Après la défaite à Lille, les hommes de Paul Le Guen avaient à coeur de se faire pardonner face à Rennes. C'est maintenant chose faite, dans un match où les Gones, solides en défense et réalistes en attaque, ont montré toute l'étendue de leur talent contre Rennes (2-1).

Les enjeux de la rencontre

Après avoir subi leur premier revers de la saison face au dauphin lillois, les hommes de Paul Le Guen ont à coeur de prouver que cette déconvenue n'était qu'anecdotique. Car bien qu'ils comptent encore trois points d'avance sur leur plus proche poursuivant, ils ne sont clairement plus à l'abri d'un retour. C'est donc avec l'envie de réaffirmer leur statut d'indomptables que les Gones reçoivent une équipe rennaise plus qu'à leur portée. Et Paul Le Guen compte bien sur une réaction comme il le soulignait au soir de la défaite : «Il faut le prendre avec sportivité, et l'objectif, c'est de se tourner très vite vers Rennes et Bastia. Le championnat n'avait pas à être relancé : on est à la bagarre avec beaucoup d'équipes, dont Lille, Auxerre, Monaco et Marseille. Lille est un rival, mais ce n'est pas avec cette défaite qu'on va baisser la tête.» Une attitude à laquelle se refuse également l'ensemble de l'effectif rhodanien, à l'image de Lamine Diatta : «Cela devait arriver un jour. On a le droit de perdre de temps en temps. Je n'ai pas trouvé cette rencontre plus difficile que les autres. Je crois tout simplement que nous ne sommes pas bien entrés dans le match. On doit rebondir tout de suite… donc on va gagner.» Pour parvenir à leurs fins, les Lyonnais pourront compter sur le même groupe qu'au match précédent, avec un renfort de choix, puisque Eric Abidal effectuera son retour.

Les Rennais, quant à eux, restent sur une bonne performance contre Ajaccio (2-0) et voudront assurément montrer un visage conquérant face à l'ogre rhodanien. D'autant plus que le week-end dernier, les Bretons avaient retrouvé la première moitié du classement et qu'ils souhaiteront y rester. Malgré tout, Laszlo Bölöni et ses hommes ne se font pas trop d'illusions, comme le montre cette réaction du technicien rennais : «Lyon est toujours une équipe difficile à manoeuvrer. En plus, ils voudront garder leurs distances avec leurs poursuivants (…). Pour moi, cette équipe peut aussi bien gagner le championnat que la Ligue des Champions. Dès lors, Il serait déraisonnable de dire que l'on y va pour gagner, mais je souhaite que mon équipe y fasse bonne figure.» Et les joueurs sont prêts à tout pour réaliser l'exploit, comme le souligne Arnaud Le Lan : «Bien sur, l'espoir est infime et l'on s'attend à une soirée difficile avec beaucoup de duels très relevés. Mais on jouera tous les coups à fond. De toute façon, on n'aura rien à perdre.» Et pour réaliser le coup de l'année, Bölöni pourra compter sur la quasi-intégralité de son groupe. A noter tout de même l'absence de Kim Källström.

Les temps forts de la rencontre

- Bonne percée côté droit de Perrier Doumbé dans la défense lyonnaise. L'attaquant lance Maoulida, qui frappe en pivot du pied droit. Le ballon est finalement contré par un Lyonnais in extremis. A peine cinq minutes de jeu, et déjà, les travées de Gerland grondent ! (3')

- La réaction lyonnaise se fait quelque peu attendre, mais arrive finalement. Frau, à l'entrée de la surface, décale Essien côté gauche, qui centre à destination de Govou, étrangement seul au second poteau. Mais sa reprise du coup de pied passe légèrement à côté des buts d'un Isaksson déjà fébrile (9').

- De suite, les Bretons repartent à l'attaque avec une situation similaire à la précédente. Mais le centre de Sorlin surprend N'Guema. L'attaquant ne parvient pas à redresser la course du ballon qui finit dans les bras de Coupet. Gerland souffle, mais Lyon souffre (11').

- Encore une initiative rennaise. Dans un silence de cathédrale, Toifilou Maoulida tente sa chance à trente mètres du cadre. Une frappe exceptionnelle, que Coupet s'emploie à détourner sur sa barre transversale. Le ballon fuit en corner. Ca chauffe de plus en plus autour des buts lyonnais ! (25')

- En cette fin de première période, l'Olympique Lyonnais reprend un peu le dessus. Malouda sert Frau dans l'axe, dos au but. L'ancien Sochalien décale Bergougnoux côté droit, mais la frappe pied droit croisée du jeune attaquant finit dans les bras du portier breton (34').

- Enième débordement d'Abidal sur son côté gauche. Le centre du défenseur lobe toute la défense rennaise et parvient à Bergougnoux, étrangement seul au second poteau. Le Gone ajuste Isaksson d'un intérieur du pied droit qui vient se loger dans le petit filet gauche du gardien rennais. Gerland exulte, tout comme Le Guen et ses joueurs, soulagés après une première période difficile (43', 1-0).

- Quelques secondes après le coup d'envoi rennais, l'OL double la mise ! Alors que les Bretons se jettent à l'attaque avant la mi-temps, Bergougnoux récupère un ballon dans son camp et lance immédiatement Govou en profondeur dans l'axe. Le talent de l'international français fait le reste, puisqu'il s'impose face à Isaksson en deux temps. En une minute, l'OL a plié le match ! (44', 2-0)

- Govou, décidément bien en jambes, récupère un bon ballon dans le camp rennais. Le cuir parvient finalement à Bergougnoux, côté gauche, après un relais de Juninho. Mais la frappe de l'attaquant rhodanien est trop molle et trouve refuge dans les bras d'Isaksson. Rennes est acculé en défense, la machine lyonnaise est bien lancée ! (53')

- Les Rennais sortent un peu de leur tanière. Une-deux entre Bourillon et Jeunechamp à l'entrée de la surface de réparation de Coupet. Bourillon décoche une bonne frappe du pied droit plein axe, mais le ballon frôle le montant gauche du portier lyonnais, qui semblait battu sur ce coup (59').

- Après une période d'observation, le Stade Rennais parvient enfin à s'approcher de la surface rhodanienne, avec une action «100% remplaçants» . Le Lan, bien lancé sur la gauche par Monterrubio, centre en direction de Frei. Le plat du pied du deuxième meilleur buteur de Ligue 1 passe de peu à droite des cages de Coupet. Décidément ! (79')

- Il y a des soirs où rien ne va ! Rennes finira finalement cette partie à dix, puisque Didot est exclu pour une faute sur Juninho. Le joueur, déjà averti sévèrement en première mi-temps, se voit signifier le retour aux vestiaires sur une nouvelle faute anodine. Une bien mauvaise soirée pour le milieu breton, qui avait déjà à charge Juninho tout au long du match (80').

- Alors que l'OL multiplie les occasions devant les cages des Rouges et noirs, c'est sur un contre que les hommes de Bölöni sauvent l'honneur. Briand intercepte un ballon dans les pieds d'Essien, visiblement ailleurs, et distille un centre à ras de terre millimétré pour Monterrubio. L'attaquant n'a plus qu'à déposer le ballon du plat du pied dans les filets des Gones. Rennes marque enfin, mais un peu trop tardivement, puisque l'arbitre siffle la fin du match (90+4', 2-1).

La prestation de Lyon

Collectivement, l'Olympique Lyonnais a été clairement irréprochable. Un peu timides en début de partie face à une équipe rennaise bien en jambes et surmotivée, les hommes de Paul Le Guen ont su patienter, tout en restant solides derrière. Une première mi-temps correcte, sans véritables éclats, jusqu'au tournant du match. En seconde période, le collectif lyonnais, fort de son avance, a bien cadenassé le jeu, mettant régulièrement les Rennais dans des positions inconfortables. Peu de pertes de balles précoces, et un pressing constant ont fini d'asseoir le bulldozer rhodanien dans le camp de leurs visiteurs. Tout comme face à Lille, mais aussi comme c'est le cas depuis le début de la saison, l'OL a progressivement étouffé son adversaire. Un adversaire qui, cette fois, n'avait pas la force de se défendre.

Sur le plan des individualités, pas de déconvenues. La charnière centrale Cris-Essien s'est montrée une nouvelle fois irréprochable tout au long du match, tandis que les deux latéraux Reveillère et Abidal, ont clairement pesé sur le jeu, offensivement comme défensivement. Mention spéciale pour le second, à l'origine de plus de la moitié des occasions lyonnaises sur son couloir gauche. L'offensif rhodanien s'est distingué, avec le jeune Bergougnoux, notamment. Une passe décisive et un but ! La nouvelle coqueluche de Gerland repart avec une musette une nouvelle fois bien remplie. Govou, quant à lui, a donné le tournis à la défense rennaise, se trouvant relativement souvent à destination des impeccables centres distillés par Juninho, une nouvelle fois impressionnant. Coupet, pour sa part, a encaissé un but sur une erreur défensive d'Essien, mais n'a toujours pas été pris à défaut sur ses propres qualités.

La prestation de Rennes

Pour cette rencontre, le technicien rennais avait tenté de faire un coup. Frei, Monterrubio et Le Lan sur le banc, c'était là une tactique surprenante ! Et bien, malgré cette composition peu commune, le groupe rennais n'aura pas à rougir de sa prestation. Certes, cette défaite est la cinquième d'affilé à l'extérieur, mais les Rouges et noirs ont clairement montré leur qualités de coeur et leur envie de progresser. Du moins en première mi-temps. Dès l'entame, les hommes de Laszlo Bölöni ont accroché leurs homologues, se montrant présents dans les duels, et s'offrant quelques belles opportunités. Pendant quarante minutes, ils ont vraiment fait douter l'OL, alternant avec subtilité jeu court et jeu long. Jusqu'au coup de grâce… Car il n'aura fallu que trois minutes de relâchement pour que les efforts fournis soient annihilés. Après la pause, le collectif rennais est revenu sur la pelouse avec des intentions bien moins évidentes, partagé entre le désir de revenir et celui de ne pas repartir avec une correction. Bien plus timorés, les Bretons n'ont pas été capables de se relever, avalant progressivement la trompette devant les coups de boutoir du bulldozer lyonnais.

Sur le plan des individualités, le constat est le même que sur le plan collectif. Une première mi-temps au cours de laquelle l'axe central, composé de Faty et d'Ouaddou, a prouvé sa valeur, tandis que le milieu s'offrait lui aussi quelques instants de gloire, notamment Didot, intraitable face à son vis-à-vis Juninho. De même, les Bourillon et Briand ont bien apporté le danger sur les cages de Coupet, distillant quelques ballons bien pesés à destination des deux pointes, en l'occurrence Maoulida et N'Guema. En seconde mi-temps, les talents ont un peu moins brillé, la fatigue et la déception faisant leur oeuvre, sauf pour les remplaçants Frei, Monterrubio et Le Lan, apparemment motivés pour montrer à leur entraîneur qu'ils auraient dû jouer ce match si important. Ce soir, Le Stade Rennais a donc montré d'indéniables qualités individuelles, mais qui n'ont pu s'exprimer totalement devant l'ogre lyonnais. A noter la performance mitigée d'Isaksson, le portier rennais, qui n'a pu défendre crânement ses chances en raison d'une blessure.

Après avoir chuté à Lille, les Gones reprennent donc leur marche en avant, s'imposant une fois de plus sur les valeurs que l'on connaît : réalisme, solidité et détermination. Ce Lyon là mit un genou à terre, mais ce ne fut que pour mieux prendre son envol… Un envol de plus en plus flagrant, puisque les poursuivants lillois n'ont obtenu qu'un modeste match nul sur la pelouse niçoise (1-1).

La fiche technique

Olympique Lyonnais 2 – 1 Stade Rennais (2-0)
Au Stade Gerland
Arbitre : M. Lannoy

Avertissements : Juninho (75’) – Perrier Doumbé (33’), Didot (39’), Ouaddou (50’)
Expulsion : Didot (81’)

Buts : Bergougnoux (43’), Govou (44’) - Monterrubio (90+4’)

Les équipes :

Lyon : Coupet – Reveillère, Cris, Essien, Abidal – Govou, Diarra, Juninho – Malouda (Clément, 76’), Bergougnoux (Benzema, 83’), Frau (Nilmar, 65’)

Rennes : Isaksson – Perrier Doumbé, Ouaddou, Faty, Jeunechamp (Le Lan, 59’) – Didot, Bourillon, Briand, Sorlin – N’Guema (Frei, 62’), Maoulida (Monterrubio, 75’)