Les tirs au but, une loterie ? Le constat implacable de Christophe Lollichon
Ancien entraîneur des gardiens de Nantes, Rennes ou encore Chelsea, Christophe Lollichon n'en peut plus des discours fatalistes sur les tirs au but. La solution ? Travailler encore et encore pour ne rien laisser au hasard.

Christophe Lollichon est un homme qui compte dans le monde du football. Aujourd'hui sans mission, l'homme de 60 ans a été au contact des plus grands entraîneurs entre ses débuts à Nantes, en 1985, en tant qu'entraîneur des gardiens, et la fin de son parcours à Chelsea, en 2022, en tant que recruteur de gardiens. Alors lorsqu'il s'agit de parler du rôle du dernier rempart d'une équipe, le Français sait de quoi il parle. Notamment au sujet des tirs au but.
Le tacle aux entraîneurs français
Double championne du monde, l'équipe de France a perdu deux finales en 2006 contre l'Italie et en 2022 face à l'Argentine dans cet exercice. Une fatalité ? Non et non pour le principal intéressé. «J'ai vu les déclarations de Bruno Genesio, Didier Deschamps et Jean-Luc Vanucchi qui parlent de loterie… Mais ils doivent aller bosser à la Française des jeux» , s'est emporté l'ex-coach des gardiens de Chelsea entre 2007 et 2016 dans un entretien accordé à Eurosport.
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«C'est incroyable» , a insisté l'ancien disciple de Jean-Claude Suaudeau chez les Canaris. «Ce qu'on peut essayer de faire, c'est d'analyser le gardien et les tireurs adverses par exemple. On ne va pas réduire de 100% les chances de perdre et, oui, ça prend beaucoup de temps. La difficulté, c'est qu'il faut consacrer du temps à quelque chose qui n'est pas certain d'arriver. Mais c'est ça le très haut niveau, non ?» , a taclé le Nantais, exaspéré par ces discours.
Travail et travail
Pour lui, il n'y a pas de hasard. «On se croit au-dessus de ces probabilités de finir un match sur les tirs au but. On a presque une condescendance alors que, bon sang, les finales de l'Euro et du Mondial se sont décidées sur les tirs au but. Et un penalty en match peut être décisif. Quand j'étais à Chelsea, j'ai passé énormément de temps à décortiquer les potentiels tireurs adverses. À une certaine période, Petr Cech était à 40% de penalties arrêtés à Chelsea. Ce n'était pas gratuit» , a poursuivi Lollichon.
«On me donnait des statistiques, je regardais les vingt derniers penalties de tous les potentiels tireurs qu'on affrontait. Mais je devais tout le temps mettre cela à jour pendant la saison. Il n'y a pas de recette magique» , a-t-il embrayé. «Moi, je suis dans le visuel et j'essaie de voir ce qui pourrait correspondre à une routine du tireur. Pendant cinq ans, je n'ai pas deviné un penalty de Steven Gerrard. Un jour, il change une position de bras et j'ai trouvé le bon côté des quatre penalties suivants.»
L'exemple de la finale Bayern-Chelsea en 2012
Alors, une équipe peut-elle se muer en spécialiste de cet exercice ? Pour Lollichon, cela ne fait aucun doute. Il estime d'ailleurs que le premier sacre de Chelsea en Ligue des Champions contre le Bayern Munich en 2012 est dû à ce travail cornélien. «J'ai passé entre 8 et 10 heures de travail sur cette séance, les yeux me brûlaient. J'avais dégrossi le travail et proposé l'analyse à Petr. La chance que j'avais, c'est que Petr est un ordinateur sur patte. Il retient tout.»
«Le jour du match, à part Manuel Neuer, qui n'avait jamais tiré de penalty avant, notre travail a servi. Ce ne sont pas Cech ni Lollichon qui ont fait gagner la C1 à Chelsea. Mais Petr arrête un penalty d'Arjen Robben en prolongation. Sur la séance, il part toujours du bon côté et sort deux tentatives. Ce n'est pas que du hasard…» , a terminé Lollichon. Un discours dont certains entraîneurs pourraient éventuellement s'inspirer...
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