Les Lyonnais ont laborieusement concédé le match nul (0-0) face à une équipe istréenne qui a soufflé le chaud et le froid dans cette rencontre, avec deux barres transversales et l'expulsion de Thiam à un quart d'heure de la fin. Les Lyonnais lâchent donc du lest en tête du classement.

Les enjeux de la rencontre

Quel challenge pour les Istréens ! Privés de victoire depuis le début de saison, avants-derniers, n'ayant pris qu'un point en quatre matches «à domicile» (face au PSG, 1-1), les joueurs de Bazdarevic reçoivent à Nîmes d'impressionnants Lyonnais, leaders invaincus du championnat, brillants en Ligue des Champions mardi face à Fenerbahçe. Mais comme dans le foot, tout est possible, il ne faut pas forcément prévoir une ballade lyonnaise au stade des Costières, comme le souligne Grégory Coupet, le gardien de l'OL, sur le site de son club. «On sait que les Provençaux ont un beau défi à relever. On les respecte; on connaît la valeur de Flo Maurice» , ajoute l'ancien Stéphanois. L'attaquant cité par Coupet sera en effet à la pointe de l'attaque sudiste, avec la ferme intention de mener ses troupes vers l'exploit contre son ancien club. Pour cette rencontre, les Istréens seront privés de Chedli, suspendu car expulsé à Bordeaux. Pour le reste, Bazdarevic compte sur le quatuor offensif Courtois-Saïfi-Maurice-Montano pour créer l'exploit face aux Lyonnais.

Car il s'agirait d'un réel exploit, tant les joueurs de Paul le Guen semblent au dessus du lot cette saison. Complets dans toutes les lignes, Wiltord et ses coéquipiers restent sur deux victoires probantes, sur Caen (4-0) et à Istanbul face à Fenerbahçe (3-1) en Ligue des Champions. De plus, les Gones sont impériaux à l'extérieur depuis le début de saison, avec deux points de perdus seulement à Metz (1-1) en sept rencontres hors de leurs bases, toutes compétitions confondues. Les Lyonnais voudront continuer sur leur lancée, et se montrer constants dans leur qualité de jeu, face à un modeste adversaire qui tentera tout pour que la belle machine s'enraye. Coupet reste ainsi très vigilant au moment d'aborder ce match piège. «Soyons rigoureux pour faire un nouveau résultat. C'est un fait : sur le papier les débats sont inégaux; mais sur un match, je l'ai dit précédemment, cette formation peut nous battre» , a soutenu le portier rhodanien. Pour cette rencontre, Paul le Guen, toujours privé de son latéral gauche Berthod, a choisi de faire souffler le milieu gauche Florent Malouda. Wiltord glisse donc sur l'aile de l'ancien Guingampais, alors que Frau prend sa place dans l'axe de l'attaque. Govou est fidèle au poste à droite. Le reste de l'équipe est également sans surprise.

Les faits du match

- Belle occasion istréenne : Courtois s'échappe côté gauche et s'enfonce dans la défense lyonnaise. Pas attaqué, il frappe violemment du gauche au premier poteau, mais Coupet réussit une belle parade. A l'affût, Maurice ne peut reprendre, contré par un défenseur (4').

- Sur un coup-franc istréen, le ballon est recentré de la tête sur Saveljic, dont la reprise de volée, déviée par Cris, passe à côté. Istres se montre de plus en plus menaçant face à des Lyonnais en difficulté (14').

- Quelle séquence de jeu lyonnaise ! Govou lance Wiltord sur la gauche. Celui-ci lui remet dans la course. Govou enchaîne alors un une-deux parfait avec Frau, qui met hors de position l'arrière garde istréenne. Seul face à Riou, il rate son face à face en envoyant sa frappe du gauche sur le gardien sorti à sa rencontre (19').

- Riou s'en sort encore à son avantage, face à Wiltord cette fois. Bien lancé dans la surface par Diarra, le Lyonnais ne peut éviter la sortie pleine d'autorité du portier sudiste, qui semble parti pour faire un grand match (25').

- Incroyable frappe de Maurice ! Des 25m, l'attaquant istréen contrôle de la poitrine et tente une magnifique volée du droit. Parti en cloche, le ballon lobe un Coupet médusé et va s'écraser sur la barre. C'aurait pu être le but de l'année (29').

- La barre sauve encore Coupet ! Alors qu'il ne se passait rien depuis la tentative de Maurice, Courtois tente un centre qui se transforme en lob. Coupet, d'abord surpris, parvient au prix d'une belle détente à détourner d'une claquette le cuir sur sa barre (67'). L'OL a eu chaud !

- Thiam expulsé depuis la 75ème minute, les Gones exercent une pression continue, mais stérile, face à des Istréens bien regroupés. Lyon ne parvient pas à se montrer dangereux, à l'image de cette volée de Réveillère, contrée, après un beau travail préparatoire de Malouda et d'Abidal (84').

La prestation d'Istres

Si les Istréens n'ont pas réussi à gagner leur premier match de la saison, ils n'ont cependant pas démérité, loin de là. Les joueurs de Bazdarevic ont fait plus que tenir tête à leurs prestigieux adversaires. Ils ont montré une solidité défensive prometteuse, une belle solidarité, et quelques éclairs qui auraient pu prendre à défaut la défense rhodanienne avec un peu plus de réussite. Avec une barre transversale par période, les Sudistes n'ont pas été vernis. Mais un match nul face à l'ogre lyonnais, quand on est avant-dernier du classement, cela ne se refuse pas. On retiendra donc, plus que le résultat, la manière dont les coéquipiers de Courtois ont fait douter les triples champions de France, en première comme en deuxième période. Si les 45 premières minutes ont vu les Istréens chahuter les Gones, notamment par Courtois et Maurice, ils ont surtout montré leur rigueur et leur courage pour défendre ce match nul, particulièrement après l'expulsion de Thiam (75'), qui aurait pu leur coûter cher. Un match plein, donc, peut-être même un match référence, en attendant la première victoire qui se fait tout de même beaucoup attendre.

Les Istréens doivent une fière chandelle à leur portier, Rudi Riou. Impeccable tout au long du match, l'ancien Montpelliérain s'en est sorti avec beaucoup d'à propos dans ses duels avec Govou et Wiltord. Ses défenseurs ont bien tenu la baraque. Mention spéciale à Leugueun, très solide à droite. Thiam a été impérial jusqu'à son expulsion stupide pour un attentat sur Nilmar. Au milieu de terrain, Diagne-Faye et Ilic ont été très présents pour contrecarrer les relances et les contres lyonnais. Saïfi a été précieux sur son aile droite, Courtois intenable à gauche. Le milieu offensif istréen a été un poison constant pour Réveillère, et a touché du bois. Maurice a fait de même sur une frappe limpide qui aurait pu être le but de l'année. Pour le reste, un match volontaire face à son club formateur. Volontaire, Montano le fut aussi, mais sa technique affûtée n'a pu prendre en défaut la robuste charnière centrale brésilienne de l'OL.

La prestation de Lyon

On avait vu un OL flamboyant à Istanbul mardi soir. On a vu sa pâle copie cet après-midi. Maladroits, peu inspirés, sans doute fatigués, les joueurs de Paul le Guen n'ont jamais pris le dessus sur les avants-derniers de la Ligue 1. Pire, ils ont été sauvés deux fois par leurs montants. Les Lyonnais ne sont pas passés si loin que cela d'une défaite qui aurait donné un sérieux coup de frein à leur parcours actuel. Après quinze premières minutes très difficiles, les Gones auraient pourtant pu prendre l'avantage, par Govou puis par Wiltord. Rudi Riou en a décidé autrement, et les Lyonnais, d'habitude si doués pour porter le danger dans le camp adverse, n'ont eu aucune autre occasion à se mettre sous la dent, même en supériorité numérique en fin de rencontre. Il n'empêche que les Gones sont toujours invaincus, et qu'un nul à l'extérieur, même chez le dernier, n'est pas un si mauvais résultat. Mais il faudra que les Lyonnais montrent à nouveau leur vrai visage, car le niveau affiché lors de cette rencontre ne suffira pas face à des équipes plus huppées.

Parmi les meilleurs Lyonnais, Grégory Coupet a une fois de plus été décisif, à deux reprises devant Courtois. Il a de plus été chanceux sur la barre de Maurice, sur laquelle il n'a pas bougé, se savant d'avance battu. En défense, Réveillère a souffert à droite face à Courtois. Quant à Abidal, il est à créditer d'une belle performance défensive, mais a souvent pêché dans ses centres. La charnière centrale Caçapa-Cris a été très solide, muselant le talentueux Montano. Au milieu de terrain, Essien n'a pas eu son rayonnement habituel, tout comme Juninho. Diarra a quant à lui montré sa combativité et sa hargne coutumières. En attaque, Wiltord et Govou n'ont pas su profiter de leurs occasions respectives, et se sont ensuite peu montrés, tout comme Frau, inexistant mis à part sur une belle remise pour Govou. Enfin, Malouda, entré en jeu à la place de Wiltord, a beaucoup tenté sur son aile gauche, en vain.

Lyon a marqué le pas face à de valeureux Istréens. Un coup d'arrêt sans gravité, mais qui pourrait voir les Gones perdre du terrain au classement. Quant aux Sudistes, ils ont montré de belles qualités, et devraient gagner en confiance après ce match abouti. Reste maintenant à gagner des matches…

La fiche technique :

Istres 0-0 Lyon
Au Stade des Costières, 12.000 spectateurs environ
Arbitre : M. Bré
Avertissements : D. Ilic (45’), Saveljic (62’) / Essien (51’), Réveillère (64’), Juninho (75’)
Exclusion : B. Thiam (76’) pour Istres

Les équipes :
Istres : Riou - Leugueun, Saveljic, B. Thiam, Dumolin - Saïfi (Chaussidière 90’), Diagne-Faye, D. Ilic, Courtois - Maurice (cap) (S. Pelé 79’), Montano (Hamed 86’)
Lyon : Coupet - Réveillère, Caçapa (cap), Cris, Abidal - Essien, Juninho (Ben Arfa 81’), M. Diarra - Govou (Nilmar 63’), Frau, Wiltord (F. Malouda 63’)