Exceptionnel ! Pour le dernier derby de la 9ème journée de championnat, Saint-Etienne et Lyon ont sorti le grand jeu. Au terme d'un match d'une intensité rare, les Lyonnais sont ainsi venus à bout de malheureux stéphanois qui ont dû, une nouvelle fois, s'incliner dans le dernier quart d'heure (2-3).

Les enjeux de la rencontre

En 80 rencontres entre les deux clubs distants d'une soixantaine de kilomètres, Saint-Etienne s'est imposé à 35 reprises face à l'Olympique Lyonnais, pour ne s'incliner que 20 fois. Mais l'époque où les Verts dominaient le championnat de L1 de la tête et des épaules n'est plus. Ce sont désormais leurs adversaires du soir qui luttent pour le titre et rivalisent avec les plus grands clubs européens. Les Verts sont aujourd'hui 17ème du championnat avec 7 points et n'ont réussi à l'emporter qu'à une seule reprise depuis le début de la saison (victoire 3-1 face à Auxerre). Loin de la 3ème place provisoire de l'OL, les Verts, jeunes promus, restent sur une défaite à Sochaux (1-2) et luttent donc pour échapper au bas de tableau. Mais rien ne vaut un derby contre leurs voisins rhodaniens pour remotiver les troupes. Car même si aucun des joueurs de l'effectif stéphanois n'a pu connaître les grands derbys des années 70 ou 80, tous connaissent l'importance d'une victoire des Verts sur les Lyonnais pour les supporters. «Ce sera peut-être un peu plus animé que lors d'un match de championnat. Nos supporters ont été sevrés de ce type de match. Ce sera bien entendu une rencontre particulière mais il restera onze joueurs contre onze autres sur la pelouse» assurait, sur le site sport24.com, le gardien de but stéphanois, Jérémie Janot, confiant également l'importance du public lors de ce derby. «Il y a tout le temps de l'ambiance. Mais ce jour-là, cela sera sûrement une arme en plus dont il faudra essayer de se servir au mieux» . Reste que pour résister aux assauts de l'ogre lyonnais, les Verts devront consolider une défense bien peu performante depuis le début du championnat avec déjà 11 buts encaissés. Et si l'attaque a connu une belle embellie lors de la seule victoire de l'ASSE (3-1), une moyenne d'un seul but par match reste insatisfaisante. D'autant plus qu'Elie Baup devra se passer des services d'Anthony Le Tallec, blessé à la cheville mais aussi de Fousseiny Diawara (torsion de la cheville).

Cela faisait trois ans que Lyonnais et Stéphanois n'avaient pu s'affronter. Trois ans que l'OL domine le championnat. C'est donc avec un statut bien différent que les hommes de Paul Le Guen se déplacent à Saint-Etienne. Forts de leurs trois titres consécutifs de champions de France et de leur 3ème place au classement général, les Lyonnais se déplacent donc avec une grosse étiquette de favoris accrochée sur le dos grâce, notamment, à leur excellent bilan à l'extérieur (10 points sur 12 possibles). Mais la tâche risque de ne pas être si facile pour Lyonnais. D'abord parce qu'il y a à peine quatre jours, les hommes de Paul Le Guen bataillaient ferme face à Prague pour remporter leur première victoire en Ligue des Champions version 2004-2005 et risquent donc de payer physiquement les efforts fournis en République Tchèque. Ensuite parce que les Lyonnais seront attendus par 11 joueurs et un 12ème loin d'être négligeable, le public de Goeffroy Guichard dont l'influenc risque d'être décisive dans ce derby. Enfin parce que les Rhodaniens, du fait de leur statut de favoris, auront plus de pression sur les épaules que leurs adversaires du soir. Mais tout comme les Stéphanois, les Lyonnais s'attendent à une belle montée d'adrénaline, celle qui permet de se surpasser. «Quoi qu'il arrive, je suis à 200% lyonnais et je n'ai qu'une envie c'est gagner. Quand je suis sur le terrain, que ce soit un ami ou pas en face, il faut que je gagne. On reste bons amis mais avec la victoire au bout ce sera beaucoup plus facile. Cela ne m'empêche pas d'avoir un grand respect pour mes adversaires. Ce ne sont pas pour moi les sales stéphanois. Ce sont des joueurs qui ont la chance d'être dans un des plus beaux clubs en France» témoignait ainsi le gardien lyonnais, Grégory Coupet, formé à l'ASSE. Après le match face à Prague, certains joueurs devraient souffler, d'autant plus que mis à part Elber et Abidal, aucune blessure sérieuse n'est à déplorer et que Paul Le Guen dispose d'un effectif quasiment au complet et donc d'un banc bien fourni.

Les faits de la rencontre

- Dans une ambiance de feu, les Verts ne perdent pas de temps pour se mettre en valeur. A peine le coup de sifflet donné, Pascal Feindouno, en contre, récupère le ballon. Arrivé aux 20 mètres, il frappe du droit. La balle rebondit juste devant Coupet qui s'empare de la balle, en deux temps (1').

- La rencontre part sur un rythme effréné. Wiltord, intenable sur son côté gauche récupère la balle, efface Camara et plus vite qu'il n'en faut pour le dire, tente une frappe à ras de terre. Bien placé, Jérémie Janot, se couche parfaitement (7').

- Pas le temps de souffler au stade Geoffroy-Guichard ! D'un camp à l'autre, les deux équipes jouent à 100 à l'heure. Après une belle montée côté gauche, Hellebuyck centre au deuxième poteau pour Marin. L'attaquant stéphanois tente la reprise de volée, repoussée par Berthod qui concède le corner. A la manoeuvre, Hellebuyck trouve la tête de Pascal Feindouno, libre de tout marquage. Malheureusement pour les Stéphanois, sa reprise passe juste au-dessus de la barre transversale (11').

- Les deux équipes se rendent coups pour coups. Les Lyonnais jouent rapidement et à l'aube du premier quart d'heure, mettent le feu à la défense stéphanoise. Berthod, conclue ainsi une belle action lyonnaise par un tir aux 10 mètres bien repoussé en corner par Camara. Le corner qui suit ne donne rien (15').

- Le public est chaud, les joueurs intenables, à l'image de Sylvain Wiltord. L'international français est taclé par derrière par Patrice Carteron et obtient un bon coup-franc pour les Lyonnais. Juninho, qui a dévissé son précédent coup-franc prend cette fois tout son temps. A 25 mètres sur la gauche de la surface, la balle du Brésilien contourne le mur stéphanois et prend le chemin des filets de Janot. Mais ce dernier, qui avait bien anticipé sur sa droite, repousse le ballon grâce à une superbe détente horizontale (19').

- Après plus d'une demi-heure de jeu, le rythme ne baisse toujours pas. Sur le côté gauche, Carteron sèche Malouda à l'entrée de la surface de la réparation et provoque le coup-franc. Du pain béni pour Juninho dont on connaît le talent sur coup de pied arrêté. Du plat du pied droit, le Brésilien enroule une nouvelle fois sa frappe et la place au même endroit que quelques minutes auparavant. Mais cette fois, Jérémie Janot, hors de portée, ne peut rien et la balle vient se ficher dans le petit filet intérieur de sa cage (1-0, 35').

- La deuxième période reprend sous les encouragements de Geoffroy-Guichard. Trois minutes après le coup d'envoi, Hellebuyck tire un corner sur la droite. Grégory Coupet dégage le cuir des deux poings mais le ballon arrive dans les pieds de Sablé qui tente sa chance à l'entrée de la surface. Le Stéphanois dévisse sa frappe mais dans la confusion, Ilunga récupère à gauche de la surface et décoche un tir surpuissant que Marin, juste devant le but, dévie, laissant Coupet impuissant (1-1, 48').

- Le Chaudron bouillonne depuis l'égalisation stéphanoise. Le public pousse les siens qui sont de plus déchaînés et se rapprochent dangereusement du but lyonnais. A l'angle gauche de la surface rhodanienne, Cris commet une grossière faute sur Zokora. Hellebuyck se charge une nouvelle fois du coup-franc et dépose le ballon sur la tête de Feindouno. Le Guinéen décroise bien sa reprise et trompe un Grégory Coupet totalement hors de portée (2-1, 61').

- Les Lyonnais, sans s'affoler, poussent en fin de match mais les Verts, soutenus par leur public, tiennent bon. Face à Carteron, à l'entrée de la surface, Frau décide de tenter sa chance du droit. La trajectoire de la balle est flottante mais Janot est bien sur la trajectoire et capte le ballon (69').

- Saint-Etienne est bien en place et se rapproche d'une belle victoire face à leurs voisins lyonnais. Mais attention aux Lyonnais dangereux jusqu'au bout. Govou s'avance balle au pied à droite de la surface mais trouve sur son chemin Jérémie Janot qui commet une faute indiscutable sur l'international français. M. Garibian siffle le penalty. Juninho s'élance mais Janot se déploie bien sur sa droite et repousse le ballon. Malheureusement pour les Verts, Juninho a suivi et envoie le ballon au fond des filets du gardien stéphanois qui ne peut pas sauver les siens (2-2, 87').

- A l'image du match, cette fin de rencontre est époustouflante. La petite perle brésilienne, Nilmar, récupère le ballon dans l'axe et décale parfaitement Govou sur la gauche. Dans la surface, le Lyonnais élimine Camara d'un crochet et frappe du droit. Le tir croisé de Govou est imparable, Janot doit s'incliner pour la troisième fois de la soirée (3-2, 90+2).

- Tout proche de l'exploit, les Stéphanois ont tout perdu en quelques minutes. Sans perdre espoir, ils se ruent une dernière fois à l'attaque. Sur un bon coup-franc d'Hellebuyck, Hognon coupe la trajectoire grâce à une papinade. Mais le ballon s'échappe du cadre et avec lui s'envolent les espoirs stéphanois (90+4).

La prestation de Saint-Etienne

Soutenus par un chaudron chauffé à blanc, les Verts ont commencé le match à 100 à l'heure. Sans retenue, les Stéphanois jouent les contre à fond dès le début du match, profitant à merveille de la vitesse de leurs deux flèches, Piquionne et Feindouno. Obligés de remonter le ballon rapidement pour contourner une équipe lyonnaise dont on connaît la vitesse de replacement, les Stéphanois sont parvenus à créer le danger en deux ou trois passes, montrant une belle capacité à faire le jeu. Au cours d'une première mi-temps totalement débridée, Saint-Etienne s'est procuré de nombreuses occasions mais a malheureusement manqué de réalisme et s'est surtout heurté à une bonne défense lyonnaise et à un très bon Grégory Coupet, toujours vigilant. Sérieux mais plus fébriles en défense, les Stéphanois ont toutefois bien contenu les assauts lyonnais même s'ils ont du céder sur le coup de patte de Juninho. Certainement transcendés par l'enjeu et remontés à bloc à la mi-temps, les hommes d'Elie Baup mettaient les bouchées doubles en seconde période et étaient vite récompensés de leurs efforts. Fougueux, rapides et enfin réalistes, les Stéphanois tenaient l'exploit. Bien en place face à des Lyonnais qui ne se ruaient pas littéralement à l'attaque, on pensait les Verts capables de faire mentir les statistiques et de ne pas encaisser le but dans un dernier quart d'heure souvent fatal pour eux. Assommés par le penalty de Juninho, ils sombraient en toute fin de match après le but de Govou. Mais malgré les trois points perdus, les Stéphanois ont montré de belles choses. Certainement poussés par l'enjeu et le contexte du match, ils ont pourtant su développer un jeu alléchant où d'aucun pourront voir des raisons d'espérer en des jours meilleurs.

Intenables en attaque, Frédéric Piquionne et Pascal Feindouno n'ont pas ménagé leurs efforts et ont tenté tout au long de la rencontre. Leur vitesse et leur percussion a souvent permis à l'attaque stéphanoise d'apporter le danger devant les cages de Grégory Coupet. Buteur, Nicolas Marin s'est toutefois montré plus discret. Au milieu, on peut saluer la performance d'Hellebuyck qui, outre ses qualités sur coup de pied arrêté, a su lui aussi apporter le danger vers les buts lyonnais, grâce notamment à une belle entente avec Feindouno et Piquionne. Enfin, la défense stéphanoise s'est dans l'ensemble bien comportée, ne cédant, sur action de jeu, qu'en toute fin de match, sur le but de Govou. Bien que concédant trois buts au cours de la rencontre, Jérémie Janot a montré qu'il était un excellent gardien. Faisant preuve d'une très belle détente sur le premier coup-franc de Juninho, il ne peut rien sur le premier but du Brésilien et stoppe le penalty du Lyonnais avant de devoir s'incliner par deux fois.

La prestation de Lyon

Face à des stéphanois survoltés, les Lyonnais ont répondu présent dès le début du match. Prenant le jeu à son compte, l'Olympique Lyonnais a montré sérieux et maîtrise tout au long de la première période. Quel que soit le secteur de jeu, les Lyonnais ont donné une belle impression de force durant les 45 premières minutes. Solides en défense, la force des hommes de Le Guen est d'avancer en bloc et de compliquer ainsi les relances de l'adversaire. Maîtrisant bien leurs adversaires en première mi-temps, les Rhodaniens ont été récompensés grâce à leur maître ès coup de pied arrêté, Juninho, même si, au nombre d'occasions franches, les Stéphanois ont été les vainqueurs. Pris à froid en début de deuxième mi-temps. Sans forcément baisser de rythme, les Lyonnais se sont fait surprendre par des Foréziens sur un nuage. Mais plutôt que de paniquer et de se ruer à l'attaque sans discernement, les Rhodaniens ont pris leur temps, préférant poser le ballon et construire plutôt que de jouer long. Grâce à un petit coup de rein supplémentaire et alors qu'on aurait pu craindre une baisse physique des joueurs en fin de match, après leur joute européenne, les Lyonnais ont réussi à prendre l'avantage au moment où on ne s'y attendait pas. Profitant d'une expérience européenne essentielle, d'une capacité indéniable à gérer les moments chauds, l'OL s'est sorti d'un match qui aurait pu être le match piège et a montré qu'une fois encore, il faudrait compter sur lui dans la course au titre.

Comme à l'habitude, Grégory Coupet a réalisé un bon match, solide mais peut-être un peu statique sur le deuxième but stéphanois. En revanche, Juninho a de son côté réussi un match plein. On le disait moins performant, moins précis. Et bien le Brésilien a fait taire les mauvaises langues ce soir. Auteur d'un superbe but sur coup-franc et d'un autre sur un penalty en deux temps, le Brésilien a mis son équipe sur orbite, inscrivant ses deux buts à des moments décisifs. Montrant ainsi qu'il faut compter sur lui à chaque coup de pied arrêté aux abords de la surface, sa performance face à Saint-Etienne met ainsi la pression sur ses futurs adversaires. Autre Brésilien à s'être montré décisif, Nilmar qui, dans le dernier quart d'heure, a permis à Govou de signer le but de la victoire. Enfin, en attaque, Govou a une nouvelle fois beaucoup tenté et a été récompensé de ses efforts en fin de match. Quant à Sylvain Wiltord, s'il a été puissant et rapide en début de match, il s'est peu à peu étiolé et n'a plus, peu à peu, pesé sur la défense stéphanoise.

Malgré un superbe match, les Stéphanois n'ont pas su préserver leur avance et ont du s'incliner face à la maîtrise et à l'expérience lyonnaise. Et si les hommes d'Elie Baup ne doivent pas regretter la manière dont ils se sont battus, ils peuvent regretter les trois points perdus. Toujours 17ème du championnat, les Verts auraient pu prendre une bonne bouffée d'oxygène. De leur côté, les Lyonnais se placent idéalement à la 2ème place du classement, devancé, au goal average, par de surprenants Lillois.

La fiche technique

Saint-Etienne 2 – 3 Lyon (0-1)
Stade Geoffroy-Guichard : 35 000 spectateurs environ
Arbitre : M. Garibian

Avertissements : Carteron (34’), Ilunga (71’), Janot, (87’)– Cris (60’), Juninho (88’),Govou (90+3)
Buts : Marin (48’), Feindouno (60’) – Juninho (35’ et 87, s.p.), Govou (90+2)

Les équipes :

Saint-Etienne : Janot – Carteron, Camara, Hognon, Ilunga – Zokora, Feindouno, Sablé, Hellebuyck – Marin, Piquionne (Compan, 90+1)

Lyon : Coupet - Réveillère, Berthod (Frau, 69’), Caçapa, Cris – Malouda, Diarra (Nilmar, 75’), Essien, Juninho (Diatta, 90’)– Wiltord, Govou