Les
générations se suivent et ne se ressemblent pas. La succession
des glorieux Rémois et Français de 1958 est difficile à
assumer. Des clubs comme Saint-Etienne, Monaco et Nantes, emmenés
par de bons joueurs, se font alors un nom. Voici la première partie
du portrait d’une génération sacrifiée…
Né
en 1942
Clubs : Aix-en-Provence, Stade Français,
AS Saint-Etienne, Olympique de Marseille
Palmarès
: Ch. Fr. 1968, 1969, 1970, 1972, CdF 1968, 1970, 1972
36 sélections en Equipe de
France (1963-1973)
Jouer son
premier match dans les buts de l’Equipe de France face à un certain
Pelé, la tâche n’est pas aisée. Carnus s’en accommode
parfaitement, encaisse 3 buts du Dieu vivant dont un mémorable penalty
marqué en deux temps et signe un bail de 10 ans sous le maillot
bleu. Sa souplesse, ses réflexes, sa sûreté, sa mentalité
exemplaire font de ce Provencal le meilleur gardien français de
la fin des années 60. Découvert à Aix-en-Provence,
il passe au Stade Français avant de connaître la consécration
avec 3 titres nationaux et 2 Coupes de France à Saint-Etienne qui
écrase le football français. En compagnie de Bernard Bosquier,
il signe chez le plus grand rival de Saint-Etienne, Marseille et déclenche
l’ire du président stéphanois, Roger Rocher, qui débouche
sur l’une des plus grosses affaires de l’histoire du football hexagonal.
Bel et bien Marseillais, Carnus ajoute un troisième doublé
à son palmarès en 1972. Sa carrière et sa vie se brisent
lors d’un accident de la route qui décime sa famille. En 1998, il
participait activement à l’organisation de la Coupe du Monde à
Marseille.
Bernard
BOSQUIER - Défenseur
|
Né
en 1942
Clubs : Alès, FC Sochaux,
AS Saint-Etienne, Olympique de Marseille
Palmarès : Ch. Fr. 1967, 1968,
1969, 1970, 1972, CdF 1968, 1970, 1972
42 sélections en Equipe
de France (1964-1972) 3 buts
Bernard
Bosquier est le symbole des quatre titres remportés par l’AS Saint-Etienne
à la fin des années 60. Formé à Alès,
révélé à Sochaux, le meilleur arrière
central français de l’époque débarque à Saint-Etienne
au lendemain d’une Coupe du Monde terne pour l’Equipe de France. Afin de
construire une grande équipe, Roger Rocher a dû casser sa
tirelire, contre son gré, pour s’attacher les services de Bosquier
à hauteur de 40 millions de centimes (record de l’époque).
Très bon joueur de tête, il stabilise la défense des
Verts qui deviennent irrésistibles avec 4 titres et 2 Coupes. Il
est également l’un des piliers de l’équipe nationale mais,
malheureusement, les résultats ne suivent pas. En 1971, comme Carnus,
il passe à Marseille contre l’avis de son président, Roger
Rocher. Un nouveau doublé en 1972 l’honore d’un des plus beaux palmarès
de l’histoire du football tricolore. Il prend alors du recul pour s’occuper,
par la suite, des destinées de l’Olympique de Marseille en tant
que dirigeant.
Jean
DJORKAEFF - Défenseur
|
Né
en 1939
Clubs : O.Lyon, Olympique de Marseille,
Paris Saint-Germain
Palmarès : CdF 1964, 1969
48 sélections en Equipe
de France (1964-1972) 3 buts
D’origine
kamoulk, les grands-parents de Jean Djorkaeff, proches du tsar Nicolas
II, quittent la Russie pour la France lors de la révolution bolchevique.
Quarante ans plus tard, la plus belle dynastie du football français
débute lorsque « Tchouki » se fait un nom dans les équipes
de jeunes de l’OL. Ailier, il devient arrière latéral selon
les souhaits de son entraîneur, Lucien Jasseron, adepte du catenaccio.
La sélection nationale et la Coupe de France lui tendent alors les
bras en 1964. A son poste, il profite de ses qualités de vitesse,
de relance et de contre-attaque acquise comme ailier. Il est alors un indiscutable
titulaire de l’Equipe de France, participe à la Coupe du Monde 1966
et prend même le brassard de capitaine. A Marseille, il vit une nouvelle
épopée victorieuse en Coupe de France puis essaye d’ancrer
le tout nouveau club parisien, le PSG première version, dans le
paysage professionnel. Comme pour beaucoup de joueurs de sa génération,
le peu de succès cause un fort préjudice à sa consistante
carrière. Entraîneur à Decines, Grenoble ou Saint-Etienne,
il s’occupe en parallèle de l’avènement de sa glorieuse progéniture,
Youri, au plus haut-niveau mondial.
Marcel
ARTELESA - Défenseur
|
Né
en 1938
Clubs : Troyes, AS Monaco, Olympique
de Marseille
Palmarès : Ch. Fr., CdF
1963
21 sélections en Equipe
de France (1963-1966) 1 but
e Troyes
à Marseille, Marcel Artelesa laisse l’image de véritable
patron et de tour de contrôle des défenses qu’il a commandées.
Sa carrière prend son envol lorsqu’il rejoint Monaco pour renforcer
l’effectif qui participe à la Coupe des Champions. Un an plus tard,
il est le « maçon », son surnom, de l’hermétique
défense de la plus belle équipe monégasque de l’histoire
qui réalise le doublé en 1963 sous les ordres du grand entraîneur
qu’est Lucien Leduc. Son parcours ne peut alors que faire un détour
par l’Equipe de France et la Coupe du Monde 1966. Malheureusement pour
lui, la France ne fait qu’un passage éclair. Marcel Leclerc, le
nouveau président de l’OM, le recrute. Il est l’un des hommes de
base de la reconstruction du futur grand OM.
Né
en 1936 – Décédé en 1998
Club : AS Saint-Etienne
Palmarès : Ch. Fr. 1957,
1964, CdF 1962
24 sélections en Equipe
de France (1958-1964)
Ils sont
une bande de jeunes joueurs en 1957 sous la houlette de Jean Snella à
conduire l’AS Saint-Etienne à son premier titre de championne de
France. Ces premiers héros stéphanois sont les frères
Tylinski, Ferry, Domingo, Peyroche, Mekloufi et Ferrier. Ce dernier naît
dans l’Allier et découvre le football à Cusset, dans la banlieue
de Vichy. Pierre Garonnaire le repère alors qu’il gagne la Coupe
Nationale des Cadets avec l’Auvergne en 1953. L’intégralité
de sa carrière professionnelle est dévouée au maillot
vert. Il est de toutes les aventures : le titre en 1957, la victoire en
Coupe de France en 1962, la descente en D2 et le titre, l’année
de la remontée en 1964. Athlétique, altruiste, enthousiaste,
René Ferrier possède toutes les qualités pour jouer
dans l’entre jeu. Sélectionné 24 fois en Equipe de France,
il est un professionnel exemplaire. Sa discrétion ne lui offre pas
la place qu’il mérite dans l’histoire du football français.
La génération beaucoup plus glorieuse des Larqué,
Revelli lui succède en 1967. Très attaché à
Saint-Etienne, il s’y éteint en 1998.
Né
en 1939
Club : AS Saint-Etienne
Palmarès : Ch. Fr. 1964,
1967, 1968, 1969, 1970, CdF 1962, 1968, 1970
23 sélections en Equipe
de France (1960-1968) 3 buts
Glasgow,
1976 : Saint-Etienne dispute la finale de la Coupe des Clubs Champions
et fait rêver la France ; son entraîneur se nomme, Robert Herbin,
dit « le sphinx ». Ses nombreux succès en tant qu’entraîneur
le propulsent parmi les meilleurs tacticiens du monde mais occultent une
carrière de joueur tout aussi exceptionnelle. Débarqué
en 1957 à Saint-Etienne en provenance du Cavigal de Nice, Herbin
plaît rapidement à ses dirigeants et aux supporters des Verts.
Polyvalent, athlétique, ce sont surtout ses valeurs d’abnégation,
de travail et de modestie qui font de lui un titulaire indiscutable de
l’ASSE, quintuple championne de France dans les années 60. Même
s’il participe à la Coupe du Monde 1966, ses performances en Equipe
de France sont beaucoup plus contrastées. Herbin est surtout très
intelligent. Au contact de Jean Snella et Albert Batteux, deux entraîneurs
mythiques du football français, il apprend les rudiments d’un poste
qu’il occupe à Saint-Etienne dès 1972. Ses rapports avec
le président Rocher faits de haine et de passion, ne les empêchent
pas de partager la gloire et de plonger ensemble lors de l’affaire de la
« caisse noire ». A Lyon, en Arabie Saoudite, à Strasbourg,
au Red Star, il ne retrouvera jamais la magie stéphanoise qu’il
tente de revivre en rendant, de temps en temps, service à son club
de toujours.
Rarement
couverte de gloire, la France des années 60 possède pourtant
de grands attaquants tels que Gondet ou Combin véritables virtuoses
devant les but.
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à cet article - Par Vivian MASSIAUX
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