L'Olympique lyonnais empoche son troisième titre de champion de France consécutif. Un nouveau trophée national pour la meilleure équipe française de ces dix dernières années qui n'a toutefois pas été remporté sans difficulté. Bilan et analyse.

A l'aube de la saison 2003-2004, dirigeants et joueurs lyonnais annoncent la couleur : «Nous visons un troisième titre de champion d'affilée et les quarts de finale de la Ligue des Champions» . Rare sont les équipes, notamment de l'hexagone, qui affichent de telles ambitions à l'entame d'une saison. Encore plus rare sont celles qui, en Europe, parviennent à atteindre leurs objectifs prédéfinis. Et pourtant… Aulas en a rêvé, ses joueurs l'ont fait ! L'OL est champion de France et a atteint les quarts de finale de la Ligue des champions, ne s'inclinant que face au futur vainqueur de la compétition, le FC Porto. Cette issue heureuse ne reflète cependant pas les difficultés rencontrées par le club Rhodanien tout au long de la saison. L'expérimenté Joël Bats le répète à qui veut l'entendre : «Ce titre, nous l'avons décroché dans la douleur. C'est ce qui le rend encore plus beau» , explique l'entraîneur des gardiens de l'OL.

Le tournant à Monaco

Incontestablement, la saison lyonnaise ne démarre pas sur les chapeaux de roue. Au bout de six journées de championnat, l'Olympique lyonnais ne pointe qu'à la onzième place du classement. Deux nettes victoires (Monaco et Montpellier) ne suffisent pas à faire oublier deux résultats nuls (Toulouse et Auxerre) et surtout deux défaites (Lille et Guingamp). A la fin de l'année 2003, Lyon joue mieux et se situe en seconde position, à sept points de Monaco. La faute à qui ? Aux Lyonnais, encore irréguliers, mais surtout au formidable parcours des Monégasques, qui jouent sur une autre planète que le reste des équipes de Ligue 1. Et le début de l'année 2004 vient confirmer la première partie de saison : le 9 janvier, l'ASM inflige un cinglant 3 à 0 à l'OL. Paradoxalement, cette sévère défaite va constituer le tournant de la saison du championnat de L1. Depuis cette date, les joueurs de Paul Le Guen enchaînent quatorze succès pour deux résultats nuls (Lens et Bordeaux) et trois défaites, contre Guingamp, Marseille et Paris. Cette dernière n'aura aucune conséquence. Fatigués par une campagne éprouvante en Ligue des Champions, les Monégasques, qui ne disposent pas d'un effectif suffisant pour jouer leur carte à fond sur tous les tableaux, ne cessent de perdre du terrain sur l'OL. Jusqu'à cette dernière défaite face à Rennes (1-4) lors de l'avant-dernière journée qui scelle le sort du championnat.

Les satisfactions

C'est mentalement que les Lyonnais sont parvenus à remporter ce troisième titre de champion d'affilée. A l'issue de la défaite à Monaco, lorsque les Rhodaniens comptaient dix points de retard sur les joueurs de la Principauté, peu nombreux sont les observateurs qui donnaient une chance aux premiers de devenir champion de France. Et pourtant, les Lyonnais, mis dans les meilleures conditions par un entraîneur toujours à leur écoute, ne se sont pas découragés et n'ont cessé de croire en leur bonne étoile. Autre satisfaction, la défense de l'OL. Contrairement à la saison précédente, la charnière Edmilson-Caçapa, puis Edmilson-Muller a semblé plus sûre d'elle. Au bout des trente-huit journées du championnat, Lyon termine meilleure défense de L1 avec seulement 26 buts encaissés. L'OL possède également la meilleure attaque de France avec 64 buts marqués. Cette propension à faire trembler les défenses adverses est révélatrice de l'excellente relation entre le milieu de terrain et l'attaque des Lyonnais.

Avec Juninho et Dhorasoo dans l'axe, Malouda et Govou sur les côtés, et Luyindula et Elber en pointe, les solutions sont multiples. Le Brésilien est la satisfaction principale de l'année. Désormais international, le milieu lyonnais a franchi un palier supplémentaire cette saison : toujours aussi habile sur coup franc, Juninho démontre aujourd'hui ses capacités à marquer (10), passer (8) et même défendre en effectuant un important travail de récupération dans l'axe. Cette décision ingénieuse de Paul Le Guen de replacer le Brésilien dans l'axe a changé le cours de la saison des Lyonnais. Devant Juninho, Peguy Luyindula a aussi grandement contribué à l'obtention du titre. Buteur (16), mais aussi et surtout dribbleur, remiseur et pivot de l'attaque lyonnaise, l'international français pourrait manquer aux Bleus lors du prochain Euro. Vikash Dhorasoo, même s'il n'a pas toujours été titulaire, peut partir au Milan AC avec le sentiment du devoir accompli. Infatigable récupérateur, Dhoasoo a permis à son club, en marquant des buts décisifs à la fin de saison, de coiffer Monaco et Paris sur le poteau. Dans le couloir gauche, il ne faudra pas non plus oublier les excellentes prestations de Florent Malouda. Enfin, Grégory Coupet, en constante progression, est l'un des artisans principaux de la très bonne saison lyonnaise. Quelques arrêts décisifs et une influence considérable dans le groupe le place aujourd'hui dans la position d'un Numéro 1 bis en équipe de France.

Les déceptions

Difficile de trouver des éléments négatifs dans un club qui gagne le titre de champion national et qui atteint les quarts de finale de la plus prestigieuse compétition européenne. En cherchant un peu tout de même, on peut relever quelques bémols à la saison des Lyonnais. Tout d'abord, une irrégularité chronique. Même à l'issue du championnat, certains spécialistes s'étonnaient de la difficulté qu'ont rencontré les Lyonnais à enchaîner les bonnes performances. Ainsi, même lors de la dernière partie de championnat, alors que les joueurs de Le Guen étaient au somment de leur forme, ces derniers étaient capables d'étonnantes contre-performances comme perdre à domicile contre Guingamp et l'OM lors des vingt-troisième et trente-et-unième journées. Autre déception intermittente, la défense, qui n'a pas su toujours être au rendez-vous aux moments cruciaux. Ainsi, en Ligue des champions, certaines erreurs de déconcentration ont mis à mal les rêves lyonnais d'aller plus loin dans la compétition.

Edmilson, s'il a considérablement progressé en matière de rigueur et de sobriété, est coupable sur les deux buts concédés contre Porto, lors du match retour des quarts de finale de la Ligue des Champions. Malgré une bonne saison, le Brésilien a encore des progrès à faire pour devenir un patron incontestable en défense. L'autre grande déception est également brésilienne. Il s'agit de Giovanne Elber. Souvent timoré et parfois maladroit, l'ancien Munichois n'est pas parvenu à s'adapter totalement à l'environnement lyonnais. Heureusement, Elber a su marquer quelques buts décisifs pour son club. Enfin, Sidney Govou, très peu épargné par les blessures au cours de la saison, a effectué une année en demi-teinte. Il a souvent buté face à ses adversaires directs dans son couloir droit et n'a pas été un monstre d'efficacité devant le but. Néanmoins, une très bonne fin de saison et sa sélection de dernière minute pour l'Euro 2004 à la place de l'infortuné Giuly peuvent lui permettre de finir l'année en beauté.

Un nouveau visage ?

Jean-Michel Aulas l'a annoncé dès le coup de sifflet final de la saison de Ligue 1, «il va se passer des choses, il y aura trois ou quatre grosses arrivées, toutes de très haut niveau, international A ou espoir» . La première recrue est en effet international espoir, il s'agit du Sochalien Pierre-Alain Frau, auteur de 17 buts cette saison avec le club du Doubs. Ce dernier a préféré faire confiance au meilleur club de ces dix dernières années plutôt que de suivre son ex-coéquipier Benoît Pedretti qui a, lui, choisi l'Olympique de Marseille. Autre arrivée probable, celle du Lillois Eric Abidal. Même si le président Lillois, Michel Seydoux, oppose quelques réticences au départ de son défenseur, le président Aulas devrait avoir les moyens de lui faire changer d'avis. Une ou deux arrivées supplémentaires sont prévus, notamment au milieu du terrain.

Côté départs, les trois principaux sont dores et déjà connus : Dhorasoo, qui s'en va au Milan AC, Deflandre et Delmotte quitte le club après de avoir rendu de bons et loyaux services. L'Olympique lyonnais ne devrait pas se séparer d'autres joueurs-clés hormis les trois «D» . Cependant, concernant les rumeurs de départs, Eric Carrière serait sur les tablettes de plusieurs clubs, dont Toulouse et Lens, alors que Giovanne Elber pourrait retourner en Allemagne, au Borussia Dortmund. De même, Edmilson est suivi de près par le nouveau manager de Chelsea, José Mourinho. Enfin, certains informateurs ont évoqué la piste du PSG pour Juninho, mais l'OL a aussitôt démenti en rétorquant que «la valeur du joueur, estimée à près de 20 millions d'euros, est inaccessible pour le club de la capitale» .

L'Oympique lyonnais a fait honneur à son rang. Son troisième titre d'affilée n'est pas le fruit du hasard. Avec un président qui construit lentement mais sûrement un Grand d'Europe, un entraîneur compétent, appliqué, modeste ( «C'est d'abord une victoire pour les joueurs» , déclare Paul Le Guen) et apprécié de ses joueurs, et des joueurs de talents et de plus en plus expérimentés, l'OL mérite sa position actuel de leader des clubs français. L'intersaison devrait chambouler quelque peu l'effectif : espérons pour Lyon que les nouveaux arrivants s'intégreront au plus vite dans le moule rhodanien.

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