Norvège : raz-de-marée nordique
Vingt-cinq ans après sa dernière apparition dans un grand tournoi, la Norvège entrevoit enfin la lumière. Avec un cinq sur cinq et une démonstration offensive contre la Moldavie (11-1), mardi, les Løvene tiennent leur destin entre leurs mains dans la course à la Coupe du monde 2026.

L'interminable attente va peut-être prendre fin. Privée de compétition internationale depuis l'Euro 2000, la Norvège a multiplié les rendez-vous manqués, de barrages douloureux en éliminatoires inachevés. Le temps semblait figé, comme si chaque génération devait revivre le même scénario, incapable de briser la malédiction. L'Euro 2024, raté une fois de plus, avait renforcé ce sentiment d'impuissance malgré la présence de talents individuels de tout premier plan.
Or, depuis quelques mois, la dynamique s'est inversée. Les victoires se succèdent, parfois avec une ampleur impressionnante, et l'équipe renvoie désormais l'image d'un collectif sûr de lui. Il reste encore à franchir les dernières étapes, mais l'idée de voir les Norvégiens disputer enfin une Coupe du monde depuis 1998 ne relève plus du rêve. La génération actuelle a placé le pays dans une position favorable qu'aucune autre n'avait su atteindre depuis un quart de siècle.
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Une campagne enfin sous contrôle
En effet, les cinq premiers matchs des éliminatoires ont tous été remportés, avec un total de vingt-quatre buts marqués pour seulement trois encaissés. L'équipe de Ståle Solbakken trône en tête de son groupe avec quinze points, tandis que l'Italie, balayée à Oslo (3-0), début juin, ne compte que neuf points en quatre matchs. Même en cas de victoire lors de sa rencontre en retard, la Squadra Azzurra resterait à portée. L'écart est renforcé par la différence de buts : +21 pour la Norvège contre +5 seulement pour les Italiens.
Le calendrier à venir confirme cette impression. La réception d'Israël puis celle de l'Estonie pourraient suffire à valider la qualification avant un déplacement à Rome mi-novembre. Même un revers en Italie n'hypothéquerait pas les chances norvégiennes, tant l'avantage au classement est important. Ce scénario contraste fortement avec les campagnes passées, souvent marquées par des calculs interminables et la dépendance aux résultats des autres. Cette fois, la Norvège s'appuie sur sa propre force et trace sa route avec assurance.
La force d'un collectif renouvelé
Si le pays nordique avance enfin, ce n'est plus uniquement grâce à Erling Haaland. L'attaquant de Manchester City reste l'arme fatale avec quarante-huit buts en quarante-cinq sélections, dont un quintuplé contre la Moldavie. Mais autour de lui, le niveau s'est élevé. Martin Ødegaard, capitaine d'Arsenal, a pris les commandes du jeu et délivré cinq passes décisives sur cette campagne qualificative. Alexander Sørloth s'est imposé comme un relais solide en attaque, tandis qu'Antonio Nusa a apporté vitesse et percussion. Même les plus jeunes s'invitent déjà dans la danse, à l'image de Thelo Aasgaard, auteur d'un quadruplé en sortie de banc.
La solidité ne se limite plus au secteur offensif. Julian Ryerson a stabilisé le couloir droit avec Dortmund, Ørjan Nyland a gagné en régularité dans les cages et le duo formé par Felix Horn Myhre et Sander Berge offre un équilibre précieux au milieu malgré la retraite internationale anticipée de Fredrik Aursnes. Le changement majeur se situe dans la profondeur de l'effectif. Les remplaçants ne viennent plus seulement combler des absences, ils apportent un impact réel. Cette densité nouvelle tranche avec le passé et donne à Solbakken une palette de solutions qui n'existait pas auparavant et qui a longtemps fait défaut à cette nation.
Haaland, l'heure de vérité
Reste le visage le plus attendu. Brillant avec son club, Haaland a longtemps été critiqué pour ses performances en sélection, jugées en retrait par rapport à son rendement en Premier League. Sa carrière internationale se résumait jusque-là à des éliminatoires sans lendemain, à des buts face à des petites nations sans impact majeur. Le risque de le voir traverser sa carrière sans disputer de tournoi majeur planait sérieusement, à la différence d'autres figures comme Zlatan Ibrahimovic, Gareth Bale ou Khvicha Kvaratskhelia, qui ont tous des images avec leurs pays respectifs sur la scène internationale.
La situation a changé. Haaland, même moins impressionnant en club qu'à une certaine époque, n'est plus seulement un buteur en série, il influe aussi par son pressing, ses remises et ses déplacements. Il entraîne l'ensemble de son équipe dans son sillage. Sa présence en Coupe du monde ne serait pas seulement une récompense individuelle mais aussi une reconnaissance pour tout un pays. On ne demande pas à la Norvège de viser le trophée, mais de redevenir visible au plus haut niveau. Et sauf catastrophe, le goleador aura enfin l'occasion de défendre ses couleurs au coeur de l'été 2026.
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