Un détour
par la D2 vous présente une analyse détaillée des
faits marquants de la semaine. Retrouvez un coup d’œil sur l'équipe
du jour avec Ajaccio qui a décroché son billet pour la D1
après son succès sur Niort (1-0), les joueurs-clés
de la semaine comme Pape Thiaw (Strasbourg) ou Jean-Michel Lesage (Le Havre),
le gros plan de la semaine sur Guilhermo Mauricio, le buteur de Laval,
les coulisses avec Frédéric Antonetti qui tacle sévèrement
ses joueurs après la défaite des Verts à Geoffroy-Guichard
devant Caen (0-1), et Rolland Courbis qui prépare déjà
la saison prochaine.
Un coup d'oeil sur l'équipe
du jour : Ajaccio
La pendule s'approchait doucement
de vingt-deux heures, samedi dernier, lorsque l'arbitre a donné
le coup de sifflet final de la rencontre qui opposait Ajaccio à
Niort (1-0). Rolland Courbis pouvait alors afficher un large sourire :
sa formation venait de décrocher son billet pour la première
division et l'ancien entraîneur de l'Olympique de Marseille venait
de gagner son défi en faisant monter le club Corse parmi l'élite.
Le pari pouvait paraître incroyable au début du présent
exercice avec un slogan " Pourquoi pas nous ", placardé sur les
murs de la vile, qui en disait long sur les intentions de la formation
ajaccienne. Pourtant, quelle équipe ne rêve pas en début
de saison d'être la bonne surprise du championnat et de suivre les
récents exemples de Sedan et de Troyes. Les coéquipiers de
Cyril Granon l'ont fait, en retrouvant une élite que le club Corse
avait quittée à l'issue de la saison 1972-1973. Le capitaine
d'Ajaccio pouvait donc se laisser bercer par cette liesse populaire qui
s'est emparée de l'Île de Beauté au coup de sifflet
final de monsieur Lannoy, l'arbitre de cette rencontre : " C'est l'apothéose
quand on sait d'où l'on vient. Avec Eric Colling, nous sommes arrivés
tous les deux au club alors qu'il était en National. Nous retrouvons
la D1 après l'avoir connue à nos débuts, Eric à
Mulhouse et moi-même à Monaco. C'est tout simplement extraordinaire.
Il faut donner un coup de chapeau au groupe qui a réalisé
un véritable exploit au cours d'une saison parfaite. "
La ville a fêté comme
il se doit le retour en première division avec un concert de klaxons
et des embouteillages qui ont rapidement envahi les rues d'une ville qui
n'avait plus connu une telle effervescence depuis bien longtemps. Le héros
de tout un peuple, le président Michel Moretti, a même été
porté en triomphe dans l'ivresse et la joie de la victoire. Ce dernier
a réussi l'impensable pari de ramener la formation Corse au sommet
du football professionnel en l'espace de dix ans, puisqu'il a pris les
commandes du club en 1992 : " C'est l'aboutissement d'un rêve
vieux de dix ans, reconnaissait-il après cette dix-huitième
victoire de la saison. A l'époque où nous avons repris
le club alors en PHA, nous avions fait le pari un peu fou de le ramener
en D1. C'est le fruit d'un travail permanent. L'arrivée de Rolland
Courbis cette saison a transcendé les joueurs et nous a permis de
transformer le rêve en réalité. " N'oublions pas
que cette réussite, il la doit également à Baptiste
Gentili qui a conduit cette formation de la PH à la seconde division,
avant d'être remercié en fin de saison dernière !
Les visages étaient pourtant
tendus au coup d'envoi car il fallait aller chercher un succès devant
des chamois qui jouaient l'esprit libre et qui ne se présentaient
pas en victimes désignées au stade François Coty.
L'oreille collée au transistor, un dirigeant tenait informé
Rolland Courbis de l'évolution des scores dans les autres rencontres.
Lorsqu'il apprend que Beauvais est mené à Créteil,
il va alors exhorter ses troupes pour qu'elles parviennent enfin à
faire sauter le verrou niortais. Et le suspense a été maintenu
jusqu'à la 82ème minute et une tête victorieuse de
Sébastien Squillaci. Le peuple Corse s'est alors enivré de
bonheur. Le mot de la fin pouvait alors revenir légitimement à
Rolland Courbis qui a su insuffler un vent nouveau à cette formation
bourrée de talents : " Je suis soulagé car nerveusement,
cela devenait de plus en plus difficile. C'est peut-être le destin
en ce qui me concerne puisque je faisais partie, alors jeune pro, de l'équipe
ajaccienne qui a été reléguée en D2 au terme
de la saison 1972-73. C'est tout simplement magnifique. " Pour faire
taire les mauvaises langues, il espère maintenant décrocher
le titre de champion de France de division 2, pour inscrire enfin une ligne
digne de ce nom sur son palmarès d'entraîneur. A suivre...
Les joueurs clés de la
semaine
Sébastien Squillaci (Ajaccio)
Le jeune stoppeur de la formation
de Rolland Courbis n'est pas près d'oublier la soirée du
6 avril dernier. En effet, non seulement son équipe a décroché
son billet pour l'élite en disposant de Niort (1-0), mais en plus
il a marqué le but le plus important de sa jeune carrière,
en délivrant le peuple Corse dans les dix dernières minutes
de la partie. Sur un corner de Cyril Granon, Sébastien Squillaci
s'est élevé plus haut que tout le monde pour propulser le
ballon de la tête, hors de portée de Marichez (82è).
Ce but ne restera certainement pas sans lendemain pour ce joueur prometteur
qui n'est que prêté par Monaco. Didier Deschamps voudra certainement
le récupérer en vue de la saison prochaine.
Pape Thiaw (Strasbourg)
Arrivé cet hiver en Alsace
de Lausanne pour renforcer le potentiel offensif des hommes d'Ivan Hasek,
Pape Thiaw a éprouvé quelques difficultés à
s'adapter au jeu prôné par sa nouvelle formation. L'ancien
pensionnaire du centre de formation de Saint Etienne s'est illustré
de fort belle manière lors du déplacement à Amiens
(0-2), le week end dernier. En effet, la rencontre n'est commencée
que depuis quatre minutes lorsque le sénégalais échappe
à la défense amiénoise, avant de venir effacer Lachuer
pour mettre son équipe sur le chemin du succès. Il marque
par la même occasion son premier but sous ses nouvelles et aspire
comme le reste de ses coéquipiers à rejoindre l'élite
à la fin du présent exercice, pour donner la plénitude
de son talent au plus haut niveau.
Jean-Michel Lesage (Le Havre)
Le match au sommet de la trente-cinquième
journée se déroulait incontestablement sur la pelouse du
Havre qui accueillait Nice (1-1), dans un match qui sentait la poudre.
Les hommes de Sandro Salvoni pensaient tenir leur victoire puisqu'il menait
1-0 et le tableau d'affichage indiquait la dernière minute du temps
réglementaire. C'était sans compter sur la persévérance
de Jean-Michel Lesage, intenable tout au long de la partie, et qui va trouver
in extremis la récompense de tous ses efforts. Il va ainsi récupérer
une balle à 20 mètres des buts de Bruno Valencony, avant
de décocher une frappe enveloppée sur laquelle le portier
niçois n'a pas eu le loisir d'esquisser le moindre geste (90è).
Ce but (son dixième de la saison) permet au havrais de conserver
leur seconde place au classement et de rester plus que jamais en course
pour l'accession.
Claude Dambury (Créteil)
L'arrivé de l'ancien entraîneur
de Calais a, semble-t-il, insufflé un nouvel état d'esprit
au club de Créteil qui retrouve des couleurs au bon moment dans
le dernier sprint de cette éprouvante saison. Claude Dambury a ainsi
réalisé une performance de tout premier plan lors de la venue
de Beauvais (1-0). Ce dernier va réaliser un slalom dans la défense
des beauvaisiens avant d'adresser une superbe frappe qui va terminer sa
course dans la lucarne de Weber (62è). Ce but permet à sa
formation de prendre trois points très importants dans l'optique
du maintien et de rester bien positionnée à cette dix-huitième
place, juste au dessus des deux relégables. Il marque par la même
occasion son premier but sous les couleurs de Créteil et, nul ne
doute dans les travées du stade Duvauchelle, que ce dernier vaudra
cher au moment du décompte final.
Le gros plan de la semaine :
Guilhermo Mauricio, fer de lance
de l'attaque lavalloise
L'attaquant mayennais s'est révélé
cette saison aux yeux du grand public dans ce difficile championnat de
division 2, grâce à une efficacité dans le dernier
geste qui fait aujourd'hui de lui un joueur reconnu et convoité
par les meilleures formations du championnat et même par quelques
équipes de l'élite. Le joueur conscient de réaliser
la plus belle saison de sa carrière reste dubitatif concernant son
avenir et préfère se concentrer sur la fin du championnat
pour confirmer son potentiel, en se montrant régulier dans ses performances
: " C'est la grande inconnue. C'est vrai que je réalise la meilleure
saison
de ma carrière mais c'est aussi grâce à mes coéquipiers.
Pour l'instant, je me consacre à la fin de championnat avec Laval,
et on verra après. Je peux tout simplement dire qu'il me reste un
an de contrat et que je n'ai pas reçu de propositions pour le moment.
" Les prochaines semaines vont donc s'avérer décisives
pour ce joueur qui, à vingt-sept ans, semble désormais en
mesure de donner la plénitude de son talent.
Pourtant le début de championnat
calamiteux de sa formation, avec six défaites pour deux victoires
seulement en l'espace de huit journées de championnat, ne laissait
pas présager d'une telle issue pour cet attaquant soumis à
une rude concurrence sur le front de l'attaque mayennaise. En effet avec
Lionel Prat, Lionel Rouxel, Dramane Coulibaly et consort, Victor Zvunka
disposait d'un potentiel offensif dont se contenterait bon nombre d'entraîneurs
de notre championnat. Malgré cette rude concurrence, Guilhermo Mauricio
a su, à bon escient, tirer son épingle du jeu puisqu'il est
actuellement le meilleur buteur de sa formation avec treize réalisations.
Il a ainsi largement dépassé son total de la saison dernière
où il avait trouvé la faille à neuf reprises dans
les défenses adverses. Il est donc devenu en l'espace d'une saison
l'homme providentiel de son équipe. Souvent décisif lors
des succès lavallois, Guilhermo Mauricio n'est pas habitué
à se retrouver sous les feux des projecteurs : " Je ne suis pas
trop habitué à ce qu'on parle de moi, et j'en suis très
fier. " Même s'il n'a pas suivi la même trajectoire que
ses anciens partenaires du Red Star, Steve Marlet ou Didier Thimothée,
il est en ce moment à un tournant dans une carrière qui pourrait
prendre un virage inattendu à la fin de la présente saison.
Le public du stade Francis Le Basser
n'a pas oublié le festival qu'il avait réalisé devant
Wasquehal lors de la trentième journée. Ce jour là,
il semblait voler sur la pelouse avec à la clé le premier
triplé de sa carrière, et deux buts en l'espace de dix minutes
qui enlevaient tout suspense à la rencontre. Auteur de huit buts
sur les neuf dernières journées de championnat, il demeure
la principale force de frappe de son équipe qui n'a pourtant plus
rien à craindre ni à espérer dans cette fin de saison.
L'avenir se profile donc sous les meilleurs auspices pour l'attaquant lavallois
qui garde pourtant les pieds sur terre malgré sa réussite
actuelle : " Je suis ouvert à tout. Je ne fait pas d'illusions,
je ne jouerais pas en D1 car les clubs qui recrutent en D2 prennent souvent
des jeunes. Mais je suis prêt à rester à Laval, je
ne veux pas partir à tout prix. Mais bon, on parlera de tout ça
en juin. Je préfère rester concentré sur la fin du
championnat. " Laval dispose d'une bonne base en vue de la saison prochaine
car si les hommes de Victor Zvunka s'étaient montrés plus
réguliers tout au long de la saison, ils auraient pu venir se mêler
à la lutte pour l'accession. Alors pourquoi pas la saison prochaine
avec Guilhermo comme principale arme offensive ? " Nous avons connu
deux périodes noires, reconnaît le numéro 13 de
Laval. La première en début de saison et une seconde en
décembre et janvier. C'est inexplicable mais surtout dommageable
parce qu'on était bien relancés après notre entame
catastrophique. Si nous avions pu prendre six ou neuf points en plus, aujourd'hui,
on se battrait pour la montée. " La récente victoire
obtenue à Gueugnon (3-4), le week end dernier, en atteste, il faudra
compter sur Laval pour la saison 2002-2003. Alors va-t-il rester une saison
de plus en Mayenne ? Réponse dans les prochaines semaines...
Les coulisses de la semaine :
Saint Etienne : Frédéric
Antonetti tacle ses joueurs !
La performance de la formation stéphanoise
n'a été que très peu appréciée par le
technicien stéphanois, Frédéric Antonetti, qui s'est
montré très dur avec ses joueurs à l'issue de cette
nouvelle désillusion et une nouvelle défaite dans le chaudron
devant Caen (0-1) : " Par rapport au dernier match, nous avions six
titulaires sur le flanc. J'avais annoncé que nous préparions
la prochaine saison mais certains joueurs n'ont vraiment pas marqué
des points. Je pense surtout aux jeunes. Il faut reconstruire une équipe.
Ce public mérite mieux. Il a été berné par
les responsables sportifs qui m'ont précédé. Je suis
prêt à relever le défi. " Le message a le mérite
d'être clair et n'épargne pas les joueurs qui ont pourtant
tout tenté, à l'image du jeune Pathé Bangoura intenable
tout au long de la rencontre, pour offrir un spectacle digne de ce nom
au merveilleux public de Geoffroy Guichard. L'opération reconstruction
n'a donc pas commencé sous les meilleurs auspices dans le Forez,
avec une nouvelle défaite qui reflète parfaitement la saison
qu'est en train de vivre la maison verte. Les joueurs en fin de contrat
au mois de juin n'ont qu'à bien se tenir dans les prochaines semaines
sous peine de voir leur avenir en vert s'obscurcir en vue de la saison
prochaine !
Ajaccio pense déjà...à
la saison prochaine
Rolland Courbis prépare déjà
activement le grand retour d'Ajaccio au sein de l'élite. La nuit
d'ivresse qui a suivi la montée en division 1 a bien vite été
digéré sur l'Île de Beauté car avec des moyens
financiers plus que limités, le club Corse va devoir se montrer
malin pour construire une équipe capable de tenir la route pour
aller défier Marseille, Bordeaux et consort la saison prochaine.
Le nouvel homme fort du football ajaccien s'est déjà montré
actif en obtenant l'accord de Stéphane Grégoire (Rennes),
un professionnel exemplaire qui devrait convenir parfaitement aux joutes
du football Corse. Ce joueur est apprécié également
pour sa polyvalence puisqu'il peut aussi bien évoluer en défense
qu'au milieu de terrain. D'autres noms circulent dans les travées
du stade François Coty, mais ces rumeurs sont-elles bien fondées
? L'avenir nous le dira, mais les noms de Hervé Alicarte (Boredeaux),
Nasser Ouadah (Niort), Djamel Belmadi (Marseille) et Grégory Lacombe
(Monaco) reviennent dans les conversations ces derniers jours. On parle
aussi du retour de deux anciens bastiais sur le territoire Corse : Bruno
Rodriguez (Lens) et François Modesto (Calgari). Les supporters en
salivent déjà. A suivre...
La prochaine journée
36ème journée–13 avril
2002-20h00
Strasbourg-Gueugnon
Beauvais-Wasquehal
Caen-Créteil
Châteauroux-Le Mans
Istres-Le Havre
Laval-Grenoble
Nancy-Saint Etienne
Nice-Martigues
Niort-Amiens
Nîmes-Ajaccio (le 14/04 à
18h15)
A la semaine prochaine, pour un
nouveau détour par la D2.
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