Nigeria : l'inévitable fiasco
Tenu en échec par l'Afrique du Sud (1-1), mardi, le Nigeria a manqué une de ses dernières chances de finir en tête de son groupe. Désormais distancés, les Super Eagles devront compter sur un miracle pour obtenir leur ticket pour la Coupe du monde 2026.

Le Nigeria a beau être un grand nom du football africain, son statut ne le protège plus des désillusions. Finaliste de la dernière CAN, la sélection aux trois titres continentaux abordait les éliminatoires avec l'ambition de confirmer son rang.
Pendant que d'autres nations progressent, les Super Eagles stagnent, voire régressent. Le football africain n'attend plus personne et même un géant historique peut se retrouver dépassé au point de filer vers un fiasco retentissant.
Une campagne très mal engagée
La quinzaine écoulée a résumé les limites actuelles du Nigeria. Difficile vainqueur du Rwanda (1-0), samedi, le vice-champion d'Afrique a été tenu en échec en Afrique du Sud (1-1), mardi. Ce nul à Bloemfontein contre le leader du groupe a définitivement enterré leurs chances de qualification directe, puisque les Bafana Bafana restent solidement en tête avec six points d'avance à deux journées du terme. Dans le même temps, le Bénin a profité de la faiblesse du Lesotho (4-0) et s'est installé à la deuxième place, synonyme de barrages potentiels pour la prochaine Coupe du monde.
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Avec seulement deux succès en huit matchs, le Nigeria affiche un total famélique de 11 points. Même un carton plein en octobre ne lui permettrait d'atteindre que 17 points, insuffisants pour figurer parmi les quatre meilleurs deuxièmes. Le contraste est d'autant plus cruel que le format élargi à 48 équipes semblait devoir lui garantir une présence. Déjà éliminé en barrages en 2022 par un Ghana en difficulté (0-0, 1-1), alors qu'il avait réussi l'exploit de sortir l'Algérie et le Cameroun pour aller en Russie en 2018, le Nigeria confirme cette étrange tendance à s'écrouler quand la voie semble dégagée.
Un collectif déséquilibré
Sur le papier, l'effectif nigérian est pourtant l'un des plus impressionnants du continent. Victor Osimhen, Ademola Lookman ou encore Victor Boniface font parties des attaquants qui comptent en Europe. Pourtant, la sélection peine à concrétiser ce potentiel offensif. Le buteur de Galatasaray, qui s'est encore blessé face au Rwanda, n'a pas retrouvé de continuité. Son compère de l'Atalanta n'a pas enchaîné après son Ballon d'or africain, et se retrouve à court de forme après un été marqué par son transfert avorté à l'Inter. L'abondance offensive se transforme en gâchis, faute de liant et d'animation.
Derrière, les failles sont béantes. William Troost-Ekong, MVP de la dernière CAN, n'a pas suffi à sécuriser une défense trop souvent remodelée, marquant même contre son camp dans le choc face à l'Afrique du Sud. Calvin Bassey, buteur dans cette même partie, apporte de l'impact, mais les latéraux s'exposent et laissent des espaces dans leur dos. Le milieu manque d'un véritable créateur, Wilfred Ndidi se contentant d'assurer le volume sans orienter le jeu. L'équipe apparaît coupée en deux, fragile derrière et brouillonne devant.
Un vivier mal exploité
Le paradoxe nigérian saute aux yeux. Derrière cette campagne ratée se cache pourtant un réservoir immense. Les U20 ont atteint les demi-finales de la dernière CAN U20 et plusieurs jeunes talents poussent déjà à la porte. Mais cette richesse est mal utilisée. La sélection continue d'empiler les ailiers et les attaquants sans diversifier son effectif, notamment au poste de meneur de jeu ou de latéral gauche, où les manques persistent. Un manque de créativité et de fiabilité à des postes clés qui ne permet pas à l'équipe première de se renouveler sur la durée face à des adversaires mieux armés.
À ces problèmes structurels s'ajoutent les éternels soucis institutionnels. La fédération a enchaîné les sélectionneurs, sans projet durable, et continue de plomber la préparation par ses retards de primes et ses conflits internes. Même les infrastructures sont pointées du doigt, le stade d'Uyo ayant été suspendu pour incidents récents. Ce mélange d'instabilité et de désorganisation empêche l'équipe de progresser. Dans un contexte où l'Afrique du Sud et le Bénin laissent peu de points, le Nigeria donne l'image d'une puissance incapable de se réinventer et qui fonce droit dans le mur.
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