pour autant directement menacé). Coté progrès, notons le petit regain de forme de Deivid, qui doit regretter que son retourné acrobatique n'est pas trouvé le chemin des filets. Petit coup de chapeau à Quintin, pour sa première apparition, preuve que Pavon continue à croire en l'avenir de ses jeunes. Les Girondins firent preuve d'intelligence, prenant régulièrement les Nantais au piège du hors-jeu en seconde période. Voilà un autre aspect essentiel, où finalement nous retenons d'une rencontre où l'on ne s'attendait pas à du spectaculaire, un mot clé : progrès. Voilà le terme qui résume la situation de ces Girondins, à qui il ne reste que le championnat pour montrer qu'ils ont toujours le statut d'un ténor. Sur cette base et avec déjà un peu plus de confiance, la prochaine sortie à Sochaux promet. La rechute semble interdite et l'exploit... à portée de ballon ?

La prestation des Nantais :

Ce type de rencontre n'intervient sans doute jamais au bon moment. Mais il en va de même pour toutes les équipes de Ligue 1 qui se retrouvent confrontées à un calendrier chargé et où il faut parvenir à gérer l'effectif, sans cesse rebondir et trouver toute la motivation nécessaire pour galoper dans le championnat. Les Nantais en ont subi les frais ce vendredi. Après la qualification au suspens, pour la finale de la Coupe de la Ligue, Amisse savait qu'il ne pourrait présenter une force en présence digne d'un tel derby. Dans ces conditions, les Canaris ont fait preuve d'abnégation, oubliant leur jeu magique à une touche de balle et leur vitesse de réaction. Sans Moldovan ou Vahirua devant, N'Zigou se montra encore trop frêle pour assumer à lui seul l'attaque. Son remplacement par Pujol n'a pas permis d'inverser suffisamment la tendance. Paillère n'en était qu'à sa deuxième titularisation, Toulalan (longtemps incertain) a donné ce qu'il pouvait, revenant aider en défense un Yepes, toujours excellent et élément indispensable, mais qui n'aura pas pu combler toutes les brèches. Idem pour Delhommeau, moins en jambes. Quant à Landreau, difficile de lui tenir de trop rigueur des deux buts encaissés, splendides et de son manque accru de vigilance (très rare en général). Il reste Da Rocha et Quint, accrocheurs et qui ont voulu donner le maximum. Outre les dix premières minutes à leur avantage, le milieu de terrain a ensuite subi la loi, toute relative, des Girondins revanchards. Dommage pour des Nantais, dont les regards se portent peut-être déjà vers le 17 avril et une opportunité unique d'atteindre l'objectif de l'Europe, sans courir au chat et à la souris en championnat.

Conclusion :

Les Girondins ont exploité la faiblesse des Canaris, émoussés physiquement et avec de nombreux hommes clés au repos, pour redorer leur blason et récupérer de l'enthousiasme et de la confiance. Il leur fallait ce courage-là pour ne pas se laisser abattre et ils l'ont eu. Avec 35 points, ils reviennent provisoirement à six longueurs du duo, Auxerre-Sochaux. Alors avant d'affirmer si toutes leurs chances européennes sont éteintes, il convient de se tourner vers Bonal, où les Bordelais se rendront lors de la prochaine journée. Une quatrième rencontre d'affilée contre l'un des tous premiers du championnat, un autre match à six points, à quitte ou double...

Fiche technique :

Bordeaux 2-0 Nantes (2-0)
Stade Jacques Chaban-Delmas / Spectateurs : 23 000 environ
Arbitre : B. Derrien
Buts : Francia (19'), Riera (23')
Avertissements : Jurietti (9') / Paillères (39'), Toulalan (66')

Les équipes :

Bordeaux : Ramé (cap), Jemmali, Planus, Caneira, Jurietti, Francia, E. Costa, Mavuba, Riera, Deivid (Quintin, 72'), Franco (Celades, 83')

Nantes : Landreau (cap), Drouin, Delhommeau, Yepes, Ateba, Paillères, Toulalan (Ziani, 83'), Da Rocha (Armand, 61'), Yapo (Pujol, 56'), Quint, N'Zigou