CAN 2025 : la CAF baisse les yeux, les sélections paient l'addition
Sous la pression des clubs européens, la FIFA a repoussé la mise à disposition des joueurs africains au 15 décembre. Une décision tardive qui relance un débat récurrent : la CAN est-elle réellement considérée à sa juste valeur ?

Les sélections avaient préparé leurs stages, réservé leurs vols et organisé leurs amicaux sur la base d'un calendrier clair. En quelques jours, tout a été bouleversé, laissant un sentiment de précipitation et de manque de considération.
Entre clubs qui défendent leurs intérêts et fédérations plongées dans l'incertitude, le football africain se retrouve une nouvelle fois pris en étau avant la CAN au Maroc (21 décembre-18 janvier).
Une CAN fragilisée... et une CAF qui baisse encore les yeux
Selon L'Équipe, la FIFA a accepté la demande des clubs et des ligues européennes de libérer les joueurs seulement à partir du 15 décembre. Pour les sélectionneurs, perdre cette semaine change tout. Beaucoup avaient prévu leur rassemblement le 8 ou le 9, certains dès le début du mois. L'Égypte avait planifié un amical de prestige contre le Nigeria, contraint désormais d'être annulé. Comment préparer sérieusement une compétition majeure en trois séances collectives, après des vols long-courriers et des joueurs qui auront joué jusqu'au 14 décembre ? La CAN devait regagner en stabilité depuis son édition estivale de 2019. Elle redevient un événement «négociable» , quand l'Euro ou la Copa América ne le sont jamais.
emplacement publicitaire
Mais la responsabilité ne repose pas uniquement sur la FIFA. La CAF est une nouvelle fois restée dans un silence déconcertant. Elle avait déjà accepté de déplacer la CAN de l'été à l'hiver 2025 pour libérer le calendrier du nouveau Mondial des clubs, doté d'un milliard de dollars. Elle accepte désormais que la préparation soit grignotée sans résistance publique. Depuis des années, l'institution africaine recule dès que Zurich hausse le ton. Entre dépendance financière, gouvernance fragilisée et volonté d'éviter les conflits, elle donne l'image d'un organisme qui s'aligne avant même de discuter.
Un malaise durable
La tension entre clubs et sélections n'est pas nouvelle, mais elle atteint ici son paroxysme. Les clubs paient les salaires, protègent leurs investissements, et redoutent plus que jamais les blessures. Personne ne peut leur reprocher d'essayer de garder leurs joueurs en période de forte densité. Mais la CAN reste une compétition officielle, parfaitement inscrite dans les dates FIFA. Le fait qu'elle soit traitée comme un tournoi gênant, à caler entre deux journées de championnat, montre à quel point l'équilibre du football mondial est rompu.
Faut-il passer la CAN tous les quatre ans ? Peut-être. Faut-il compenser financièrement les fédérations lésées ? Certainement. Faut-il protéger les dates internationales africaines avec autant de fermeté que celles de l'Europe ? Sans aucun doute. Une chose est sûre : le problème ne vient ni des joueurs ni des sélectionneurs. Il vient d'un système où la CAN passe après tout, même après un calendrier que la FIFA a elle-même bousculé en imposant sa Coupe du monde des clubs. Tant que la CAF acceptera sans broncher, elle continuera de voir son tournoi se faire rogner comme un vulgaire prétexte logistique.
Que pensez-vous du choix de la FIFA ? Du mutisme de la CAF ? N'hésitez pas à réagir et à débattre dans la zone «Ajouter un commentaire» …

