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Fernandez - "Les joueurs prennent les gens pour des cons"
Par Patrick Juillard - Interview, Mise en ligne: le 26/09/2007 à 17h53
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Il «attaque» la planète football du lundi au jeudi sur les ondes de RMC-Info depuis cinq ans mais il reste un entraîneur dans l'âme : Luis Fernandez s'est confié à nous. Entretien exclusif pour maxifoot.fr avec un homme qui ne connaît pas la langue de bois…

Luis, votre nom a circulé ces derniers jours du côté de Marseille. Le terrain vous manque-t-il ?

Je vous mentirais en disant le contraire. Mais c'est devenu plus difficile qu'autre chose pour moi en France…

Avez-vous été contacté par l'Olympique de Marseille ?

Non !

Même indirectement ?

Non plus. Si l'OM me contactait, ce serait de toute façon un «non» catégorique de ma part. J'ai toujours en moi l'envie de revenir au PSG. Si cela ne se fait pas dans un ou deux ans, cela se fera plus tard. Par loyauté pour mes couleurs, je ne peux aller à l'OM.

Que pensez-vous du choix d'Eric Gerets ?

(Dubitatif) Ca ne regarde que les Marseillais. Gerets a un bon CV, comme joueur et comme entraîneur. Mais il vient seul, sans staff. Cela me paraît un peu hasardeux, même si en tant qu'ancien du Standard, on imagine bien sa connexion avec Robert Louis-Dreyfus. Enfin, on jugera sur les résultats…

Votre émission de radio est très appréciée des auditeurs. On sent que vous vous éclatez au micro. Vous confirmez ?

Oui, j'aime ce que fais depuis cinq ans sur RMC-Info. Je remercie les dirigeants de la radio. Ils m'ont permis de rester en contact avec un milieu que j'aime, celui du football. Mon double passé, de joueur et d'entraîneur, me permet de m'adresser à tous mes interlocuteurs . J'essaie de rester moi-même à l'antenne. Mon objectif est que l'auditeur sente toujours que l'on dit ce qu'on pense.

Vous êtes passé de l'autre côté de la pression médiatique qui entoure votre sport. Diriez-vous qu'il y a plus de coups bas dans les médias ou dans le football ?

(Il réfléchit) Probablement dans le football. Vous savez, ce sport a tellement changé. Plutôt en mal. On a de plus en plus tendance à oublier que les clubs, ce sont des couleurs, des villes, des régions. Aujourd'hui, les joueurs perdent cette réalité de vue, et se coupent du public. Il y a de moins en moins de «joueurs de club» , qui s'engagent pour longtemps sous un même maillot. J'interviewais récemment David Jemmali, qui a passé dix ans à Bordeaux. C'est un exemple ! Il y en a quelques autres, comme Mickaël Isabey à Sochaux, mais ils sont trop rares. Cinq années dans un club, ça devrait être un minimum !

Les joueurs qui parlent du «club de leur coeur» à chaque transfert, ça doit vous exaspérer…

Oui ! Ils prennent les supporters pour des cons ! Et vas-y que ça embrasse l'écusson et que ça fait de grandes déclarations… pour s'en aller parfois six mois après. Qu'au moins ils ne fassent pas tout ce cinéma !

A ce propos, les clubs n'ont-ils pas une part de responsabilité dans cette perte d'identité, avec des jeux de maillots de plus en plus fantaisistes ?

C'est le business. Jusqu'à un certain point, je peux comprendre les nécessités du merchandising. Mais les clubs devraient toujours garder en tête leurs couleurs historiques au moment d'innover sur les maillots…

Quel est votre meilleur ami dans le milieu du football ? Et votre pire ennemi ?

Mon meilleur ami, c'est Michel Moulin (NDLR : homme d'affaires, créateur de "Paru Vendu" et récent candidat à la reprise du FC Nantes). C'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup depuis longtemps et qui m'est resté fidèle. Vous savez, les amis sont plus nombreux quand tout va bien pour vous… Quant à mon pire ennemi, je préfère ne pas en parler. Je ne suis pas rancunier mais je n'oublie pas pour autant.

Ca va mieux avec Ronaldinho ?

Les médias ont exagéré à l'époque. Ronnie, je l'ai revu la saison passée à Barcelone, il m'a donné son maillot, ça s'est très bien passé entre nous. Je l'ai encore revu la semaine dernière, tout va bien entre nous. J'ai toujours tout fait pour le mettre dans les meilleures conditions.

L'Espagne vous manque-t-elle ?

Oui. C'est un pays qui a une grande culture du football, plus que la France. J'ai bien réussi là-bas, que ce soit à l'Athletic Bilbao, à l'Espanyol Barcelone et même au Betis Séville. En Espagne, les gens ont du respect pour les résultats. C'est moins le cas en France. Je suis pourtant l'un des rares entraîneurs français qui ait gagné une Coupe d'Europe. Et je suis fier de mon passé de joueur. Si j'avais eu la même carrière internationale, mais sous le maillot espagnol, je serais encore plus respecté là-bas…

Nul n'est prophète en son pays, c'est ce que vous voulez dire ?

Oui. C'est aussi vrai pour mon club, le Paris Saint-Germain. Vous savez que je n'ai même pas d'invitations pour les matches au Parc des Princes. Quand je vois la tribune officielle pleine à toutes les rencontres, je me demande ce que tous ces gens ont fait de plus que moi pour le club. Alain Cayzac avait pourtant dit lors de sa prise de fonctions qu'il comptait rapprocher les anciens de leur club. J'attends encore… On a tendance à penser que le PSG commence aux années Canal +. Mais le PSG c'est aussi l'époque Hechter et l'époque Borelli. Aujourd'hui les joueurs restent un ou deux ans, rarement plus. Mais on leur donne plus d'importance qu'aux anciens. Par exemple, il a fallu que j'appelle Cayzac pour qu'il garde Saar Boubacar au club !

On sent que vous en avez gros sur le coeur…

Oui, c'est vraiment dommage que les anciens ne soient pas davantage mis en valeur. Un club, ce devrait être une maison commune. Aujourd'hui, la moitié des spectateurs de la tribune officielle du Parc ne sont là que pour se montrer et se foutent du match et du club. C'est triste.

Parlons terrain : le PSG n'arrive plus à gagner à domicile. Le Parc est-il maudit ?

Non ! Le PSG y a gagné de nombreux titres. Je crois que les joueurs font un blocage. Dire «on a un problème au Parc» après chaque défaite, c'est une défense un peu facile. Il faudrait peut-être changer la manière d'aborder psychologiquement les matches au lieu de se reposer sur cette fausse excuse.

Selon vous, Pauleta doit-il jouer ?

Bien sûr ! Au moins à domicile.

Vous faites partie de la génération Platini. Ce dernier a accédé l'an passé à la présidence de l'UEFA. Vous vous imaginez un jour président du PSG ?

Je ne sais pas si j'en aurai les capacités. Mais j'aimerais jouer un rôle important dans la direction de ce club. Il y a beaucoup à faire en matière de détection des jeunes talents d'Ile de France. Ce serait bien de faire du PSG un club populaire. On est aujourd'hui trop coupé des banlieues, dont beaucoup de talents vont ailleurs…

Pour terminer, un pronostic pour le Championnat de Ligue 1 ?

Ce dont je suis certain, c'est que Lyon ne sera pas champion dès décembre. Et je crois que le Bordeaux de Laurent Blanc peut être un concurrent direct pour le titre.

Merci Luis pour cette interview exclusive Maxifoot !



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