OM : Eyraud, quel bilan après quatre ans et demi à la présidence ?
Remplacé par Pablo Longoria au poste de président de l'Olympique de Marseille, Jacques-Henri Eyraud ne laissera pas un très bon souvenir chez les supporters marseillais. Devenu l'un des présidents les plus détestés de l'OM, «JHE» a échoué dans sa mission.
Jacques-Henri Eyraud n'est plus le président de l'Olympique de Marseille. L'annonce a fait l'effet d'une bombe vendredi soir, mais le changement était devenu inévitable pour Frank McCourt. En raison notamment du climat pesant qui s'installait entre les supporters marseillais et un président détesté dans la cité phocéenne. Mais pas que... Quatre ans et demi après son arrivée, quel bilan tirer des années olympiennes de «JHE» ?
Un bilan sportif mitigé
En championnat, le bilan est honorable mais pas incroyable : 5e en 2016-2017 et 2018-2019, 4e en 2017-2018 et 2e en 2019-2020. Ce n'est pas catastrophique, mais il n'y a pas de quoi non plus se réjouir pour les supporters marseillais auxquels on avait promis le fameux «Champions Project». Marseille n'aura finalement pas ajouté un nouveau titre à son palmarès depuis la nomination d'Eyraud en octobre 2016. La qualification en Ligue des Champions la saison dernière, huit ans après sa dernière participation à la plus prestigieuse des compétitions européennes, est un maigre lot de consolation.
D'autant que l'aventure européenne a mal tourné. Tombé dans le groupe de Manchester City, du FC Porto et de l'Olympiakos, l'OM a terminé bon dernier avec trois petits points. Pire, Marseille est devenu le seul club à avoir concédé 13 défaites d'affilée en C1. La preuve que le club phocéen n'était pas encore prêt pour cette compétition. La Ligue Europa lui a mieux réussi avec une belle épopée en 2018 jusqu'à la finale perdue contre l'Atletico Madrid (0-3). Mais Marseille et Eyraud n'ont pas su faire fructifier ce beau parcours par la suite. A cause notamment d'une mauvaise gestion du recrutement.
Un bilan financier catastrophique
Pour mener à bien le «Champions Project», Eyraud n'a pas hésité à dépenser sans compter. Cela a commencé par le transfert record de Dimitri Payet pour le faire venir de West Ham contre une somme de 29 millions d'euros. S'en suivront d'autres transferts onéreux : de Konstantinos Mitroglou (15 M€) à Dario Benedetto (14 M€), en passant par Duje Caleta-Car (19 M€) et Kevin Strootman (25 M€) notamment. Au point de mettre les finances de l'OM dans le rouge. Un paradoxe pour un dirigeant passé par les meilleures business schools qui avait tout d'un expert en finances lors de son arrivée.
Aujourd'hui, les caisses du club sont vides. Le nouveau président Pablo Longoria devra rattraper les erreurs de son prédécesseur, qui a investi trop d'argent sur des joueurs qui n'ont pas répondu aux attentes (Mitroglou, Strootman). En terme de transferts, Eyraud affiche un bilan global négatif d'environ -120 millions d'euros ! Inexorablement, le déficit de l'OM s'est creusé ces dernières saisons (42,4 M€ en 2016-2017, 78,5 M€ en 2017-2018, 91,4 M€ en 2018-2019, plus de 100 M€ estimés en 2019-2020). Et, évidemment, McCourt en a eu assez d'injecter de l'argent chaque année pour éponger les dettes...
Une communication ratée
Etre président à l'OM, c'est particulier. Dans une ville de Marseille qui vit au rythme de son équipe et du football, un dirigeant se doit d'être proche des supporters. Rapidement, Eyraud s'en est écarté, lui qui n'a jamais tenu compte des particularismes locaux et dont le manque d'humilité en a refroidi plus d'un. Avec les fans marseillais, la greffe n'aura finalement jamais pris. «Nous ne voulons pas de votre modèle américain, de votre fan expérience, d'un spectacle aseptisé à grand renfort de LEDS et effets sonores recouvrant les chants des virages» , lançaient les groupes de supporters le 19 février dernier. «JHE» a voulu diriger l'OM comme une entreprise, à l'aide de documents PowerPoint et de termes anglo-saxons, mais il en a oublié le principal : la passion. Celle qui anime le quotidien des habitants de Marseille.
Eyraud s'est donc éloigné des supporters au fil des années. Mais aussi des journalistes pour lesquels la fameuse «tisane» n'est jamais vraiment passée. Puis des salariés du club. «Quand je suis arrivé à Marseille, j'ai été frappé de voir que 99% des collaborateurs du club étaient marseillais, lançait-il en décembre dernier. C'est un danger et c'est un risque.» C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. La grogne marseillaise a fini par déboucher sur les incidents violents survenus à la Commanderie le 30 janvier. Le point de non-retour avait été atteint. Frank McCourt a fini par trancher en écartant «JHE» afin de «remettre le football au coeur de l'OM» . Ce samedi, un vent de soulagement a remplacé le mistral sur les hauteurs de la colline de la Garde, où la Bonne Mère veille sur la cité phocéenne.
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