Bilan mi-saison : Auxerre
Par Alix Dulac - 100% Clubs, Mise en ligne: le 03/01/2006 à 11h16
Taille du texte: Email Imprimer Partager:

Après le départ de son entraîneur fétiche, l'emblématique Guy Roux, le petit monde de la Ligue 1 était curieux de savoir ce que l'AJ Auxerre version Jacques Santini aurait à proposer à la concurrence. Parfois solides, souvent inconstants, les Icaunais ont malgré tout fini la phase aller du championnat à la 4e place. Et au vu de l'ensemble de leur prestation depuis le début de l'exercice, celle-ci ne peut qu'être qu'encourageante pour la suite.

Quel parcours contrasté que celui de l'AJ Auxerre en championnat cette saison ! Les Bourguignons, 4e de Ligue 1 – 32 points – ont vécu une première partie d'exercice pour la moins agitée. En coulisses d'abord avec un changement historique à la tête de l'équipe première. L'emblématique Guy Roux cédait en effet l'été dernier son «trône» à l'ancien sélectionneur de l'Equipe de France, Jacques Santini. Si la retraite de Guy Roux était une évidence que le poids des années aurait bien fini tôt ou tard par imposer, l'arrivée d'un élément tel que l'ancien technicien de l'OL – champion de France avec le club rhodanien en 2002 – restant sur un échec en Angleterre aux commandes de Tottenham et réputé pour son manque de communication avait de quoi être surprenant, d'autant plus que c'est Roux himself qui l'a imposé auprès de ses dirigeants en tant que successeur potentiel.


emplacement publicitaire

Un passage de témoin en partie réussi

Une question brûlait donc les lèvres des supporters icaunais et de la Ligue 1 toute entière : Jacques Santini allait-il pouvoir se montrer à la hauteur de l'énorme défi que lui proposait l'AJA et reprendre les commandes d'une formation si brillamment guidée depuis 1961 par l'emblématique coach au bonnet ? La réponse n'a pas tardée à être donnée par l'intéressé. Santini tranche avec le traditionnel 4-5-1 imposé par son prédécesseur et préfère voir ses protégés évoluer dans un 4-4-2 - avec deux milieux récupérateurs et deux milieux offensifs excentrés - mainte et mainte éprouvé du temps où il siégeait sur le banc de l'Olympique Lyonnais. Un 4-4-2 qui parfois – en raison des blessures des uns, des suspensions des autres et lors de déplacements – s'est même mué en 4-3-1-2 avec un trident défensif compact et travailleur à la conquête de l'entrejeu.

L'AJA, promis à un début de saison délicat (déplacement à Strasbourg et à Monaco, réception de Bordeaux), vit un véritable début d'été indien. Les Bourguignons partagent certes les points avec les Alsaciens (0-0) mais prennent la mesure de l'ASM (0-2) et des Girondins (1-0). A défaut d'être géniaux, les Icaunais sont efficaces et petit à petit forcent le respect de la concurrence. Mais alors que tout lui sourit, l'AJA connaît son premier coup d'arrêt : une cinglante défaite face à Lens (7-0) qui laisse de sérieuses séquelles au sein de l'effectif bourguignon, qui enchaînera ensuite avec deux nouveaux revers, le premier devant Lyon à domicile (0-2), le second à Rennes (3-1).

Passé cette période délicate où certains voient déjà en Jacques Santini le portrait-robot idéal de l'entraîneur remercié, Auxerre reprend sa marche en avant. Avec de belles séquences comme trois victoires consécutives (Ajaccio, Metz et Sochaux) en championnat. Et des coups d'arrêt plus ou moins fréquents (à Nice), un peu comme si l'AJA sitôt la marche en avant effectuée, avait besoin d'une bonne piqûre de rappel afin de ne pas se griser trop vite. La preuve la plus flagrante est la récente dégringolade auxerroise au classement. Fringants et solides dauphins en apparence tout du moins du leader lyonnais, les Bourguignons en l'espace de deux défaites (à Marseille et face à Nancy, les deux fois sur le score de 1-0) sont passés de la 2e à la 4e place, un rang qu'ils avaient acquis après une intéressante série de cinq matchs sans défaite, entamée aux dépens du Paris Saint-Germain (2-0). Le constat est alors évident pour tout le monde : l'AJA est capable du meilleur comme du pire, de surprendre son monde comme d'être surpris et ce ne sont pas les éliminations au 1er tour de la Coupe de l'UEFA face au Levski Sofia (2-1, 0-1) et en 8e de finale de la Coupe de la Ligue aux tirs au but contre Le Mans (1-1, 1 tab à 4) qui démontreront le contraire.

Pieroni-Luyindula : le duo infernal

Jacques Santini aime évoluer avec une paire d'attaquants à la pointe de son système de jeu. Cela tombait bien, l'AJ Auxerre avait trois attaquants en stock à mettre à sa disposition. Benjani, international zimbabwéen déterminé à changer d'air. Luigi Pieroni, international belge précédé d'une flatteuse réputation de chasseurs de buts à l'Excelsior Mouscron (28 réalisations en 30 matchs) et qui avait à coeur de faire mieux que la saison précédente où il découvrait à peine la Ligue 1. Enfin, Peguy Luyindula, international français, barré à l'OM et en quête de relance du côté de la Bourgogne. Des trois cités, ce sont les deux derniers qui ont trouvé grâce auprès de Santini. Et de quelle façon ! Pieroni a marqué des points d'entrée de jeu, scorant contre Monaco et Bordeaux et est vite devenu le meilleur buteur de son équipe (7 réalisations). Luyindula, lui, a en revanche d'abord rongé son frein sur le banc de touche, la faute à une arrivée tardive dans l'Yonne. Ce n'est que partie remise pour l'ancien Strasbourgeois qui sera l'homme du renouveau auxerrois. Il marque face à Ajaccio, et l'AJA l'emporte (2-0), récidive à Metz (1-2) et remet encore ça devant Sochaux (3-0). Plus qu'une coïncidence, l'AJ Auxerre se montre très dépendant de l'état de forme et du réalisme de ces deux attaquants. C'est simple, en 19 journées de championnat, le club icaunais n'a jamais perdu lorsque l'un des membres de sa doublette offensive a marqué.

Au milieu de terrain, la grosse satisfaction provient du Danois Thomas Kahlenberg. L'ancien joueur de Bröndby a très vite fait étalage de toute sa classe, de sa technique irréprochable et de son jeu juste. Un peu plus de réussite devant le but améliorerait ses états de service. L'international est directement en concurrence avec l'Ivoirien Kanga Akalé, qui pour l'instant avec 18 apparitions – 11 titularisations et 7 en tant que remplaçant) fait plus office de joker de luxe dans l'esprit de Santini. Benoît Cheyrou a encore pris du galon. L'ancien Lillois est en train de franchir un cap, il prend plus de libertés offensives, s'implique davantage dans la construction des attaques auxerroises et se montre autant à son avantage dans l'axe que sur le côté gauche. Pas étonnant que celui-ci ait disputé 17 rencontres en tant que titulaire et ait trouvé à deux reprises le chemin des filets cette saison, soit à mi-parcours le double de son total de buts de l'an dernier. A noter la bonne intégration de Mathieu Berson au système de jeu auxerrois. Avec 13 apparitions en L1, l'ancien joueur d'Aston Villa finit petit à petit à faire son trou malgré une certaine concurrence avec Philippe Violeau, l'ancien Lyonnais ayant déjà disputé 15 matchs sous les couleurs icaunaises cette saison.

Mention spéciale pour la défense auxerroise, loin d'être épargnée par les blessures, à l'image de son prometteur international espoir, Younes Kaboul, out depuis le mois d'août et le déplacement à Monaco en raison d'une grave blessure au genou. Derrière l'inamovible Cool, toujours sûr et rassurant pour sa formation, s'est révélé le jeune latéral droit, Bakary Sagna. Pour sa deuxième saison parmi l'élite, le défenseur de 22 ans a fait étalage de tout son potentiel défensif. Dommage que celui-ci doive mettre un frein à sa belle ascension : Sagna sera absent des terrains pendant une période de trois mois, sujet à une déchirure du ligament latéral externe du genou droit.

L'énigme Benjani

Face à cette hécatombe de blessés dans son secteur défensif, il n'est pas étonnant de trouver l'AJA dans le rang des mauvais élèves en Ligue 1 avec 21 buts encaissés en 19 journées. «Je crois que les gars étaient à bout physiquement et psychologiquement. Je n'ai pas pu faire tourner l'effectif comme je le souhaitais en raison des blessures. Certains joueurs n'avaient ainsi plus leur rendement habituel» , a confié Santini lors d'une interview accordée à L'Yonne républicaine, concernant la fin d'année difficile de sa formation. Difficile en effet pour le technicien auxerrois d'aligner la même arrière-garde avec les allers-retours fréquents de Bolf ou de Sagna à l'infirmerie. Et si certains en ont profité pour se révéler (Sagna), ou confirmer tout le bien que l'on pouvait penser d'eux (Mignot), d'autres ont en revanche alterné le chaud et le froid (Kalabane).

Au milieu de terrain, le principal bémol vient du rendement de Yann Lachuer. Celui, qui par sa touche technique avait autrefois l'habitude de trouver ses partenaires d'attaque les yeux fermés, souffre aujourd'hui de la forte inclinaison du jeu de son équipe vers la gauche, zone du milieu de terrain ou sévissent Kahlenberg, Akalé et parfois même Cheyrou. Les chiffres parlent d'eux –mêmes : 3 buts pour l'ancien Parisien mais zéro passe décisive. Le meilleur passeur du club n'est autre que Kahlenberg, ex-aequo avec Pieroni (4 passes).

La véritable déception (la seule ?) du côté auxerrois vient de Benjani. L'international zimbabwéen n'a pas l'air dans son assiette et la Bourgogne lui donne visiblement la nausée. L'attaquant africain ne semble plus vouloir associer son avenir avec celui de l'AJA. Dès cet été, il avait tenté de faire le forcing auprès de ses dirigeants en retardant son retour de vacances pour que ceux-ci lui accordent un bon de sortie. Mais le staff auxerrois avait été formel : hormis Bonaventure Kalou (Paris SG) et Teemu Tainio (Tottenham), aucun autre départ ne serait autorisé cette saison. Depuis, Benjani est rentré dans les rangs et traîne son spleen sur les terrains de Ligue 1. Son bilan : 11 apparitions, 1 but. Une misère…

Beaucoup de bruit, mais rien ?

Jean-Claude Hamel a été clair. Le président bourguignon l'a fait savoir dans les colonnes du quotidien l'Yonne républicaine : «il y a deux secteurs où nous sommes un peu juste, en attaque et en défense» . En effet, en quantité (et même en qualité), l'effectif auxerrois est juste, très juste et la CAN se rapproche à grands pas. Trois éléments de l'AJA sont concernés par la compétition africaine : le Guinéen Omar Kalabane, le Zimbabwéen Benjani et l'Ivoirien Kanga Akalé. D'où une priorité de recrutement vers ces deux secteurs de jeu. Si pour l'instant, le club bourguignon recherche toujours l'élément défensif qui lui fait défaut, en attaque, les pistes se bousculent.

Certains noms ont circulé mais finalement rien de concret ne s'est réalisé. La piste Fabrice Pancrate, déjà évoqué l'été dernier, semblait cette fois connaître un dénouement favorable pour l'AJA. Mais l'arrivée de Guy Lacombe à la tête de l'équipe première du PSG a bouleversé la donne, l'ancien coach sochalien comptant beaucoup sur un joueur qu'il a eu sous ses ordres à Guingamp. Nenad Jestrovic a également vu son nom couché sur les tablettes icaunaises à la case «possibles arrivées» . Placé sur la liste des transferts par son club, Anderlecht, Jestrovic qui a déjà évolué par le passé en France sous les couleurs bastiaises et messines, meilleur buteur l'an passé du championnat belge avec 18 réalisations, intéresse vivement Auxerre mais le club bourguignon n'est pas seul, l'OM gardant un oeil sur l'international serbo-monténégrin.

En fait, c'est la situation de Benjani qui attire l'attention du côté de l'AJA. Le rendement et l'implication du buteur africain au sein de son équipe sont si faibles que l'on voit mal quel intérêt aurait le club icaunais à vouloir conserver un élément qui n'a plus l'envie de défendre ses couleurs. Et qui plus est, se retrouve barré par l'éclosion du duo Pieroni-Luyindula. L'OM s'est déjà positionné sur son cas. Des clubs anglais, à l'image de Portsmouth, Newcastle ou encore Wigan, sont prêts à lui verser un pont d'or et des offres de transferts à hauteur de 7 millions d'euros auraient été évoqués outre-Manche. Alors cette fois, que va décider l'AJA concernant Benjani ?

4e de Ligue 1 au terme des matchs aller, l'AJ Auxerre vit finalement un après Guy Roux moins difficile que prévu. Le club bourguignon vise clairement une place sur le podium mais son inconstance et surtout le manque de profondeur de son effectif, notamment sur le plan défensif, plombent quelque peu ses ambitions européennes. Cependant, éliminé de la Coupe de l'UEFA et de la Coupe de la Ligue, l'AJA dispose désormais d'une marge de manoeuvre que ne partage pas la concurrence. Aux Bourguignons de profiter de ce calendrier allégé pour réaliser une grosse deuxième partie de saison.



Taille du texte: Email Imprimer Partager:




Publiez un commentaire avec votre compte Facebook, Yahoo, Hotmail ou AOL   AIDE
Pour signaler un abus, contactez
Ajouter un commentaire ... Les insultes sont passibles d'une amende de 12.000€ et jusqu'à 45.000€ pour les injures racistes, homophobe, handiphobe ou sexiste. N'oubliez pas que vos messages ici sont publics et qu'en cas de plainte votre identité réelle peut être révélée à la justice.
Pour afficher les commentaires Facebook, vous devez être connecté à Facebook



 
 

Actu et transferts 24h/24

Les + populaires du moment

Sondage Maxifoot
Equipe type : Constituez le meilleur ONZE de l'année ! Quel latéral DROIT en priorité ?

Trent Alexander-Arnold (ex-Liverpool, Real Madrid)
Denzel Dumfries (Inter)
Achraf Hakimi (Paris SG)
Jules Koundé (FC Barcelone)
Konrad Laimer (Bayern)
Voter

Voir les resultats - Voir les sondages précédents

Les articles populaires du moment

Ça a fait le buzz depuis 7 jours

Les VIDEOS populaires du moment



emplacement publicitaire


 A SUIVRE
TOP 20
transferts
en EUROPE

mercato de l'été 2025
BILAN L1
mercato
des clubs

mercato de l'été 2025
MERCATO
ANG - ESP
ITA - ALL

bilan mercato été 2025
Classements des
BUTEURS

en EUROPE
Indice MF :

l'état de
FORME
des clubs en europe
Les FRANCAIS à

l'ETRANGER
Qui joue ?
Qui marque ?


emplacement publicitaire