Kopa,
Fontaine, Piantoni. A l'évocation de ces noms, la France se met
à rêver d'une époque révolue où les attaquants
faisaient le spectacle et marquaient but sur but. L'alchimie de l'attaque
française à la Coupe du Monde 1958 était si parfaite
qu'elle faillit éclipser l'avénement du roi Pelé.
Né en
1931
Clubs :
Noeux-les-Mines, SCO Angers, Stade de Reims, Real Madrid, Stade de Reims
Palmarès
: Ch. Fr. 1953, 1955, 1960, 1962, Ch. Esp. 1957,1958, C1 1957, 1958, 1959,
Finaliste C1 1956, 3ème CdM 1958, Ballon d'or 1958
45 sélections
en Equipe de France (1952-1962) 18 buts
Raymond Kopa
est le premier : le premier Français à avoir une renommée
internationale, à s'être imposé à l'étranger,
à remporter le Ballon d'or, à vivre de son sport et du sponsoring
et, finalement, à gagner, tout simplement. Le "Napoléon du
football" s'est forgé un caractère de gagneur et une détermination
à toute épreuve de sa jeunesse d'ouvrier mineur. Deuxième
du concours du "jeune footballeur", il passe de Noeux-les-Mines à
Angers, découvre la D2 et le professionnalisme. Il prend son envol
lorsqu'il est transféré à Reims. Albert Batteux, le
monumental entraîneur des Rémois, façonne le petit
génie du football doté d'un sens du dribble et de la passe
encore jamais vu en France et le place en retrait des attaquants. Il est
une sorte de n°10 avant l'heure. La suite de sa carrière est
à la hauteur de son talent. Il est le leader du grand Stade de Reims
qui truste les titres en France et qui dispute une finale de C1 perdue
contre le Real. Kopa n'a pas tout perdu, le Real lui fait un pont d'or.
Il grimpe, avec Di Stefano ou Puskas, sur le toit du monde. La 3ème
place en Coupe du Monde 1958, le titre espagnol et la C1 la même
année lui ouvrent le palmarès du Ballon d'or. En 1959, lassé
de jouer à l'aile à Madrid et pris par ses affaires en France,
il refuse une juteuse prolongation de contrat et revient à Reims.
Le succès est encore au rendez-vous avec 2 nouveaux titres. La suite
est plus terne. Reims, en bout de cycle, sombre en D2 et la France ne domine
plus. En proie à des problèmes personnels, le caractère
de Kopa exaspère. Il se brouille avec les sélectionneurs
et entame une bataille controversée pour la défense des droits
de footballeurs qui aboutit sur l'adoption du contrat à temps. Victime
des nombreux coups au cours de sa carrière, Kopa abandonne le football
de haut-niveau et Reims en 1970 pour se retirer dans la région angevine.
Symbole d'une France qui gagne, il est le premier footballeur à
recevoir la légion d'honneur.
Né en
1930
Clubs :
Lille OSC, Stade de Reims
Palmarès
: Ch. Fr. 1954, 1958, 1960, 1962, CdF 1953, 1958, Finaliste C1 1959, 3ème
CdM 1958
46 sélections
en Equipe de France (1953-1961) 22 buts
Jean Vincent
apprend le football dans la formidable pépinière amateur
d'Auchel dans le Pas-de-Calais avant de s'envoler logiquement vers le voisin
lillois et une carrière professionnelle à 19 ans. Il goûte
alors à la fin de l'âge d'or des Nordistes et à ses
derniers succès, ses premiers personnels. Mais, comme pour beaucoup
de joueur de l'époque, il s'accapare la notoriété
et un palmarès conséquent en passant à Reims. Ses
qualités de vitesse, de perforation et d'efficacité (22 buts
en Equipe de France) le conduisent au Panthéon des meilleurs ailiers
européens. Moins connu que Kopa, Fontaine ou Piantoni, il est le
parfait complément de ces vedettes dans le système de jeu
spectaculaire de Reims ou de l'Equipe de France. Pion essentiel des grandes
équipes, il transmet son savoir footballistique et sa culture de
la gagne en devenant entraîneur du FC Nantes dans les années
70. Poursuivant le travail de José Arribas, il offre 2 titres et
1 Coupe aux Nantais. Il revit ensuite les délices de la Coupe du
Monde avec le Cameroun en quète de reconnaissance en 1982. A la
suite d'une expérience rennaise moins concluante, il ouvre une école
de football en Loire-Atlantique.
Maryan
WISNIESKI - Attaquant |
Né en
1937
Clubs :
RC Lens, Sampdoria Gênes, AS Saint-Etienne, FC Sochaux
Palmarès
: 3ème CdM 1958
33 sélections
en Equipe de France (1955-1963) 12 buts
Les jeunes
joueurs de talent fourmillent dans le Pas-de-Calais au lendemain de la
seconde guerre mondiale. Après Jean Vincent, le vivier d'Auchel
forme un autre ailier de qualité, Maryan Wisnieski. Ces deux hommes
sont les ailiers de la grande attaque française lors de la Coupe
du Monde 1958 mais la comparaison s'arrête là. Wisnieski est
un footballeur prodige. Recruté par le RC Lens, il devient rapidement
le plus jeune joueur à porter le maillot de l'Equipe de France face
à la Suède en 1955 (18 ans et 2 mois). Il est extraordinaire
d'aisance et de facilité et déborde n'importe qui sur son
aile droite. Il sait également marquer et inscrit 2 buts à
la Coupe du Monde 1958. Heureux de son existence, il lui manque un peu
de hargne pour devenir un très grand joueur. En 1963, il honore
sa dernière sélection à 26 ans, seulement. Son expérience
à la Sampdoria et son retour en France à Saint-Etienne puis
Sochaux ne marquent pas les esprits. Il se retire, par la suite, dans la
région de Carpentras.
Roger PIANTONI
- Attaquant |
Né en
1931
Clubs :
FC Nancy, Stade de Reims, OGC Nice
Palmarès
: Ch. Fr. 1958, 1960, 1962, Meilleur buteur 1951, 1961, CdF 1958,
Finaliste C1 1959, 3ème CdM 1958
37 sélections
en Equipe de France (1952-1961) 18 buts
Petit-fils
d'émigré italien, Roger Piantoni découvre le football
en Lorraine, l'autre grande région formatrice de l'époque,
et, plus précisément, au club de Piennes qui façonne
beaucoup de bons éléments. Il passe logiquement au FC Nancy
où à 20 ans, il est le meilleur buteur du championnat de
France. Dix ans plus tard, à Reims, il reprend son bien de goleador
après avoir enrichi son palmarès dans le meilleur club de
France. Pendant dix ans, il fait le bonheur de l'Equipe de France et forme
un trio magique avec Kopa et Fontaine. Doté d'une frappe surpuissante
du gauche, Piantoni, comme Fontaine, est un buteur. Excellent technicien,
il est capable des mêmes exploits que Kopa. Malheureusement, de nombreuses
blessures et une personnalité réservée ne lui permettent
d'obtenir la grande notoriété de ses glorieux coéquipiers.
Il met fin à sa carrière à Nice. Il demeure dans le
milieu du football en restant proche de la FFF et de l'AS Nancy-Lorraine
tout en travaillant pour une firme d'équipement de sport. Il est
l'un des hommes les plus attachants de l'histoire du football français.
Just FONTAINE
- Attaquant |
Né en
1933
Clubs :
OGC Nice, Stade de Reims
Palmarès
: Ch. Fr. 1956, 1958, 1960, 1962, Meilleur buteur 1958, 1960, CdF 1954,
1958, Finaliste C1 1959, 3ème CdM 1958, Meilleur buteur 1958
(13 buts, record)
21 sélections
en Equipe de France (1953-1960) 30 buts
Treize, ce
chiffre lui collera à tout jamais à la peau. En arrivant
à la Coupe du Monde en 1958 en Suède, Fontaine n'est que
le remplaçant d'un autre Rémois, Bliard. Celui-ci se blesse,
Fontaine vit alors une aventure exceptionnelle jusqu'à la troisième
place mondiale. Il marque un total incroyable de 13 buts, un record qui
ne sera probablement jamais battu. D'ailleurs, en Equipe de France, il
inscrit la bagatelle de 30 buts en 21 sélections, soit une moyenne
inégalée de 1,43 buts par match. Repéré au
Maroc, il entre dans la belle équipe niçoise à l'âge
de 20 ans et remporte un championnat et une Coupe. Il se doit alors de
prendre la direction de Reims et de connaître tous les succès
du club champennois. De 1958 à 1960, il est le plus grand buteur
de France et probablement de la planète. A 27 ans, deux fractures
successives de la jambe consécutives à des tacles assassins
mettent fin à sa carrière. Cet arrêt précoce
l'empêche d'établir de fantastiques records d'efficacité.
Il ouvre un magasin de sport tout en s'occupant du nouveau syndicat des
joueurs professionnels. Il prend en charge l'Equipe de France pour un court
intermède puis le PSG, fraîchement créé. Ses
convictions offensives ont finalement raison de lui dans un football devenu
plus hermétique.
Les deux gardiens
titulaires de la Coupe du Monde 1958 se nomment François Remetter
et Claude Abbes. Ils multiplient les exploits. Passant dans
de nombreux clubs, Remetter ne connaît la gloire qu'avec l'Equipe
de France. Abbes, qui lui prend sa place en Suède, vit les premiers
triomphes de l'AS Saint-Etienne. Au début des années 50,
un autre gardien, René Vignal, fait rêver la France
et l'Europe puisque les Anglais l'ont sunommé le "fou volant".
Hommes discrets,
Raymond Kaelbel, le roi du tacle, et André Lerond,
très sûr dans ses interventions, sont des défenseurs
de qualités de l'Equipe de France de 1958.
Ce sont surtout
les attaquants qui ont marqué les années 50. Thadée
Cisowski, 206 buts en championnat et 5 en un seul match avec la France,
et Joseph Uljaki, 190 buts en D1, sont deux des plus grands buteurs
français de l'histoire. Coéquipier puis successeur de Baratte,
André Strappe fait perdurer les triomphes lillois jusqu'au
milieu des années 50. Enfin, les attaquants passés par Reims
laissent une trace. Francis Meano, star précoce du football
français, aussi fort que Kopa, meurt à 23 ans sur les chemins
de la gloire. Michel Hidalgo, futur sélectionneur remarquable
de l'Equipe de France, joue un rôle primordial dans les succès
rémois. Il participe également à l'arrivée
au premier plan national de l'AS Monaco en compagnie d'Yvon Douis,
joueur d'une rare élégance.
Victime
du contre-coup de la campagne suèdoise, le football français
plonge dans les années 60. De bons joueurs se révèlent
comme à Saint-Etienne qui débute son hégemonie.
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à cet article - Par Vivian MASSIAUX