En dominant l'AS Saint-Etienne au Stade Vélodrome (2-0), l'OM continue de regarder vers le haut du classement et un ticket pour la prochaine Ligue des Champions. Un succès collectif, bien construit par l'équipe de Jean Fernandez, et parachevé par un doublé plein de réalisme signé Mickaël Pagis.

Les coulisses du match

«La rencontre face à St-Etienne sera difficile et importante compte tenu du classement» . Jean Fernandez, qui s'exprime là sur le site officiel de l'OM, a très bien cerné les enjeux de ce Marseille-St-Etienne. Une semaine après avoir envoyé sa bande de minots humilier le Paris-SG, voilà l'OM, avec ses professionnels cette fois, tenu de dominer les Verts au Vélodrome. Des Phocéens qui doivent d'abord l'emporter pour effacer leur piteuse sortie face au Zenitth St-Petersbourg (0-1) en huitièmes de finale de la C3. Mais aussi pour se rapprocher d'une qualification pour la prochaine Ligue des Champions. A condition d'écarter un adversaire qu'il l'avait battu à l'aller. «On avait dominé, malheureusement on avait perdu en fin de match. On était partis avec beaucoup de frustration et de regrets, confie Jean Fernandez. D'où un surplus de motivation liée à un probable esprit de revanche ? Cela reste à voir. C'est sans Lorik Cana, suspendu, ni César et Jérôme Bonnissel mais avec Toifilou Maoulida et Mickaël Pagis – non qualifiés en Coupe UEFA - que les Marseillais tenteront de finir leur semaine sur une bonne note.

Faire aussi bien qu'à l'aller. Les Stéphanois, qui avaient disposé sur le fil de l'OM à Geoffroy-Guichard (2-1, 12e journée), peuvent y croire. En effet, les Foréziens restent sur deux succès de rang, au Mans (1-0) et devant Nantes (1-0). Le maintien quasiment assuré, c'est sans pression que les Verts débarquent sur la Canebière. «Ces deux succès ont d'abord apporté des points. Ils confirment que nous devons nous appuyer sur nos qualités. Marseille, c'est une grande équipe du top 5, toujours en course en Coupe de l'UEFA. Nous partons pour réussir un truc» , confie Elie Baup sur le site officiel de l'ASSE. Un «truc» auquel ne prendront part ni Vincent Hognon, ni Alledine Yahia, tous deux blessés. Inconstants depuis plusieurs mois, candidats potentiels à l'Europe en début d'exercice, les Stéphanois s'efforceront de confirmer les promesses entrevues depuis quelques journées à l'extérieur, au Mans donc, mais également à Paris (2-2).

Les faits marquants de la rencontre :

- Hérita Ilunga arrache le ballon dans les pieds de Déhu et sert David Hellebuyck. Celui-ci bute sur un Fabien Barthez bien inspiré (9').

- Frédéric Piquionne, bien servi par son capitaine, Julien Sablé, part en dribble, efface un, deux, trois, défenseurs marseillais, évite Barthez mais est contré in extremis par Habib Beye (12').

- BUT pour l'OM ! Coup franc aux 18 mètres en faveur des Marseillais. Mickaël Pagis le frappe. Le mur stéphanois s'attend à une frappe enroulée et saute. L'ancien Strasbourgeois tire en fait à ras de terre. Janot plonge mais sa main n'est pas assez ferme pour écarter le ballon (1-0, 17').

- Le doublé pour Pagis ! Sur un centre côté gauche de Taiwo, le buteur phocéen place une tête imparable pour Jérémie Janot (2-0, 19').

- Débordement côté droit de Toifilou Maoulida. Son centre trouve la tête de Beye au premier poteau. Celle-ci, trop croisée, n'accroche pas le cadre (24').

- Marseille est au pressing et cela paie. Franck Ribéry trouve Mickaël Pagis sur le flanc droit. Celui-ci centre en direction de Samir Nasri dont la reprise pied gauche passe de peu à côté du but de St-Etienne (53').

- Sur un ballon mal renvoyé par la défense stéphanoise, Taye Taiwo arme une reprise pied gauche qui frôle le poteau droit d'un Janot complètement battu (61').

- Accroché par Zoumana Camara, Franck Ribéry obtient un penalty. Mickaël Pagis se charge de le tirer. Janot, parti du bon côté, empêche à l'Ancien Strasbourgeois de signer son premier triplé sous les couleurs phocéennes (63').

- Coup franc aux 20 mètres côté droit pour l'OM. Nasri, Ribéry et Taiwo sont autour du ballon. Nasri décale finalement le Nigérian, dont la frappe s'écrase sur le poteau gauche de Janot (76').

- Dans la minute qui suit, Franck Ribéry sert sur un plateau Toifilou Maoulida au point de penalty. Ce dernier bute sur Janot, bien sorti à sa rencontre (77').

La prestation de Marseille

Supporters marseillais, il ne fallait surtout pas manquer ce soir l'une des meilleures prestations de la saison de votre équipe favorite. En effet, l'OM a attaqué, joué en équipe, défendu en avançant, harcelant d'ailleurs sans relâche son adversaire d'un soir. Temps forts et temps faibles ont été, dans l'ensemble, bien gérés par une formation olympienne à l'esprit offensif audacieux. Avec Maoulida, Nasri, Ribéry et Pagis alignés d'entrée, l'équipe de Jean Fernandez avait décidé de prendre le jeu à son compte et de bousculer cette formation stéphanoise. Pari réussi. Certes, c'est alors que l'ASSE évoluait à dix que les Phocéens ont marqué. Mais au-delà de ce fait de jeu, l'OM a régalé son public, se créant les occasions les plus franches. Une prestation de grand standing qui en appelle d'autres, assurément…

Face au manque de réalisme stéphanois symbolisé principalement ce soir par la maladresse de Frédéric Piquionne, Fabien Barthez a passé une soirée plutôt tranquille. Seule ombre au tableau : une blessure au mollet qui l'a vu céder sa place à Cédric Carasso. Mais si l'international français n'a pas eu grand-chose à se mettre sous le gant, c'est grâce à un bloc équipe concentré et organisé autour d'un Frédéric Déhu impérial dans son placement, bien oin de ses errements de jeudi dernier, face au Zenith. Ou encore de ses latéraux, Habib Beye et Taye Taiwo, qui ont su allier disponibilité offensive et replacement défensif. Mention spéciale pour le Nigérian qui méritait de marquer ce soir. Touche le poteau. Devant, le choix de jeu prôné par Jean Fernandez a fait merveille. Sabri Lamouchi et Wilson Oruma ont parfaitement fait le métier, laissant l'animation du jeu au quatuor Maoulida-Nasri-Ribéry-Pagis. Si le premier n'a pas marqué, sa vitesse et ses appels de balle ont mis au supplice les latéraux foréziens. Franck Ribéry a montré qu'il était en pleine forme et sa complicité avec Mickaël Pagis est prometteuse. Auteur d'une faute sur Helder Postiga sur laquelle, en principe, Mr Kalt aurait dû siffler penalty. Enfin, comment ne pas souligner l'apport de l'ancien Strasbourgeois, buteur express pour sa formation mais si utile dans la conservation du ballon et l'orientation du jeu de son équipe…

La prestation de St-Etienne

Venus avec la légitime intention de faire un «truc» au Vélodrome, les Verts n'ont pas été gâtés par le sort. Tout d'abord, les Foréziens déploraient très vite la blessure de Loïc Perrin. Un malheur n'arrivant jamais seul, c'est durant les cinq minutes pendant lesquels l'ASSE évoluait à dix contre onze que «Bip-Bip Pagis» a frappé. Mais, malgré la domination au tableau d'affichage des Phocéens et une meilleure circulation de balle adverse, jamais les Foréziens n'ont abdiqué. Souvent proche de propulser le ballon au fond des filets de Fabien Barthez mais finalement toujours contré par un pied ou un crampon… quand ce n'est pas Mr Kalt qui fermait les yeux sur un penalty en faveur des Verts : des détails qui ne doivent pas masquer l'essentiel. Volontaire, mais brouillon, pas du tout réaliste, St-Etienne n'avait finalement pas d'arguments conséquents pour soutenir la comparaison avec l'OM ce soir.

Jérémie Janot a passé une mauvaise soirée. Lâché par son mur sur le premier but, battu sur le second, il a vu les occasions olympiennes défiler devant ses yeux mais s'est montré bien inspiré sur le penalty tiré par Pagis. De sa ligne de but, il a pu assister en première loge au match difficile vécu par Damien Perquis. Nerveux, le jeune international espoir a eu du mal à former aux côtés de son partenaire Zoumana Camara une charnière centrale propre et solide. Malgré la débauche d'énergie de Didier Zokora, toujours aussi précieux pour les siens et la hargne de Julien Sablé, les Verts n'ont jamais donné l'impression de pouvoir confisquer le ballon à leur adversaire. Il y a bien eu quelques éclairs de la part de Pascal Feindouno, des chevauchées de David Hellebuyck. Mais, soit par manque de soutien – notamment des deux latéraux, Ilunga et Diawara – soit par manque d'espace, les deux joueurs de couloirs n'ont pu alimenter correctement leurs attaquants. Victime principale de ce jeu déficient : Helder Postiga. Le Portugais n'a jamais semblé dans le coup, malgré une réelle volonté de bien faire. Tout le contraire d'un Frédéric Piquionne au four et au moulin et qui – comme trop souvent – a manqué de lucidité devant le but.

Marseille l'emporte face à St-Etienne (2-0). Un succès intéressant au niveau comptable puisque l'OM, 5e, pointe à quatre longueurs de Lille, 3e. Une victoire importante également au niveau du jeu, puisque trois jours après avoir déçu son public en Coupe d'Europe, les Phocéens ont livré une prestation de haute volée. Prestation qu'il faudra confirmer le week-end prochain sur la pelouse d'un concurrent direct à l'Europe, Lille. 13e, l'ASSE quitte le Vélodrome la tête basse, déçu de ne pas avoir su saisir sa chance. Lors de la prochaine journée, les Verts recevront Strasbourg.

Marseille – St-Etienne : 2-0 (2-0)
Stade Vélodrome
Arbitre : Mr Kalt
Buts : Pagis (17’, 19’)
Avertissements : Civelli (14’) – Perquis (78’)

Les équipes :

Marseille : Barthez (Carasso, 86’) – Beye, Dehu, Civelli, Taiwo – Maoulida, Lamouchi, Oruma, Nasri (Deruda, 80’) – Ribéry, Pagis.

St-Etienne : Janot – Perrin (Diawara, 22’), Perquis, Camara, Ilunga – Feindouno, Zokora, Sablé, Hellebuyck – Piquionne, Helder Postiga (Mazure, 79’).