Suspendu pour 5 matches par l'UEFA, Djibril Cissé voit s'envoler son ticket pour l'Euro au Portugal. Pour Santini, le casse-tête est de taille à 3 mois de la compétition : comment pallier l'absence de celui qui était devenu le n°3 de l'attaque des Bleus ? Entre un remplacement poste pour poste et un élargissement des options, décryptage des possibilités.

Un coup de pied, une suspension, trois possibilités

La fin des qualifications pour l'Euro sonne la fin des essais pour le groupe France. Santini l'avoue à demi-mot après Slovénie–France (0–2 en sept. 2003) : «Si l'équipe de France veut bien figurer à l'Euro, il va falloir affiner et progresser dans cette collectivité» . L'heure n'est plus aux expérimentations. A ce moment-là, Cissé peut légitimement nourrir de gros espoirs quant à sa sélection pour la compétition européenne. Buteur pour ses deux titularisations sous l'ère Santini (Chypre–France, 1–2 et France–Egypte, 5–0), il est devenu le remplaçant de luxe de l'indéboulonnable Thierry Henry, même si ce rôle ne lui donne pas un gros temps de jeu (280 minutes en 7 participations depuis la Coupe du Monde). Las, l'UEFA en a décidé autrement. En suspendant Cissé pour 5 matches suite à son geste lors du match espoirs France–Portugal, elle le prive de fait de l'Euro 2004 (6 matches pour les deux finalistes). Décision injuste ou geste inexcusable, le débat est sans doute loin d'être clos. La sanction, elle, est définitive, et Santini doit rayer un nom de sa liste. Trois possibilités s'offrent à lui pour compenser cette absence. Tentons de les décrypter.

Le remplacement poste pour poste ?

Pour pallier l'absence de Cissé, la logique voudrait que Santini choisisse un joueur similaire, c'est-à-dire un buteur ultra-rapide, capable de faire la différence seul par ses qualités athlétiques. Or ils ne sont en France que deux à disposer de telles aptitudes : Cissé et Henry. Santini devra donc se résoudre à composer avec un profil différent. Govou va vite, mais il est plus un joueur de débordement latéral, comme en témoigne son rôle à Lyon. De plus, longtemps blessé, le Lyonnais peine actuellement à retrouver sa meilleure forme. Il n'a marqué qu'une fois cette saison pour 18 titularisations (Championnat et Champion's League confondus). Marlet pourrait être une solution, même s'il est plus un joueur de rupture qui fait la différence sur un coup de rein et non sur une longue distance. D'autre part, le joueur prêté à l'OM effectue une saison en demi-teinte. Longtemps blessé lui aussi, il compte 12 titularisations pour 4 buts sous le maillot olympien. Le Lensois Moreira est, quant à lui, une idée plus anecdotique que sérieuse. Son manque d'expérience avec le groupe France (il n'a été appelé qu'à deux reprises) et la saison décevante de son club ne plaident pas en sa faveur.

Santini devra donc aller chercher du côté des attaquants plus statiques où le choix est relativement restreint. Le néo-Mancunien Louis Saha effectue une saison remarquable : 13 buts en Premier League cette saison. Polyvalent, il peut jouer en remise ou plonger derrière un attaquant fixe. Luyindula apporterait quant à lui à l'équipe de France ses qualités de «neuf et demi» . Auteur de 11 buts en 22 titularisations, Luyindula ne rechigne pas à s'intégrer au milieu du terrain, ou bien à jouer dos au but. Mais, comme pour Moreira, l'absence de vécu avec les Bleus de ces deux joueurs semble rédhibitoire en vue de leur sélection à l'Euro. On connaît en effet l'importance que donne Santini (et avant lui Lemerre) à la notion de vie commune. Santini précisait après France – Israël que «d'ici à l'Euro, il n'y aura plus beaucoup de rassemblements d'une semaine» , donc d'occasions de «faire connaissance» . Pour Saha comme pour Luyindula, on devrait donc être rapidement fixé. Soit Santini veut intégrer l'un ou l'autre à l'Euro, et il le sélectionnera dès Belgique – France le18 février afin de lui donner le temps, soit aucun des deux n'est sur la feuille de match, et c'en sera fait de leurs espoirs de Championnat d'Europe.

Choisir un gaucher ?

Et si la meilleure idée pour remplacer Cissé était de ne pas le remplacer ? Rappelons-nous le Chypre – France de sept. 2002, premier match des éliminatoires pour l'Euro. Blessé à la cheville, Henry avait dû renoncer au dernier moment. Il avait été numériquement remplacé par Bruno Cheyrou. Santini pourrait bien adopter une logique semblable en vue du Portugal. En effet, Wiltord et Giuly, qui figureront selon toute vraisemblance dans le groupe des 23, jouent indifféremment sur le côté droit de l'attaque ou en position de deuxième attaquant. Si l'équilibre recommande de composer une liste de trois gardiens, huit défenseurs, huit milieux et quatre attaquants, le sélectionneur national pourrait être tenté de modifier cette habitude : ne retenir que trois attaquants, puisque deux des milieux pourraient évoluer en attaque. La raison voudrait alors qu'un gaucher soit appelé. Pires, Zidane, Wiltord et Giuly sont en effet tous droitiers.

Dans cette optique, deux candidats semblent se détacher. Le premier est Jérôme Rothen, meilleur passeur du championnat 2002-2003 (18 passes !) et toujours en tête de l'exercice en cours. Même si le Monégasque ne compte que deux sélections, il apporterait à l'équipe de France un profil inédit, celui d'un milieu «à la Beckham» , qui peut centrer avant d'avoir éliminer son adversaire direct. Seconde option, l'Auxerrois Olivier Kapo. Déjà appelé sept fois en sélection, Kapo dispose d'un jeu de dribble et de vitesse. Comme Wiltord côté droit, il peut à tout moment éliminer son adversaire direct.

Le cas Anelka

Est-il besoin de revenir sur les relations pour le moins conflictuelles entre le joueur de Manchester City et le sélectionneur national ? L'un attend des excuses, l'autre aussi. On ne posera qu'une question : est-il raisonnable qu'un problème d'ego prive les Bleus d'un joueur qui réussit une très bonne saison à Manchester City (12 buts). D'autant plus qu'il connaît la vie en bleu (28 sélections), et qu'il reste un joueur apprécié de ses pairs. Zidane par exemple n'a jamais caché son plaisir à jouer avec lui.

Le remplacement de Djibril Cissé pose donc un problème qui engage la composition de tout le groupe pour l'Euro au Portugal. Derrière les inamovibles Henry et Trézeguet, personne ne fait l'unanimité. De toute évidence, Santini emmènera au Portugal un troisième attaquant, sans doute Govou ou Marlet. Reste donc au moins une place, celle de Cissé. Elle devrait être offerte à Luyindula, Saha, Kapo ou Rothen.

Nous continuerons vendredi prochain d'accompagner les Bleus sur le chemin de l'Euro, en présentant le match amical Belgique – France du 18 février. A noter que cette rencontre marquera le centenaire du premier match officiel de l'équipe de France, un certain… Belgique – France.

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