L'équipe de France défie l'Espagne en amical mercredi soir à Malaga, pour son premier match de préparation à l'Euro 2008. L'occasion pour les Bleus de se mesurer à l'un des prétendants au titre et pour Raymond Domenech de situer ses troupes, tant physiquement que mentalement.

L'Espagne n'a jamais battu la France lors des compétitions internationales, mais s'était imposée en amical à Valence en 2001, moins d'un an après son élimination de l'Euro 2000 par la bande de Roger Lemerre. Les Bleus ont un avantage psychologique mais la sélection ibérique est en pleine progression grâce à une jeune génération talentueuse. La motivation est souvent la clé des matchs amicaux. Et il semble que les deux sélections ne l'aborderont pas de manière identique. Si les Espagnols auront un esprit revanchard (cf. déclaration de Xavi), les Bleus se focalisent entièrement sur l'objectif, à savoir l'Euro en juin 2008 (cf. déclaration de Domenech). Le nom de l'adversaire n'ayant au fond que peu d'importance. Pour les coéquipiers d'Iker Casillas en revanche, l'élimination contre la France en 8e de finale de la Coupe du Monde 2006 (3-1) n'a pas vraiment été digérée. A noter, les Bleus joueront en rouge pour l'occasion et les Espagnols en jaune, marketing oblige…

La forme du moment : Espagne (8/10) – France (7/10)

Excellents résultats, confiance exacerbée mais problèmes internes, telle pourrait être résumée en trois mots la forme actuelle de la sélection ibérique. Malgré un effectif de qualité et une jeune génération explosive, la Seleccion a peiné au début de sa campagne qualificative pour l'Euro, avant de rapidement donner la pleine mesure de son talent et se qualifier en toute logique grâce à une série de neuf matchs sans défaite (1er avec 2 points d'avance sur la Suède, 9v, 1n, 2d, 23 bp, 8 bc). Les dissidences entre l'antipathique sélectionneur Luis Aragones, certains joueurs et une partie des supporters et journalistes espagnols, pourrissent néanmoins l'ambiance et affaiblissent la cohésion du groupe. Montré du doigt pour avoir écarté l'emblématique Raul et pour ses dérapages verbaux à caractère racistes, Aragones ne survivra pas au Championnat d'Europe des Nations. Alors que les spéculations vont bon-train concernant son successeur, les Espagnols sont en revanche convaincus de pouvoir tenir la dragée haute à la France, leur bête noire.

Après avoir longtemps mené leur groupe de qualification, les Bleus ont finalement été doublés dans la dernière ligne droite par l'Italie, avec un bilan toutefois très convenable (8v, 2n, 2d, 25 bp, 5 bc). La faute à une double douche écossaise (1-0 et 0-1) mais cet accroc finalement sans dommage n'a aucune pertinence par rapport au match de mercredi. L'Espagne présente un football aux antipodes de l'Ecosse, tant tactiquement que techniquement, et qui convient mieux aux Bleus. Le point d'interrogation concerne surtout l'état de forme des joueurs. Certains (Coupet, Sagnol, Vieira) reviennent de blessure après une longue convalescence, tandis que d'autres (Benzema, Makelele, Anelka) ont enchainé les matchs depuis le début de la saison et devront éviter l'effort de trop pour ne pas se blesser. L'équipe alignée mercredi devrait être un mélange des deux. Et la différence de forme entre les joueurs pourrait avoir une incidence négative sur le rendement collectif.

Le match des déclarations : Espagne (6/10) – France (9/10)

David Villa (attaquant de l'Espagne) : «Tous les matches avec la sélection sont importants. Quand tu mets le maillot espagnol, tu joues une finale à chaque fois. Et encore plus si l'adversaire est la France qui t'a sorti du Mondial. On aurait préféré battre les Français lors du Mondial mais se serait une joie de prendre notre revanche» . Si le surplus de motivation lié au port de la tunique nationale est plutôt positif, l'esprit revanchard n'est en revanche pas un gage de réussite. Attention à l'aveuglement.

Luis Aragones (sélectionneur de l'Espagne) : «Le plus logique serait qu'ils me virent et qu'après ils en engagent un autre. C'est ce que je ferais. Cela me semble le plus juste car on n'a jamais vu une fédération avec deux sélectionneurs» . La réponse d'Aragones suite aux spéculations sur la possible annonce de son successeur avant même le début de l'Euro est sèche et sans compromis. La meilleure façon de préparer un match ?

Raymond Domenech (sélectionneur de la France) : «C'est la dernière ligne droite pour l'Euro avant la liste des 23. J'attends de l'enthousiasme et l'envie de montrer quelque chose, ce qui est tout aussi important que le résultat final. J'ai déjà une liste en tête, mais susceptible de modifications. Au départ, j'ai une idée de base, et en fonction de ce qui se passe, on s'adapte petit à petit, on évolue.» L'Espagne est évacuée du discours. Ce qui compte, c'est la prestation de l'équipe de France et sa préparation en vue de l'Euro. La concurrence induite par la liste élargie de Domenech devrait en outre stimuler les forces en présence à livrer le meilleur d'elles-mêmes.

Revue des effectifs : Espagne (8/10), France (9/10)

L'Espagne évoluera une fois de plus sans ses deux attaquants les plus expérimentés, Fernando Morientes et surtout Raul, tous deux écartés par Aragones. Le sélectionneur espagnol semble vouloir faire table rase du passé et donner sa chance aux jeunes, il est vrai très prometteurs. Il a ainsi sélectionné pour la première fois le jeune attaquant Bojan Krkic (17 ans), dont le modèle n'est autre que Thierry Henry, son coéquipier au Barça. «C'est un garçon avec un avenir extraordinaire et nous allons tenter de prendre soin de lui car j'ai connu des joueurs avec un bon avenir mais qui sont finalement passés à côté» , nuance le sélectionneur espagnol. Le jeune talent devrait débuter sur le banc et entrer en cours de jeu. L'équipe-type espagnole est très séduisante sur le papier, avec un gardien sûr et efficace, un carré de milieux très talentueux et doués techniquement, et des attaquants explosifs, à l'image de Fernando Torres. Le seul bémol concerne la ligne défensive, privée notamment de Carles Puyol.

Il est réellement permis de parler de revue d'effectif concernant les Bleus. Pour préparer au mieux l'Euro 2008, Raymond Domenech a convoqué pas moins de 37 joueurs, dont la moitié a pris part mardi au match amical contre la RD Congo (0-0). Sur le papier, le groupe retenu avec les A est d'un niveau assez exceptionnel, un mélange de joueurs ultra-expérimentés et encore aptes à la performance, et de jeunes aux dents longues qui ne semblent avoir aucune limite. Si Trezeguet non sélectionné, Ribéry et Frey venus faire examiner leur blessure puis repartis dans leur club, manquent à l'appel, Patrick Vieira, Grégory Coupet et Willy Sagnol font en revanche leur grand retour et devraient être alignés dans le onze de départ. A noter aussi la présence avec l'équipe de France A de Hatem Ben Arfa, Karim Benzema, Patrice Evra et Lassana Diarra qui devraient toutefois débuter sur le banc. Domenech devrait reconduire sa formation en 4-4-2 en s'appuyant sur ses cadres et avec Thierry Henry et Nicolas Anelka en attaque. Ménagé à l'entraînement, Claude Makelele pourrait laisser sa place à Jérémy Toulalan.

Les équipes probables

Espagne : Casillas - Ramos, Capdevila, Ibanez (ou Albiol), Marchena - Xavi, Iniesta, Albelda, Fabregas - Villa, Fernando Torrès

France : Coupet - Sagnol, Thuram, Gallas, Abidal – Makelele (ou Toulalan), Vieira, Govou, Malouda - Anelka, Henry

Total : Espagne (7,3/10) – France (8,3/10)

S'il est toujours difficile de prévoir à l'avance le résultat d'un match amical, l'affiche est séduisante sur le papier et permettra aux deux sélections de se jauger, à quatre mois de l'ouverture de l'Euro 2008 en Suisse et en Autriche. Une rencontre à suivre minute par minute via le LIVE-SCORE de Maxifoot.