Lyon a laborieusement gagné le match des extrêmes face à Istres grâce à deux buts signés Juninho et Govou (2-1). Bien moins flamboyants qu'en Ligue des Champions, les Gones ont souffert, mais l'ont emporté assez logiquement, et confortent leur première place au classement.

Les enjeux

L'affiche semble déséquilibrée. Entre un OL leader et impressionnant en Ligue des Champions et une équipe istréenne lanterne rouge et bien loin de la 17ème place, une victoire du second nommé relèverait presque de la science-fiction. Pourtant, avec sa prudence coutumière, Paul le Guen ne veut pas croire à un match de tout repos face aux hommes du tandem Gravelaine-Gasset, et a certainement mis ses joueurs au parfum. Les Lyonnais ont certes passés sept buts en milieu de semaine au Werder de Brême (7-2), mais comme le souligne Grégory Coupet, «il ne faut pas en conclure que face au dernier de Ligue 1, on va en passer huit» . Pour s'en convaincre, les Lyonnais pourront notamment s'inspirer notamment du match aller, qui avait vu les triples champions de France être accrochés sans gloire par des Provençaux alors entraînés par Bazdarevic (0-0). Battus à Caen lors de la dernière journée, les Lyonnais devront donc prendre au sérieux ce match qui pourrait leur permettre de faire une bonne opération au classement, et de prendre encore plus de hauteur. Pour atteindre cet objectif, les Gones ne pourront pas compter sur Diarra, suspendu, ni sur Caçapa, blessé, mais enregistrent le retour d'Anthony Réveillère. Nilmar sera titulaire aux côtés de Wiltord en attaque.

Pour les Istréens, les choses se compliquent. Coupés dans leur élan par une défaite frustrante à domicile face à Bordeaux (0-1), les hommes de Xavier Gravelaine restaient pourtant sur une belle victoire sur Auxerre (1-0) et sur un match nul obtenu à Marseille (1-1), le troisième consécutif à l'extérieur. Les Istréens restent d'ailleurs sur quatre matches sans défaite hors de leurs bases. Preuve que les sans-grade istréens peuvent donner du fil à retordre aux gros du championnat de France. Les Provençaux ne viennent donc pas à Gerland pour jouer les faire-valoir. «Nous prenons cette rencontre très au sérieux face à une formation qui a, certes, perdu contre Bordeaux (1-0), lors de la dernière journée, mais qui s'est bien comportée en déplacement à Marseille» , confirmait Yves Colleu, l'entraîneur adjoint lyonnais, à l'AFP. De plus, le temps presse pour les Provençaux, condamnés à réaliser une fin de saison à un rythme d'équipe de haut de tableau pour refaire son retard de 7 points sur Caen, premier non-relégable. Bakayoko sera la seule pointe en attaque, avec Delaye derrière lui pour mener le jeu.

Les temps forts

- Istres se crée la première occasion, sur un contre rondement mené. Courtois décale Bakayoko dans l'axe, lequel tente une frappe sans contrôle à 20 bons mètres. C'est juste au-dessus (1').

- Bonne frappe de Wiltord à l'entrée de la surface. Weber se couche bien (9').

- Juninho, sur un coup franc lointain, oblige Weber à se détendre. Malouda tente de reprendre, mais le ballon file devant le but (14'). Deux minutes plus tard, c'est Nilmar qui met une gardien istréen à contribution sur une belle frappe de loin (16').

- Juninho ouvre le score ! Bizarrement, c'est sur coup-franc. Un coup-franc plutôt pour un gaucher, excentré sur la droite. Le Brésilien l'enroule dans la lucarne du but de Webez, au premier poteau. Un modèle du genre (1-0, 20').

- But de la tête refusé à Nilmar pour un hors-jeu totalement imaginaire. Grosse erreur d'arbitrage (22').

- Superbe but de Moussa N'Diaye ! Un corner de Courtois trouve la tête du Sénégalais, laquelle fusille Coupet ! Grosse surprise à Gerland, alors que les Lyonnais semblaient maîtriser leur sujet (1-1, 31').

- Abidal ouvre joliment sur Malouda, qui centre à ras de terre pour Nilmar. Le Brésilien écrase sa frappe du gauche en pivot (46')

- Superbe réflexe de Weber ! Nilmar sert parfaitement Malouda dans l'axe de la surface. Le Guyanais frappe du plat du pied, mais le gardien istréen dévie d'une main ferme (48').

- Malouda hérite d'un bon ballon dans la surface à mais sa frappe du gauche est contrée, et file à côté du but (71').

- Lyon reprend l'avantage ! Un bijou de Sidney Govou. Servi par Berthod à l'entrée du coin gauche de la surface, il repique au centre g^race à une série de dribbles et enroule une frappe parfaite dans la lucarne opposée. Weber n'a rien pu faire (2-1, 78').

- Sur un centre contré d'Essien, le ballon prend la direction du but, mais Weber sort encore une superbe parade au ras de son poteau (90').

- Bakayoko manque l'immanquable à la dernière seconde ! Sur un centre parfait de Saïfi, Coupet est battu et l'Ivoirien reprend à 2m du but, mais manque le cadre ! Lyon a eu très chaud (90+4').

La prestation de Lyon

Lyon a gagné, mais Lyon a souffert ! La différence ne fut pas flagrante avec l'équipe visiteuse, pourtant dernière du classement à 34 points du leader avant la rencontre ! Mais quand le collectif coince, les joueurs de talent prennent le relais, comme ce fut le cas ce soir. Souvent en difficulté dans le jeu, les hommes de Paul le Guen s'en sont sortis grâce à deux exploits individuels, un nouveau coup de patte magique de Juninho sur coup-franc, et un numéro de soliste non moins esthétique signé Govou, lequel a dû savourer ce but à sa juste valeur, lui qui a plus souvent fait marquer les autres et touché le montant lors des derniers matches. L'OL aurait pu s'éviter une telle difficulté en tuant le match après l'ouverture du score de son Brésilien. Mais l'arbitrage (but refusé à Nilmar), une erreur de marquage sur le but de N'Diaye et un gros manque de réalisme en seconde période ont affaibli la confiance des Lyonnais, qui ont ensuite longtemps tâtonné avant d'être libérés par Govou. Les Gones semblaient ensuite tenir leur victoire, mais se seraient fait surprendre sans l'incroyable vendange d'un Bakayoko qui devrait avoir du mal à trouver le sommeil cette nuit. C'est un Lyon moyen qui a gagné ce soir. Mais la victoire est là et les Gones pourraient creuser un peu plus le sommet qui les sépare de leurs poursuivants si ces derniers tombent ce soir.

Grégory Coupet a dû remercier intérieurement Bakayoko d'avoir raté cette occasion énorme, car un match nul aurait considérablement frustré le portier lyonnais, désoeuvré, impuissant sur le but et sur le centre de Saïfi pour l'Ivoirien. Sa défense centrale a eu très peu de travail, mais s'est fait surprendre à deux reprises. Fort heureusement pour elle, une seule a abouti à un but. Réveillère a fait une rentrée correcte, mais sans plus, alors que Berthod a bien tenu son couloir gauche face à N'Diaye, et est à l'origine du but de Govou. Au milieu de terrain, Juninho et Essien ont régné en maîtres. Le Brésilien a énormément touché le ballon, (plus de 120 fois), a parfaitement aiguillé le jeu, et a ouvert le score sur penalty (si, si, un coup franc frappé par Juninho équivaut à un penalty !). Essien n'a pas eu son apport offensif habituel, ce qui est normal puisqu'il a dû accomplir la tache habituellement assurée par Diarra. Dans la récupération, le Ghanéen a été tout simplement énorme, malgré une perte de balle dangereuse sur l'occasion de Bakayoko. A gauche, Malouda a beaucoup remué, mais a manqué une grosse occasion. De l'autre côté, Govou n'a pas eu beaucoup de réussite dans ses initiatives jusqu'à son but. Enfin, en attaque, Wiltord a été assez discret malgré quelques bonnes combinaisons, et Nilmar a eu un peu de mal à se situer. A sa décharge, son but refusé était tout à fait valable.

La prestation d'Istres

Les Istréens étaient si près du but ! Sûr que cette occasion manquée aurait pu changer les choses, et qu'elle restera sans nul doute longtemps dans les esprits. Car elle aurait justement récompensé un match plein de courage livré face au Goliath lyonnais. Après un bon début de partie et quelques incursions devant le but de Coupet, les joueurs de Gravelaine ont pourtant connu un passage avide consécutif au but de Juninho. Pendant le quart d'heure qui a suivi le but encaissé, ils n'ont pas existé, asphyxiés par la machine rhodanienne. Remis presque miraculeusement en selle sur coup de pied arrêté, ils ont ensuite repris du poil de la bête, et réduit petit à petit leurs hôtes à l'impuissance, alliant solidité et combativité, jusqu'au but de Govou. Sonnés, ils ont tout de même tenté jusqu'au bout, et ont été bien près de revenir. Preuve que cette équipe ne mérite pas son classement actuel (mais quelle équipe mérite d'être dernière de Ligue 1 ?), et qu'elle peut encore garder espoir, même si cela devient franchement compliqué. Le match contre Nice sera peut-être décisif, c'est du moins ce qu'affirmait Gravelaine après la rencontre au micro de Canal +. Mais les Istréens ont prouvé ce soir qu'ils avaient le niveau pour se maintenir. Reste à prendre des points. Beaucoup de points !

La solidité istréenne aurait volé en éclat si son gardien n'avait pas été au très haut niveau qui fut le sien ce soir. Très inspiré, Weber a sorti beaucoup d'arrêts de grande classe, notamment face à Malouda. On peut peut-être lui reprocher de n'avoir mis que trois joueurs dans le mur sur le coup-franc de Juninho. Mais ça n'aurait sans doute pas changé grand-chose. En défense, Thiam a été rugueux, mais solide, alors que Saveljic a bien dirigé la manoeuvre. Les deux ont cependant été dribblés par Govou sur le but. Au milieu, Chedli a fait ce qu'il a pu dans la récupération, alors que Courtois a bien provoqué sur son côté droit. N'Diaye a réussi à marquer malgré une faible présence dans le jeu. Il a été bien servi par un Delaye très présent. Saïfi a fait une bonne rentrée au poste de milieu offensif, et a donné un caviar sur l'occasion de Bakayoko. L'Ivoirien, si l'on oublie cet épisode, a été assez discret, sevré de ballons, malgré une bonne première frappe en tout début de match.

Lyon a fait le boulot, sans briller, mais en marquant tout de même deux buts. Soit neuf lors des deux matches de la semaine. On voit mal à neuf journées de la fin comment le titre pourrait échapper aux Lyonnais.

La fiche technique

Lyon 2-1 Istres (1-1)
A Gerland, 38 000 spectateurs environ
Arbitre : M. Fautrel
Buts : Juninho (20’), Govou (78’) / N’Diaye (31’).
Avertissements : Delaye (41’), S. Perez (49’), B. Thiam (62’), Mo. Ndiaye (69’), Saifi (72’) pour Istres

Les équipes :

Lyon : Coupet - Reveillere, Cris, Abidal, Berthod - Govou (cap), Essien, Juninho, F. Malouda (Bergougnoux 90+2’) - Nilmar (Frau 73’), Wiltord (J. Clement 81’)

Istres : L. Weber - S. Perez (Dumolin 67’), B. Thiam, Saveljic (cap), Kacemi - Diagne-Faye, Chedli (S. Pele 46’) - Mo. Ndiaye, Delaye, Courtois (Saifi 46’) – Bakayoko