Caen a créé la surprise en l'emportant au Vélodrome face à l'OM, grâce à un but inscrit dans le temps additionnel d'un match très animé (2-3). Les Normands ont ainsi rendu la monnaie de leur pièce à des Phocéens qui leur avaient infligé un score similaire au match aller. Avec cette défaite, l'OM tire sans doute un trait sur la C1, alors que Caen peut encore croire au maintien.

Les enjeux

Le match de la peur. Rien que ça. Pourtant, l'un des deux clubs qui s'affrontent ce soir est quatrième du championnat de Ligue 1. Mais la sérénité a déserté les rangs de l'Olympique de Marseille, qui reste sur une décourageante série de cinq matches sans victoire. Pour avoir encore un espoir d'accrocher la troisième place qualificative pour la Ligue des Champions, les Phocéens doivent impérativement l'emporter face à un SM Caen en bien mauvaise posture. Les Normands ont connu une semaine agitée avec le remplacement de Patrick Rémy par Franck Dumas au poste d'entraîneur. Une décision prise pour tenter d'arracher un maintien plus qu'hypothétique vu la position des Rouge et Bleu, qui traînent à cinq points de Nice, premier non relégable. Pour cette rencontre, Philippe Troussier, le coach de l'OM, a choisi une option très offensive, avec un 4-4-2 intronisant Beye arrière droit, Battles milieu axial aux côtés de N'Diaye (Pedretti étant suspendu), Nasri et Koke animateurs des flancs et Marlet et Bamogo finisseurs. Côté Caennais, Mazure et Valero occuperont l'attaque côté caennais.

Les temps forts

- Première occasion pour Caen ! Eudeline s'infiltre dans la défense marseillaise et frappe sur le poteau de Gavanon ! l'OM a eu chaud (3').

- Marseille pousse et se montre dangereux sur corner. Tour à tour, une tête trop enlevée de Meïté, une reprise trop molle de Beye et une volée contrée de Déhu viennent mettre le danger devant le but caennais (16'-18').

- Superbe but de Mazure ! Bien servi par Deroin dans la surface, il dribble Meïté et fusille Gavanon du gauche après avoir repiqué dans l'axe. Caen ouvre le score dans un silence qui en dit long (0-1, 28').

- Nasri envoie dans les nuages une offrande dans la surface de Bamogo (29').

- Battles égalise ! Koke remise astucieusement pour Olembé, qui centre à ras de terre. Le ballon parvient à Battles, placé au second poteau. Le milieu de terrain prend Planté à contre-pied d'une frappe puissante sans contrôle (1-1, 39').

- Beye centre devant le but, Marlet est trop court de quelques centimètres. Planté repousse sur Bamogo, dont le tir est contré (40').

- Caen reprend l'avantage ! Deroin lance parfaitement Valéro, seul et pas hors jeu, puisque couvert par Déhu. Le jeune Caennais s'en va tranquillement glisser le ballon hors de portée de Gavanon, sorti à sa rencontre (1-2, 43'). Sur l'engagement, Planté doit s'employer pour dévier une tentative de Battles.

- Fantastique but de Luyindula ! L'attaquant phocéen, entré à la mi-temps, réussit un enchaînement spectaculaire. Il contrôle le ballon dos au but à 20m, se retourne et parvient à le reprendre d'une volée du gauche absolument parfaite, placée dans le petit filet d'un Planté qui s'est pourtant détendu de tout son long (2-2, 66').

- Lancé dans l'axe, Deroin frappe sans opposition mais rate le cadre de peu. Sur le contre, Koke sert Luyindula d'une jolie louche, mais la volée de l'attaquant lyonnais est un poil trop croisée (69 ').

- Planté réussit l'un des plus beaux arrêts de la saison, en sortant d'une parade désespérée une frappe de Nasri que tout le monde voyait au fond (80').

- Rebelote pour Planté, toujours devant Nasri, sur une nouvelle frappe lointaine. Le gardien caennais est décisif ce soir (89').

- BUT POUR CAEN ! à la dernière minute ! Quelle merveille de contre ! Watier lance Mazure, qui se joue de Beye et Meïté, les attire vers lui puis glisse à Watier, qui a suivi, oublié dans la surface. L'attaquant ajuste Gavanon d'un maître contre-pied (2-3, 90+3'). C'en est trop pour les supporters marseillais, qui quittent le stade.

La prestation de Marseille

Les Olympiens ont sans nul doute dit adieu ce soir à la Ligue des Champions, après avoir encore une fois été incapables de prendre les devants face à l'avant-dernier du championnat de France. Face à une équipe caennaise adroite et bien organisée, les Phocéens ont tourné autour du pot en début de match, se montrant relativement dangereux sur une succession de corners. Comme souvent cette saison, il a fallu qu'ils soient menés au score pour réagir, comme si le poteau d'Eudeline en début de rencontre n'avait pas été une preuve de la soif de victoire des Normands. Alors les pensionnaires du Vélodrome ont accentué la pression, puis ont égalisé… pour se faire à nouveau surprendre trois minutes plus tard, sur une erreur de placement de Frédéric Déhu. Une leçon de réalisme pour des Olympiens qui n'ont pas manqué d'occasions durant cette première période. La leçon sembla être retenue, puisque Luyindula marqua un but superbe sur la première occasion phocéenne de la seconde période. Après cette nouvelle égalisation, les Phocéens ont poussé de plus belle, notamment à travers les coups de boutoir de Luyindula et de Nasri. Problème, les Phocéens s'exposaient à des contres, bien négociés par des Caennais toujours sereins malgré le danger qui pesait sur eux. Et ce qui devait arriver arriva. Contre parfait, finition impeccable, espoirs marseillais envolés. Il s'agit à présent d'accrocher l'UEFA. Une bien maigre consolation…

Peu de joueurs sont sortis du lot dans les rangs marseillais. Gavanon n'a jamais été en position d'être décisif, et ne peut pas grand-chose sur les trois buts. En défense, Beye et Olembe ont beaucoup apporté sur les ailes. Le Sénégalais a été très actif à droite, mais a été pris en défaut par Mazure et Watier sur le dernier but. Olembé a donné une balle de but à Battles et a fait du bon travail à gauche. Match plus terne pour les deux défenseurs centraux. Meïté a été mystifié par Mazure sur les premier et troisième buts. Déhu est quant à lui fautif sur le second. Au milieu de terrain, il faut retenir la bonne prestation de Battles, buteur, bon tireur de corners et très volontaire. Nasri et Koke ont eus quelques éclairs, surtout le second, parfois virevoltant et très bon passeur. Enfin, en attaque, Bamogo n'a pas réussi grand-chose, tout comme Marlet, remplacé par un Luyindula buteur et beaucoup plus adroit, même s'il est encore capable de mieux.

La prestation de Caen

L'espoir fait vivre, et provoque souvent les exploits les plus improbables. Au Vélodrome, les Caennais savaient qu'ils devaient gagner, que les chances d'y parvenir étaient minces et qu'une défaite les condamnait sans doute à la Ligue 2. Pas question donc de placer 10 joueurs sur 11 devant le but de Planté et d'attendre ce contre hypothétique qui permettrait de réaliser le hold-up du siècle. Dès la troisième minute, les Caennais ont annoncé la couleur, via Eudeline et son poteau. Bien sûr, il a ensuite fallu contenir les assauts phocéens, tout en attendant une nouvelle chance de frapper. La seconde occasion fut la bonne pour les Caennais, puis la troisième permit de reprendre l'avantage après l'égalisation marseillaise. Trois occasions en première mi-temps, deux buts. Du travail d'orfèvre. Le début de la seconde période fut très prudent, avec des Normands solides devant les assauts désordonnés des Phocéens, jusqu'à l'exploit individuel de Luyindula, qui a changé la donne. Les coéquipiers de Ben Askar furent après ce but au bord de la rupture, et il fallut un grand Planté pour empêcher un troisième but des locaux. Mais les Caennais ne perdaient pas leur objectif de victoire, et laissaient deux pointes devant, juste au cas où. Pari gagnant. Après quelques banderilles menaçantes, Mazure et Watier ont choisi le meilleur moment pour mettre Marseille à mort. La dernière minute d'un match haletant et spectaculaire, que les supporters marseillais auraient apprécié à sa juste valeur si leur équipe n'avait pas été dans le rôle du Goliath terrassé. Pour le David caennais, l'espoir demeure.

Il serait sans doute réduit à néant si Planté n'avait pas sorti le grand jeu sur quelques tentatives phocéennes, notamment face à Nasri. Le portier normand a réussi à faire oublier sa mauvaise prestation lors de la finale de la Coupe de la Ligue perdue face à Strasbourg. Sa défense a été au niveau, malgré les deux buts encaissés. Ben Askar et Sorbon ont été solides dans l'axe, alors que Faye s'est battu avec courage à gauche. Au milieu, mention spéciale à Deroin, double passeur décisif en première période, et très actif dans l'axe de l'entrejeu. Zubar a une fois de plus sorti une très belle performance, sa puissance ayant fait grand mal aux Marseillais. Enfin, en attaque, on retiendra le bilan de l'homme du match, Sébastien Mazure. Auteur du premier but, passeur sur le dernier, il est bien l'arme numéro 1 de son équipe. Il a été bien secondé par Valéro puis par Watier. Et pour cause puisqu'il s'agit des deux autres buteurs de ce soir.

Marseille a donc un dernier objectif : conserver la quatrième place pour assurer l'UEFA, ce qui ne sera pas évident face à Rennes et Auxerre. La prochaine journée disputée chez les Bourguignons sera décisive. Pour Caen, tout reste possible, mais la partie est loin d'être gagnée. Il va falloir cravacher jusqu'au bout !

La fiche technique

Marseille 2-3 Caen
Au Vélodrome, 49 000 spectateurs environ
Arbitre : M. Ledentu
Buts : Battles (39’), Luyindula (66’) / Mazure (29’), Valéro (43’), Watier (90+3’)
Avertissement : Ben Askar (21’) pour Caen.
Les équipes :

Marseille : J. Gavanon - Beye, Meite, Dehu (cap), Olembe - Sy. Ndiaye (Ferreira, 64’), Nasri, Batlles (Fiorese, 83’), Koke - Marlet (Luyindula, 46’), Bamogo

Caen : Planté - Hengbart, Ben Askar (cap), Sorbon, I. Faye - Eudeline (Watier, 84’), Zubar, Deroin, Matic (Lemaitre, 69’) - Valero (Dufer, 64’) – Mazure