Les Bleus jouent gros ce soir face à la Corée du Sud : une victoire, et ils pourront légitimement envisager leur qualification pour les huitièmes de finale ; une défaite ou un nul, et ils n'auront même plus leur destin entre leurs mains... Qui part favori de cette rencontre ? Réponse avec le face à face Maxifoot.

Forme du moment

Aïe ! C'est là que le bât blesse pour les Tricolores. Avec une moyenne d'âge de 30 ans et 191 jours, l'équipe de France alignée par Raymond Domenech contre la Suisse était la troisième plus vieille de l'histoire en Coupe du Monde, toutes nations confondues ! Ce pourrait être un détail, mais force est de constater que sous une chaleur accablante, les trentenaires et les autres ont paru épuisés dès le début de la seconde période, au point que ce deuxième acte s'est résumé à quelques incursions dispersées, la plupart des joueurs n'étant même plus assez frais pour accompagner les percées d'un de leurs coéquipiers. Voilà pourquoi Thierry Henry ou Franck Ribéry, les plus rapides, ont eu si peu de soutien en attaque. Raymond Domenech a beau assurer que «l'âge ne peut être un critère sur un match» et que «la maturité et l'expérience compensent une éventuelle fatigue» , l'inquiétude reste de mise.

5/10

Depuis que le match entre l'équipe de France et la Corée du Sud se profile, beaucoup de journalistes et de joueurs ont évoqué «la vitesse, la percussion» des adversaires des Bleus. Pour Raymond Domenech, les coéquipiers de Young-pyo Lee «courent vite. Ils ont beaucoup de vitesse dans le jeu, dans la transmission, le déplacement et le replacement.» A l'évidence, aucun d'entre eux n'a vu jouer les Asiatiques depuis la Coupe du Monde 2002 ! Face au Togo, la formation de Dick Advocaat s'est montrée étonnamment calculatrice, jouant long, comme si la folie d'il y a quatre ans avait été mise de côté au profit d'une philosophie plus européenne, plus sûre, plus reposante, mais beaucoup moins spectaculaire. Il ne faut pas oublier qu'il a fallu une expulsion togolaise pour que Park et sa bande prennent le dessus lors du premier match. Mais qu'importe, pour eux, seule la victoire compte : décomplexée et certaine de sa force, bénéficiant du soutien sans faille de ses supporters et de la presse de son pays, la Corée du Sud s'est jurée de gagner.

7/10

Les joueurs

Défense

C'est le point fort de l'équipe de France : même dominée, celle-ci n'a pas concédé face à la Suisse beaucoup d'occasions dangereuses. Willy Sagnol bloque son couloir droit mais pourrait apporter encore un peu plus sur le plan offensif. Son pendant côté gauche Eric Abidal a été un peu moins brillant face aux Helvètes que durant les matches de préparation, ce qui ne l'a pas empêché de réaliser un bon match. Attention toutefois à ne pas concéder trop de coups francs. Dans l'axe, la paire Thuram-Gallas s'est bien acquittée de son travail, au point qu'Alexander Frei et Marco Streller, rarement démarqués, n'ont quasiment jamais eu l'occasion de s'illustrer. Et puis, il ne faut pas l'oublier, au cas où la ligne défensive soit mise hors de position, il reste à tromper Fabien Barthez. Auteur d'une double parade décisive devant Daniel Gygax, le portier de l'OM a montré que ce n'était pas une tâche aisée.

9,5/10

Dick Advocaat, le sélectionneur hollandais de la Corée du Sud, donnerait cher pour disposer dans son effectif d'un Lilian Thuram ou d'un William Gallas : face au Togo, en effet, sa défense centrale est apparue comme le secteur le plus fragile de l'équipe. Pour preuve, le but inscrit à la demi-heure de jeu par l'attaquant togolais Abdel Kader Touré : lancé en profondeur, le joueur de l'En Avant de Guingamp a profité de la lenteur et de l'inattention des deux compères Young-chul Kim (bientôt 30 ans) et Jin-cheul Choi (35 ans) pour les semer et filer au but. Le point fort de la ligne arrière, par ailleurs peu imposante physiquement, c'est le défenseur latéral de Tottenham Young-pyo Lee, rapide et expérimenté (29 ans, 85 sélections). Il faisait partie de la grande équipe du PSV Eindhoven demi-finaliste de la Ligue des Champions il y a deux saisons. Hélas, sur certaines actions, il doit se sentir un peu seul pour tenir la baraque derrière...

6/10

Milieu de terrain

Face à la Suisse, Zidane a été bon. Ce seul constat devrait garantir à l'équipe de France une circulation de balle fluide, des combinaisons audacieuses, des décalages décisifs... Il n'en fut rien : le meneur de jeu du Real Madrid a beau conserver le ballon, réussir quelques dribbles et quelques passes pour ses ailiers, il ne peut plus, à lui seul et avec ses moyens actuels, changer le cours d'une rencontre. Ses coéquipiers doivent l'aider. Or, contre la sélection de Köbi Kuhn, Sylvain Wiltord, d'habitude si percutant, a semblé ailleurs : contrôles ratés, faible influence, centres trop rares... Le Lyonnais devra absolument rendre une meilleure copie à Leipzig. Le retour de Florent Malouda à gauche devrait apporter un plus, si l'on se fie aux bonnes prestations qu'il a livrées en amical. Makelele et Vieira ont quant à eux tenu leur place sobrement à la récupération, même si le Turinois pourrait assurer davantage le lien entre milieu et attaque.

7,5/10

Le secteur de jeu le plus mis à contribution au sein de la formation coréenne, et le royaume de Ji-sung Park. Même s'il fut plutôt moyen face aux Togolais, le joueur de Manchester United reste l'un des rares milieux de terrain capables d'assurer un travail défensif digne d'un numéro six et d'attaquer comme un pur ailier. A ses côtés prennent place Eul-yong Lee, Ho Lee ou Nam-li Kim pour bloquer les offensives adverses, Chong-gug Song ou le très offensif Jae-jin Cho pour déborder. A eux tous, ils sont chargés de récupérer le ballon assez haut, de le faire circuler le plus possible et de servir les attaquants dans les meilleures conditions. Pas étonnant pour assurer un tel travail que Dick Advocaat fasse parfois évoluer sa formation en 3-4-3, de sorte à fournir son entrejeu. Le coach sud-coréen devra toutefois veiller à ce que ses joueurs ne renouvellent pas leurs erreurs techniques du premier match (beaucoup de passes et de contrôles ratés).

7,5/10

Attaque

La Coupe du Monde sera finie depuis des mois qu'on se demandera encore s'il vaut mieux jouer à un ou deux attaquants en équipe de France... Une chose est sûre, Thierry Henry s'est souvent retrouvé isolé face à l'arrière-garde suisse. L'attaquant d'Arsenal a en outre pour habitude de s'excentrer côté gauche, laissant le front de l'attaque désert. Mais selon l'intéressé lui-même, c'est aux milieux de terrain de «mieux l'accompagner» . Quant à Raymond Domenech, il refuse de changer à nouveau son système de jeu, passé du 4-4-2 ou 4-5-1 entre les matches de préparation et la confrontation face aux coéquipiers de Johan Vogel. Une chose est sûre, l'équipe de France doit absolument marquer, ce qui ne lui est plus arrivé en Coupe du Monde depuis... le 12 juillet 1998 ! En outre, parmi les têtes de série du Mondial, la France est la seule à ne pas avoir inscrit le moindre but lors de son premier match.

6/10

Va-t-on assister au retour des stars en attaque côté sud-coréen ? Face au Togo, Dick Advocaat avait choisi de laisser Jung-hwan Ahn, hors de forme, et Ki-hyeon Seol, dont la relation avec le coach batave est orageuse, sur le banc de touche. Mais la rentrée du premier à la mi-temps a coïncidé avec le retournement de situation de la Corée du Sud, menée 1-0 à la pause mais finalement vainqueur 2-1. L'ancien attaquant du FC Metz a offert davantage de solutions, et c'est même lui qui a inscrit le but de la victoire d'une belle frappe du droit à l'entrée de la surface. Il ne serait pas étonnant que, cette fois-ci, Advocaat choisisse de l'aligner d'entrée. A ses côtés, Chun-soo Lee devrait être reconduit. En plus d'une technique fine, le joueur des Tigres d'Ulsan jouit d'une frappe de balle précise, en témoigne son coup franc direct inscrit face aux coéquipiers d'Emmanuel Adebayor.

8/10

Passé entre les deux équipes

Français et Sud-Coréens n'ont pas une grande histoire en commun : les deux nations ne se sont affrontées qu'à deux reprises. La première fois, c'était le 30 mai 2001 à l'occasion de la Coupe des Confédérations organisée justement en Corée du Sud et qui faisait office de répétition générale un an avant le Mondial 2002. Ce soir-là, l'équipe entraînée par Roger Lemerre l'avait emporté 5-0 ! Steve Marlet, Patrick Vieira, Nicolas Anelka, Sylvain Wiltord et Youri Djorkaeff étaient les buteurs français. Une autre époque... Les coéquipiers de Ji-sung Park, déjà titulaire, faisaient alors figure de tout petits sur l'échiquier mondial alors que les Bleus, en remportant le trophée quelques jours plus tard, s'étaient déjà positionnés comme grands favoris de la Coupe du Monde 2002.

Un an plus tard, le fossé entre les deux équipes s'était déjà considérablement resserré, du fait de l'incroyable progression des joueurs de Guus Hiddink et du début du déclin tricolore. Les deux équipes se sont croisées à nouveau lors du dernier match de préparation avant le Mondial 2002. Trezeguet avait ouvert le score avant que Park n'égalise et que Seol ne donne l'avantage aux siens. En seconde mi-temps, Christophe Dugarry et Franck Leboeuf, à l'ultime minute, permettaient à l'équipe de France de s'en tirer avec une victoire de façade (3-2). Cette rencontre avait surtout coïncidé avec la blessure de Zinédine Zidane, dont on ignorait à ce moment-là les conséquences dramatiques. Au final, même si l'écart a diminué entre les deux équipes, le bilan français face à la Corée du Sud est de deux victoires en autant de confrontations, pour 8 buts marqués et seulement deux encaissés.

France : 9/10
Corée du Sud : 4/10

BILAN – France : 37/50, Corée du Sud : 32,5/50.

Les Français, dont on attend toujours des merveilles au vu des noms alignés, remportent ce face à face. Mais c'est sur la pelouse du Zentralstadion de Leipzig qu'il faudra gagner, ce soir...