Nice : les témoignages des joueurs et membres du staff qui accusent Galtier
A l'approche du procès de Christophe Galtier, L'Equipe révèle les témoignages de joueurs et de l'encadrement de l'OGC Nice. Plusieurs d'entre eux accusent l'ancien entraîneur du Gym de racisme.
Dans dix jours, Christophe Galtier doit être jugé à Nice pour discrimination et harcèlement moral. Le technicien français est accusé d'avoir tenu des propos discriminatoires, racistes et islamophobes durant son passage sur le banc de l'OGC Nice (2021-2022). Dans son édition du jour, L'Equipe révèle plusieurs témoignages récoltés par les enquêteurs, à commencer par ceux de membres du staff niçois.
Le témoignage à charge de Gioria
L'entraîneur-adjoint Frédéric Gioria a ainsi confirmé à la police avoir lui aussi entendu Galtier raconter l'anecdote du restaurant dévoilée par Fournier. «Il m'a dit "hier soir, je suis allé au restaurant et tout le monde m'est tombé dessus en disant que nous avons une équipe de noirs' puis d'ajouter 'Julien tu dois réaliser dans quelle ville nous sommes, nous sommes dans la ville de Jacques Médecin, et notre équipe ne correspond pas à ce que veulent les gens, comme elle ne me correspond pas"» , avait rapporté l'ancien directeur du football du Gym dans son fameux mail adressé à la direction.
Dans son récit, Gioria a également expliqué que Galtier avait lâché devant lui : «Encore un musulman, j'en veux pas, on en a assez» , alors qu'il venait d'apprendre l'arrivée de Billal Brahimi en janvier 2022. Il affirme aussi avoir entendu le coach qualifier les internationaux algériens Youcef Atal et Hicham Boudaoui de «sales types» . «Le pire, ce sont les Algériens» , aurait-il même lancé, toujours selon le témoignage de Gioria. Des propos «très contestés» par Galtier, indique le quotidien sportif.
Le mercato et les «deux King Kong»
Devant les enquêteurs, Fournier est revenu sur une réunion qui s'est tenue la veille du début du ramadan. D'après l'ancien dirigeant niçois, Galtier a notamment demandé les départs de plusieurs joueurs musulmans (Todibo, Atal, Boudaoui). Il a aussi refusé le défenseur central turc Ozan Kabak. «Julien, tu n'as toujours pas compris. Moi je ne veux plus de noirs ou d'arabes» , aurait alors lancé Galtier à Fournier, selon le témoignage de ce dernier à la police. «Un témoignage une nouvelle fois totalement démenti par l'entraîneur» , précise L'Equipe
Ancien analyste vidéo de l'OGCN, aujourd'hui responsable de la cellule vidéo à Strasbourg, Hachim Ali Mbaé a également livré un témoignage à charge. Il explique avoir été choqué lorsque Galtier a qualifié les défenseurs stéphanois Harold Moukoudi et Mickaël Nadé de «deux King Kong» à la mi-temps d'un match contre l'AS Saint-Etienne. Il raconte aussi que le coach n'était pas favorable à l'arrivée d'Islam Slimani car il allait jeûner pendant le ramadan. Enfin, il affirme que «Galette» aurait tenté d'inciter le défenseur central Jean-Clair Todibo à ne pas jeûner les jours de match.
Des pressions évoquées par des joueurs musulmans
Devant la police, Todibo estime en effet avoir subi des pressions, à l'approche du ramadan, pour rompre son jeûne. Même chose pour le milieu de terrain Hicham Boudaoui et le gardien Teddy Boulhendi, lequel a raconté aux policiers que, alors qu'il tentait d'expliquer à Galtier la branche de la religion à laquelle il appartenait, le coach l'avait qualifié de salafiste. Todibo confie également avoir eu vent que l'entraîneur le décrivait comme un salafiste et un extrémiste. De son côté, le défenseur et milieu Pablo Rosario a lui aussi indiqué avoir ressenti une discrimination qui l'avait poussé à rompre le jeûne, ce qui n'était pas dans ses habitudes.
Par la voix de ses avocats, Galtier affirme n'avoir «jamais harcelé ou discriminé quiconque» . En privé, il rappelle que son bureau avait été mis à la disposition des joueurs pour prier à l'intérieur et que les joueurs musulmans qui le souhaitaient pouvaient partir plus tôt pour la prière du vendredi. De leur côté, des joueurs comme Khéphren Thuram et Youcef Atal ont affirmé devant la police n'avoir été témoin d'aucune discrimination ou de propos déplacés de Galtier. Ce dernier va désormais se défendre au tribunal. Il encourt trois ans de prison et 45 000 euros d'amende.
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