Vainqueur au match aller sur le score de trois buts à un, l'AS Monaco se déplace ce soir à Stamford Bridge pour y affronter Chelsea. A 90 minutes d'une finale de la Ligue des Champions, les joueurs de Didier Deschamps ne veulent rien lâcher. Mais Claudio Ranieri et ses hommes croient en l'exploit.

Les équipes : les défenses en question

Pour les deux équipes, des interrogations pèsent sur le même secteur de jeu, la défense. Mais si pour Didier Deschamps, la question se pose en terme de choix entre des joueurs valides et disponibles, Claudio Ranieri doit se passer de plusieurs titulaires. Pour le coach italien, le casse-tête repose plus précisément sur la non-participation des Français du club londonien. En défense centrale, Marcel Desailly est suspendu suite à son coup de coude sur Fernando Morientes lors du match aller. John Terry sera donc une nouvelle fois ce soir le pilier de la défense anglaise. A ses côtés, William Gallas est toujours incertain à cause d'une contracture à la cuisse gauche. En cas de forfait de l'ex-Marseillais, c'est Robert Huth qui devrait épauler le capitaine Terry. Dernier souci pour Ranieri, le remplacement de Claude Makélélé, suspendu comme Desailly. Dans le 4-1-3-2 mis en place par l'entraîneur transalpin, l'ancien Madrilène joue un rôle prépondérant et aucun joueur de l'effectif de Chelsea n'est capable de faire aussi bien que lui à ce poste. Auteur d'une très bonne prestation contre Southampton samedi dernier, le Camerounais Geremi tient la corde pour palier l'absence de Makélélé.

Dans le secteur défensif, Didier Deschamps, si l'on excepte l'absence du milieu défensif Vassili Zikos, suspendu, n'a que l'embarras du choix. Pour les quatre postes les plus défensifs, en plus de celui de gardien de but, l'entraîneur monégasque peut compter sur cinq joueurs : Julien Rodriguez, Gaël Givet, Patrice Evra, José Ibarra et… Sébastien Squillaci. Ce dernier, remis d'un claquage à la cuisse, est de nouveau apte à disputer une rencontre de football. Ce qui ravit son coéquipier Evra : «C'est une bonne nouvelle qu'il soit là. C'est une assurance en plus. Il ne fait jamais une faute, il est toujours bien placé» . Didier Deschamps devra donc choisir entre réintégrer Squillaci dans le onze de départ dès ce soir à Stamford Bridge ou faire confiance à Givet, qui le remplace dans l'axe depuis cinq semaines. En ce qui concerne les deux postes de milieu défensif, Lucas Bernardi devrait être soutenu par l'ancien pensionnaire de West Ham, Edouard Cissé. A gauche, Jérôme Rothen ne souffre plus de ses adducteurs et devrait pouvoir tenir sa place. Enfin, en attaque, Deschamps dispose une nouvelle fois de nombreuses solutions : aux côtés de Morientes, Dado Prso ou Shabani Nonda sont pressentis. A moins que le coach de l'ASM ne leur préfère Ludovic Giuly en qualité de second attaquant et ne place Ibarra ou Plasil au poste de milieu droit.

Les enjeux : un même et unique objectif

Pour les deux équipes, l'objectif avoué est d'atteindre la finale de la Ligue des Champions, voire de la gagner. Evidemment, à ce stade de la compétition, et alors même que les deux équipes ne figuraient pas parmi les favoris au début de l'épreuve, aucune des deux équipes ne pourraient prétendre le contraire. Du coup, le match retour s'annonce comme la rencontre la plus importante de l'histoire des deux clubs. Ou plutôt la seconde plus importante pour le club qui ce soir se qualifiera. Pour les deux équipes, une finale de Ligue des Champions constituerait une première. Jamais les deux équipes ne sont parvenues à un tel stade de la compétition majeure européenne. Monaco a bien déjà connu une finale de Coupe d'Europe (défaite face au Werder Brême en 1992) mais «ce n'était que» la Coupe d'Europe des Vainqueurs de Coupe. A Monaco, en tout les cas, rien ne semble empêcher le club de la Principauté de terminer la saison en beauté. La victoire à Nice en championnat vendredi a relancé les protégés de Didier Deschamps et a renforcé un moral déjà au beau fixe.

Cette ambiguïté entre la sérénité et la prudence d'une part qui règne actuellement à Monaco et l'envie de tout gagner d'autre part, est résumée dans ces propos de Patrice Evra : «C'est difficile de s'imaginer qu'on n'a pas un pied en finale mais on sait que l'engagement sera multiplié par dix, là-bas. Mais aujourd'hui, une chose est sûre, on ne peut plus faire marche arrière. Et on ne veut pas connaître nos limites» . Chelsea aussi aimerait ne pas connaître ses limites. C'est en tout cas le souhait de Claudio Ranieri qui croit dur comme fer que la magie du football peut permettre à ses joueurs de se transcender et de refaire leur retard sur Monaco. «J'ai donné à mes joueurs l'exemple de la finale de la Ligue des champions 1999, explique le coach italien. A la 90ème minute, Manchester United avait perdu. Le Bayern Munich était champion d'Europe. Trois minutes et deux buts plus tard, c'était Manchester. En football, rien n'est jamais définitivement écrit» . Fort d'une éclatante victoire à Stamford Bridge samedi dernier contre Southampton (4-0), les joueurs de Chelsea sont les premiers à adhérer au discours de leur entraîneur. Ainsi, Eidur Gudjonhsen avance : «Si avant le match contre Southampton, je pensais que nous pouvions nous qualifier pour la finale de la Ligue des Champions, j'ai maintenant la certitude que nous allons réussir» .

Les clés du match : combat physique, combat mental

Monaco doit s'attendre à connaître l'enfer face à Chelsea dans le stade de Stamford Bridge. Comme l'explique Edouard Cissé, qui connaît bien le championnat anglais pour avoir joué une saison à West Ham, «ça va être un p… de match difficile. On s'attend à une guerre anglaise, renchérit le milieu de terrain français. Là-bas, c'est physique, ça se bat de partout, ça met beaucoup de pression. Parfois on a l'impression que les Anglais n'arrêtent pas de faire des sprints pendant une dizaine de minutes. Ca peut asphyxier. Il faudra résister à tout ça» . D'entrée de jeu, les Anglais vont mettre une pression énorme sur les joueurs de la Principauté afin de marquer un premier but le plus vite possible et de semer le doute dans l'équipe monégasque. Mais les joueurs de Didier Deschamps ne devront pas se contenter de contenir leur adversaire en début de match. Ils devront répondre présents dans les duels tout au long de la rencontre.

A cette bataille physique s'ajoute un combat psychologique. Les 22 acteurs de la rencontre, plus les joueurs sur les bancs, sont au courant des données de départ : l'AS Monaco compte deux buts d'avance sur les Anglais de Chelsea. Pour les Monégasques, il s'agira de repousser le plus longtemps possible les assauts de leurs adversaires pour leur faire croire le plus rapidement possible qu'il sera impossible pour ces derniers de remonter leur handicap. Ranieri le sait bien et a prévenu ses joueurs : «Il faudrait être patient et ne pas faire l'erreur qui serait fatale» , répète l'entraîneur italien. Le coach de Chelsea souhaite en effet que ses joueurs ne cesse de multiplier leurs efforts afin de montrer qu'ils ne s'avoueront vaincus qu'au coup de sifflet final. L'idéal pour Monaco serait de marquer un but et d'annihiler tous les espoirs britanniques. Le miraculé Nonda, comme au match aller, pourrait être l'homme de la situation. Tout heureux de pouvoir retrouver les joies de fouler les terrains de football, il affirme, déterminé : «On pense à la finale, rien qu'à la finale» .

Le FC Porto, vainqueur hier du Deportivo La Corogne, connaîtra ce soir son adversaire en finale de la Ligue des Champions. Si Chelsea se croit capable de remonter deux buts à Monaco, le club de la Principauté espère atteindre une finale qui serait le point d'orgue d'une magnifique saison.