Un rendez-vous déjà crucial attend les Bleus samedi. Face à l'Eire, au Stade de France, les Français devront l'emporter pour la confiance, et convaincre, sinon dans la manière, au moins dans l'état d'esprit. A noter dans l'équipe qui débutera le match les retours de Silvestre, Dacourt et Wiltord. Aux Tricolores de jouer !

Les enjeux de la rencontre : Trouver la voie

Les Bleus sont attendus au tournant ! Après deux premiers matches décevants dans ces éliminatoires (0-0 face à Israël, et un petit 2-0 aux îles Féroé), les joueurs de Raymond Domenech seraient bien inspirés de mater les Irlandais au stade de France. L'Eire est en effet le principal adversaire des Bleus dans ce groupe, et une victoire serait une belle bouffée d'oxygène pour l'équipe de France, troisième de sa poule et faisant partie d'un peloton de tête de quatre équipes, toutes avec quatre unités. Il faudra donc gagner samedi, histoire de tenir ces diables d'Irlandais à distance, et de s'affirmer aux yeux des futurs adversaires. Car la France fait de moins en moins peur. Les cadres qu'étaient Zidane, Thuram ou encore Lizarazu n'ont pas encore été remplacés, et l'équipe semble manquer de bouteille, malgré la présence d'habitués tels que Pirès, Vieira ou Henry. Face à l'Irlande, les Bleus devront pourtant montrer qu'ils ont du caractère, et tout de suite entrer dans le vif du sujet, car en face les Verts, soutenus par 25 000 supporters venus au Stade de France ne se poseront pas de questions. Il faudra donc relever le défi physique des Irlandais, tout en s'imposant techniquement. Mais pour réaliser tout cela, il faut que les Bleus entrent sur le terrain avec un état d'esprit conquérant, et avec un collectif ressoudé.

Si les Bleus atteignent cet objectif, ils devraient alors s'imposer face à des Irlandais qualitativement inférieurs sur le papier. Mais la victoire seule ne compte pas. Un petit succès sans relief ne satisferait pas les espoirs placés en cette nouvelle équipe de France. Ce match contre l'Eire doit être une référence, à l'image du Roumanie-France de 1995. Ce soir là, les Djorkaeff, Zidane, Karembeu et autres Dugarry avaient remporté une magnifique victoire en terre roumaine (3-1), posant ainsi les bases de l'esprit conquérant qui leur permit ensuite de devenir champions du Monde et d'Europe. Neuf ans plus tard, les Français repartent une fois de plus de zéro (ou presque), et cherchent le déclic qui pourrait marquer l'envol de ces Bleus nouvelle génération. Celui-ci pourrait arriver samedi, face à une équipe qui ne devrait pas fermer le jeu comme le faisaient Israël où les îles Féroé. Aux Français de se lâcher, d'oublier la pression qui pèse sur eux, et de se trouver une âme, même avec beaucoup d'absences (Vieira, Giuly, Trezeguet, Pedretti, Saha, Rothen…). Ils ont les joueurs pour former une grande équipe, reste à trouver l'état d'esprit.

Les Français, pour cela, devraient s'inspirer de leurs adversaires, plus connus pour leurs qualités de coeur que pour leur toucher de balle. Les Irlandais ont en effet la réputation de ne jamais rien lâcher, et de se battre jusqu'au bout, même lorsque la situation semble désespérée. Tony Cascarino, ancien attaquant de l'équipe d'Irlande, confirme dans France Football ces vertus typiquement «irish» . «L'Irlande reste une équipe à part, unique. Même si celle d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec la mienne, elle a gardé la même mentalité, le même «fighting spirit» , le même plaisir, aussi, de vivre ensemble et de se retrouver. Elle sait qu'à chaque match, elle doit se donner à 100 %, se battre sur chaque ballon et ne jamais renoncer. Elle peut perdre, mais n'a jamais le droit de se rendre», a expliqué celui qui fut sélectionné 88 fois de 1985 à 1999. Il faudra donc s'attendre à des Irlandais morts de faim, ultra motivés à l'idée de jouer un mauvais tour au favori français sur ses terres. Les Verts comptent de plus le même nombre de points que les tricolores, et une victoire en terre française les mettrait sur la bonne voie vers la qualification pour la Coupe du Monde 2006.

Les déclarations d'avant-match

- Robert Pirès, milieu de la France (Reuters) : «En équipe de France, nous sommes ensemble seulement de temps en temps. D'autant plus que cette équipe est en pleine reconstruction. Il est vrai que nos performances ne sont pas très bonnes en ce moment. Mais je crois qu'il ne faut pas trop se poser de questions. Le seul objectif est la qualification pour la Coupe du monde 2006. Pour la manière, on verra cela plus tard.»

- Raymond Domenech, sélectionneur de la France (AFP) : «Le groupe est assez impatient de montrer ce qu'il est capable de faire. Sur la valeur intrinsèque des joueurs, il n'y a aucune inquiétude. Sans le talent, on peut être inquiet. Nous, on a le talent.»

Chiffres et statistiques :

- Les Bleus sont rassurés ! Le match face aux Irlandais se jouera en effet à guichets fermés. Si 35 000 supporters aborderont les couleurs de l'île, ils auront en face d'eux près de 45 000 supporters des Bleus au Stade de France. Reste à savoir si le timide public de Saint-Denis saura rivaliser avec les toujours retentissants chants irlandais.

- Les Irlandais sont de plus en plus difficiles à jouer, et sont capables de battre n'importe qui. Sur leurs dix derniers matches, les Verts n'ont perdu qu'une fois, face au Nigéria (0-3). Mis à part ce faux pas, les Irlandais ont remporté cinq victoires (notamment en Hollande et face à la République Tchèque) et ont concédé quatre nuls (dont un face au Brésil champion du Monde).

- La défense irlandais ne sera pas simple à franchir. Sur les dix derniers matches disputés, les Verts n'ont encaissé que six petits buts, dont trois lors du même match. Il faudra redoubler d'ingéniosité côté français.

L'option tactique : Wiltord et Pirès en animateurs

L'équipe de France débutera le match, comme aux îles Féroé, avec une organisation en 4-4-2, une défense en ligne et deux milieux offensifs excentrés. Cette option reste la plus familière pour les joueurs tricolores, qui jouent ainsi dans leurs clubs respectifs. Dans les buts français, Fabien Barthez, en état de grâce actuellement avec l'OM, montera la garde comme à son habitude. Devant lui, Domenech a choisi une défense à quatre avec un axe monégasque et de l'expérience sur les côtés. La paire Givet-Squillaci est une nouvelle fois reconduite en défense centrale, malgré la mauvaise performance des deux joueurs en championnat samedi (4 buts encaissés à domicile face à Nice). A droite, pas de Jonathan Zebina, malgré son bon début de saison à ce poste avec la Juventus. Domenech lui a préféré Gallas qui, comme Thuram avant lui, occupe ce poste à contre-coeur, à défaut d'être titulaire dans l'axe. Même constat à gauche, où Silvestre, qui déclarait pourtant que sa place était dans l'axe et pas ailleurs, prend la place d'un Evra qui paie ainsi son inconstance au plus haut niveau. Le milieu de terrain défensif mis en place par Domenech allie expérience et fraîcheur. Aux côtés d'Olivier Dacourt, le mieux placé en l'absence de Vieira pour tenir tête physiquement aux rudes Irlandais, on retrouve le jeune Rio Mavuba, excellent avec Bordeaux, dont on espère qu'il ne sera pas trop tendre pour un tel rendez-vous. Pour animer le jeu tricolore, Domenech a choisi un tandem qui a déjà fait ses preuves à Arsenal. Pirès et Wiltord, respectivement à gauche et à droite, devront provoquer l'étincelle. Enfin, pour conclure les actions, Domenech fera confiance à Djibril Cissé, pourtant auteur d'un début de saison moyen avec Liverpool. Au contraire de Thierry Henry, toujours irrésistible à Arsenal, qui devra sortir de sa mauvaise période en Bleu (2 buts seulement en 10 matches). A noter que parmi les onze titulaires de l'équipe, trois seulement (Givet, Squilacci et Mavuba) n'ont jamais joué en Premier League. Domenech a donc choisi une équipe formée de joueurs qui connaissent ces Irlandais, qui jouent en grande majorité dans le championnat anglais.

Côté Irlandais, le sélectionneur Brian Kerr ne pourra pas compter sur son défenseur Richard Dunne. C'est le seul absent de la sélection irlandaise dont on ne connaît pas encore l'équipe de départ pour le match face aux Bleus. Dans les buts, les Français devront tromper la vigilance de Shay Given, portier de Newcastle. Au milieu de terrain, les Irlandais pourront évidemment compter sur leur leader, le toujours fringant Roy Keane, de retour depuis mai après des problèmes avec Mik McCarthy, l'ancien sélectionneur. En attaque, les défenseurs tricolores devront particulièrement se méfier du trublion de Chelsea, Damien Duff, et du buteur de Tottenham, Robbie Keane.

L'équipe de France titulaire samedi : Barthez – Gallas, Squillaci, Givet, Silvestre – Wiltord, Mavuba, Dacourt, Pirès – Henry, Cissé

La France est donc face à son destin, et peut face aux Irlandais trouver l'étincelle qui lancera la machine. Mais l'Eire ne l'entend pas e cette oreille, et se battra jusqu'au bout au Stade de France. Aux Bleus de dompter les Verts !

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