Cameroun : le cirque continu(e)
Mis à l'écart par la FECAFOOT puis brièvement soutenu par le ministère des Sports, Marc Brys a ravivé la crise qui secoue la sélection camerounaise en publiant sa propre liste pour la CAN 2025. Une riposte qui expose au grand jour les fractures internes, au moment où David Pagou tente d'installer son autorité à la tête des Lions Indomptables.

Coup de tonnerre à l'approche de la CAN. Quelques jours après son limogeage, Marc Brys a pris tout le monde à revers en dévoilant sa propre liste de 28 joueurs pour le tournoi au Maroc. Une initiative inédite, alors que son successeur, David Pagou, a déjà communiqué la liste officielle transmise à la CAF.
L'ancien sélectionneur entend ainsi dénoncer les choix de la FECAFOOT et exposer ce qu'il considère comme une mise à l'écart politique plus que sportive. Son geste, désormais purement symbolique puisque le ministère a officiellement acté son départ, s'inscrit dans un climat où la rivalité entre les instances ne se cache plus.
Un bras de fer installé depuis plus d'un an
Les tensions entre le manager belge et Samuel Eto'o ne datent pas d'hier. Nommé par le ministère des Sports en avril 2024 sans validation de la FECAFOOT, le technicien de 63 ans s'était retrouvé au coeur d'un duel institutionnel permanent. Réunions houleuses, contestations publiques et ingérences supposées ont rythmé son mandat jusqu'à l'échec du barrage de qualification pour le Mondial 2026, qui servira d'argument pour acter son départ. La FECAFOOT a alors officialisé son limogeage pour «insubordination» et installé David Pagou, présenté comme un choix plus docile et apte à pacifier l'environnement.
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Le nouveau sélectionneur a frappé vite en écartant plusieurs cadres, dont André Onana et Vincent Aboubakar, deux leaders historiques réputés difficiles à canaliser. Des choix forts assumés par Pagou, qui défend une volonté de «reconstruction» , mais s'expose immédiatement à la critique. Ce mercredi, la confirmation de l'appel d'un milieu évoluant en cinquième division brésilienne (!), Maël Kamdem (Sinop FC), renforce les interrogations. Pour une nation majeure du continent, cinq fois titrée dans son histoire et qui vise le sacre à chaque édition, la décision interroge autant qu'elle alimente le sentiment d'improvisation.
Une contre-liste pour dévoiler les fissures
Face à ces choix contestés, Brys a décidé de répondre en public. Bien que son licenciement ait été entériné par le ministère dans la matinée, le natif d'Anvers a publié une contre-liste qui rétablit les cadres écartés. André Onana, Vincent Aboubakar, Eric-Maxim Choupo-Moting ou Michael Ngadeu y figurent, accompagnés de joueurs plus établis comme Martin Hongla, Jackson Tchatchoua ou Yvan Neyou. L'ancien coach justifie cette sélection alternative par un argument frontal : selon lui, la liste officielle est «dictée» par Eto'o et prive le Cameroun de ses leaders pour des raisons d'autorité interne plus que de logique sportive.
Ce geste, inédit dans l'histoire récente du football africain, met à nu les fractures profondes qui traversent la gouvernance camerounaise. Une seule liste sera reconnue par la CAF, mais l'existence même de cette version parallèle révèle un malaise structurel. Entre une FECAFOOT déterminée à imposer son ordre et un ministère dont le revirement tardif confirme l'embarras institutionnel, le terrain sportif passe clairement au second plan. À l'approche de la CAN, les Lions Indomptables avancent ainsi dans un climat de défiance où l'essentiel — la préparation — semble relégué derrière un conflit d'autorité appelé à laisser des traces.
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