Folle journée
hier dans la cité phocéenne et dans les médias ! L'annonce
en milieu de journée du retour de Bernard Tapie au sein de l'Olympique
de Marseille, quoique attendue, a fait l'effet d'une bombe et a été
suivie d'une floppée ahurissante de déclarations. Ces dernières
constituent l'essentiel de ce dossier Maxifoot exceptionnel !
On en parlait. On glosait sur l'invitation
lancée soudainement par Bernard Tapie à Robert Louis-Dreyfus
pour le recevoir dans son talk show câblé, où
le premier cité a un peu fait au second la leçon à
propos de la gestion de l'OM. On dissertait sur les non-démentis
de RLD concernant le retour de Tapie à Marseille... Et bien tout
a été dévoilé hier, déchaînant
un flot médiatique impressionnant et un nombre de déclarations
démentiel.
<SOMMAIRE DU DOSSIER>
I.
Les modalités du retour
II.
Les déclarations : des avis mitigés
I. Les modalités du retour
Le communiqué officiel
Tout est parti de ce communiqué
de Louis-Dreyfus, président de l'OM, peu avant 13 heures : en voici
l'intégralité.
"L'OM, depuis deux saisons, connaît
des déconvenues qui mettent le club dans une situation indigne de
son rang et que mes très importants efforts financiers personnels
n'ont pas réussi à infléchir. Malgré ces difficultés,
ma volonté de voir grandir l'OM et de pérenniser le club
parmi les grands d'Europe est toujours aussi affirmée. C'est d'ailleurs
dans ce contexte que j'avais annoncé mon désir d'ouvrir le
capital à de nouveaux partenaires. Le premier que j'ai choisi est
Bernard Tapie. Nous nous connaissons bien et nous apprécions suffisamment
pour relever ensemble ce défi. Bernard, compte tenu de ses engagements
en cours, ne sera présent au Club que lundi prochain. Outre sa qualité
d'associé, il prendra en charge toute la partie sportive du Club.
Quant à moi, qui reste actionnaire majoritaire, je continuerai à
assumer les responsabilités de stratégie générale
et de gestion. L'OM doit désormais rentrer dans une nouvelle dynamique.
Pour cela ma motivation reste intacte. Les Marseillais auront une Equipe
à la hauteur de leurs espérances. C'est ce à quoi
je me suis engagé depuis le premier jour."
En gros, Bernard Tapie devient actionnaire
minoritaire du club et manager sportif ayant dimension de président-délégué,
qu'il le veuille ou non pour cette dernière.
Le faux scoop de La Provence
Du coup, l'interview parue le matin
même dans le quotidien La Provence devenait, au choix, obsolète
ou éclairante
a posteriori. Tapie y disait : "la balle
est dans mon camp". Il annonçait une décision pour "la
fin de la semaine au plus tard". Il confirmait que RLD était
d'accord sur le principe, car "s'il ne l'était pas, ça
fait longtemps qu'il aurait démenti". Il laissait entendre la
proximité d'un dénouement : "Il est clair que l'on ne
va pas jouer avec les gens pendant des mois ; donc là, ou bien c'est
oui ou bien c'est non, mais en tout cas, c'est quelque chose d'imminent
parce que la situation du club est telle qu'il n'y a rien de pire que d'entretenir
l'espoir pour certains et le désespoir pour d'autres, sans jamais
rien concrétiser." Tout ça n'aura pas duré bien
longtemps : Tapie a donc pris sa décision hier.
Le retour après la déchéance
Tapie était visiblement réclamé
par une bonne partie du public marseillais, bien plus prompt à se
remémorer l'extraordinaire palmarès obtenue sous sa houlette
que les délits graves révélés par la suite.
Tapie a en effet été le président de l'OM de 1986
à 1994 : durant cette période, les pros ont gagné
cinq championnats d'affilée, trois coupes, et une Ligue des Champions,
la première du nom et la première coupe européenne
de l'histoire du football français - tout le monde s'en souvient,
c'était un beau soir de mai 1993 à Munich contre le Milan
AC (1-0), but de Basile Boli d'un coup de boule magistral, etc...
Mais une tentative avérée
de corruption de joueurs de Valenciennes pour arranger un nul en championnat
sur le terrain de ce club, favorable et à l'obtention du titre par
l'OM (celui de 1993, nominalement retiré et jamais attribué
par la LNF) et au maintien pour son adversaire, précipitait la chute
de Tapie et la relégation du club à la fin de la saison suivante,
à l'été 1994, en guise de sanction. L'affaire des
comptes truqués du club allait finir de faire tomber Tapie, qui
a ainsi purgé 8 mois de prison ferme en 165 jours pour l'affaire
VA-OM, et reste sous le coup de 3 ans de prison avec sursis pour les comptes
frauduleux. Il a également perdu momentanément ses droits
civiques, ce qui a mis fin à une carrière politique qui l'a
vu atteindre le poste de minitre de la Ville en 1992.
Des changements en perspective
Après avoir fait l'acteur
et le présentateur télévisé, Tapie revient
donc à l'OM dans un rôle de sauveur. Depuis l'arrivée
de RLD en 1996, 900 MF de francs n'ont amené qu'une deuxième
place et une finale perdue de Coupe de l'UEFA, en 1999 - deux pics de performances
qui ont lancé le début de la fin pour l'OM du siècle
passé. Mais le passé, justement, de Tapie, ne passe pas toujours,
c'est selon, et le futur avec lui en angoisse aussi quelques-uns et en
enchante d'autres...
Certains joueurs pourraient ne pas
apprécier cette arrivée : N'Gotty, qu'il a qualifié
devant RLD de "préretraité", et surtout Florian Maurice
et Frédéric Brando, qui ont pour agent Jean-Pierre Bernès,
l'ancien bras droit de Tapie à l'OM, avec qui les relations sont
évidemment plus que tendues depuis les affaires suscitées.
Et comme globalement Tapie est insatisfait de l'effectif, il devrait y
avoir un énorme brassage...
Le coordinateur sportif Jean-Christophe
Cano et l'entraîneur espagnol Javier Clemente - Tapie veut d'un coach
francophone, à l'en croire - ne sont pas non plus certains de pouvoir
rester.
A l'occasion du tumulte, la rumeur
d'un investissement de TF1 (et donc de Bouygues, vieux parteniaire de Tapie)
dans le club olympien a également reparu, mais la chaîne a
formellement démenti vouloir s'engager dans aucun club de football.
Mais pour se faire une idée
du séisme provoqué par ce retour fracassant, rien ne vaut
les déclarations multiples et variées enregistrées
tout au long de la journée d'hier...
<SUITE
DU DOSSIER TAPIE A L'OM (2)>
II. Les
déclarations : des avis mitigés
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