L'équipe de France joue le troisième acte mardi soir à Zurich contre l'Italie. Une chose est sûre : la victoire est impérative pour les deux équipes. Après le match nul contre la Roumanie et la défaite face aux Pays-Bas, les incertitudes sont nombreuses, à commencer par la composition du onze de Raymond Domenech. Tour d'horizon noté des forces en présence.

Ce devait être la finale du groupe. Mais au mieux, l'un des deux finalistes de la dernière Coupe du Monde atteindra les quarts de finale de l'Euro 2008. Les deux frères ennemis se retrouvent mardi soir au Letzigrund de Zurich pour la quatrième fois en deux ans. La victoire est impérative pour la France et l'Italie, sous peine de quitter prématurément le tournoi. Avec un point chacun, un point de retard sur la Roumanie et cinq sur les Pays-Bas, les troupes de Raymond Domenech et Roberto Donadoni affichent un parcours symétrique depuis le début de la compétition. Bien malin qui peut prédire le résultat de la rencontre. 30 000 spectateurs sont attendus pour ce choc au sommet entre les deux mal-classés du Groupe C. Le Slovaque Lubos Michel arbitrera la partie.

Confiance : France (5/10) - Italie (5/10)

Ca ne va pas fort d'un côté comme de l'autre. Avec un seul point et une humiliation contre les Pays-Bas chacun, les deux finalistes de la Coupe du Monde sont proches de la rupture. Entre les retours de blessures, les méformes des uns, les contre-performances des autres, les clans… Bleus et Azzurri n'ont pas pu engranger de la confiance depuis le début du tournoi, bien au contraire. L'herméticité défensive des deux formations n'est plus ce qu'elle était et s'ajoute au manque de réalisme offensif. Même Raymond Domenech estime n'avoir qu'une chance infime d'atteindre les quarts de finale.

Sélectionneur : France (8,5/10) - Italie (8/10)

Raymond Domenech et Roberto Donadoni sont plus que jamais discutés après leurs deux premières prestations. Le Français dispose d'une expérience solide ponctuée par une finale de Coupe du Monde. Mais après s'être sorti de justesse de la phase de groupes il y a deux ans, sa méthode est désormais contestée et sa place menacée. Pour Donadoni, entraîneur depuis 2001, la succession de Lippi s'annonçait compliquée, elle l'est. Difficile en effet de tenir la comparaison avec son champion du Monde de prédécesseur.

Gardien : France (7,5/10) - Italie (9,5/10)

Du côté tricolore, Grégory Coupet n'a pas été impérial face aux Pays-Bas. Emprunté, lent, l'air ailleurs, il devra hausser son niveau de concentration pour tenir la comparaison avec son vis-à-vis. Car en repoussant un penalty de Mutu vendredi dernier, Gianluigi Buffon a rappelé contre la Roumanie quel très grand gardien il est, permettant par la même occasion à l'Italie de rester en vie dans cet Euro.

Défense : France (8/10) - Italie (7,5/10)

La défense française fait débat après les quatre buts encaissés face aux Bataves. Thuram et Sagnol pourront-ils assumer un troisième match en huit jours ? Domenech pourrait remodeler sa ligne arrière avec Clerc ou Diarra à droite, Gallas, Abidal replacé dans l'axe, et Evra à gauche. Mais osera-t-il sortir Thuram ? Même combat côté Italien. Remaniée après le premier match, la charnière alignée contre la Roumanie devrait être reconduite. Chiellini et Panucci seront entourés de Zambrotta côté droit et Grosso côté gauche. Si leur prestation défensive a été montrée du doigt notamment pour le premier, à l'origine du but roumain, les deux latéraux n'ont eu de cesse de dédoubler sur leur aile pour apporter offensivement.

Milieu : France (8,5/10) - Italie (8/10)

Patrick Vieira n'est toujours pas opérationnel et pourrait donc ne pas jouer une minute de l'Euro. Le capitaine des Bleus n'est pas suffisamment remis de sa blessure à la cuisse gauche. Il laissera encore une fois sa place à Toulalan. Makelele devrait l'accompagner dans l'entrejeu. Domenech pourrait opter pour un 4-4-2 avec deux ailiers. Govou animerait l'aile droite tandis que Ribéry retrouverait le couloir gauche sur lequel il a brillé avec le Bayern Munich. Donadoni pourrait privilégier un 4-3-1-2 avec trois milieux récupérateurs. De Rossi, Perrotta et Pirlo devraient débuter. La quatrième place se joue entre Gattuso et Ambrosini. Quatre joueurs d'expérience même si les deux premiers, les deux Romains, n'ont pas encore su donner la pleine mesure de leur talent.

Attaque : France (8,5/10) - Italie (8/10)

Selon les options testées à l'entraînement dimanche, Domenech pourrait revenir à un système à deux pointes. Sur le banc contre les Pays-Bas, Benzema sera sans doute de retour, associé aux côtés de Henry. L'un et l'autre pourront ainsi décrocher chacun leur tour. Ce rôle plait au Lyonnais qui aime partir de loin pour perforer la défense adverse. Sans Trezeguet craint des Italiens, ce duo a de quoi les inquiéter tout autant. Donadoni semble décidé à soutenir Toni, trop isolé en pointe lors des deux premiers matchs. Cassano devrait ainsi être titularisé pour la première fois. Capable du meilleur comme du pire, le Romain a des fourmis dans les jambes.

Banc : France (7/10) - Italie (7/10)

Les réserves françaises sont fournies, surtout offensivement. Avec Anelka, Nasri et Gomis notamment, les options de rechange ne manquent pas pour Domenech. Le bas blesse peut-être plus en défense si Evra, Clerc, Abidal et Diarra sont titularisés. Mais à moins d'une blessure ou d'un carton rouge, Domenech réalise peu de changements en défense au cours d'un match. Les remplaçants italiens se nomment Materazzi, Barzagli, Camoranesi, Aquilani, Del Piero ou Di Natale et ont tous l'expérience des grands rendez-vous.

Bilan : France (7,6/10) - Italie (7,6/10)

Le choc s'annonce serré, comme souvent entre la France et l'Italie. Les deux derniers finalistes de la Coupe du Monde ayant un honneur à sauver, ayant impérativement besoin de la victoire et ne pouvant plus vraiment compter sur leur herméticité défensive, l'opposition pourrait finalement déboucher sur un match d'anthologie.

Le match des déclarations

Franck Ribéry (milieu offensif de la France) : «On a un maillot à représenter, on a un pays derrière nous. C'est peut-être la fin d'un cycle pour certains. Mais c'est bien, on est sûr qu'ils auront envie de beaucoup donner si c'est leur dernier match. Franchement, je ne pense pas à l'élimination, je pense déjà au prochain tour. On communique très bien en dehors du terrain. Sur la pelouse, c'est comme si on jouait ensemble depuis longtemps. [A propos de Toni] C'est un joueur très embêtant qui pèse énormément sur les défenses. Ce n'est pas un joueur qui va dribbler trois joueurs mais il sent bien les coups, il est toujours bien placé.»

Raymond Domenech (sélectionneur de la France) : «Une rencontre comme celle-là se prépare en oubliant les autres. Il y a une infime chance. Cette chance n'existe que si on est capable de faire quelque chose de probant. [A propos de la dernière défaite] On a fait une séance vidéo. Sur l'aspect négatif, en comptant les buts, on a sept minutes. Sur les choses positives on a dix minutes. Le contenu n'a donc pas été dramatique.»

Giorgio Chiellini (défenseur de l'Italie) : «Il faut un peu de temps pour apprendre à se connaître mais avec Christian, on a trouvé nos marques et on a pu s'aider. Au final ça a bien marché pour nous. Ce serait une grosse erreur de gaspiller de l'énergie à penser au match des Pays-Bas contre la Roumanie. Ce sera assez difficile comme ça car la France est une équipe solide. Il faut nous concentrer sur eux.»

Roberto Donadoni (sélectionneur de l'Italie) : «Nous sommes prêts. C'est le dernier match de ce premier tour. Nous connaissons l'enjeu. Nous y mettrons toute notre âme et toute notre force. Pour ma part, je suis déterminé, je veux disputer un tel match, si important. La composition de mon équipe n'est pas totalement définitive. J'aurai une dernière séance mardi matin pour me décider. Vous verrez demain. Je souhaite que les choses restent floues pour le moment pour notre adversaire. Ce sera difficile pour nous mais aussi pour la France. On n'a plus battu les Français dans un match depuis longtemps, mais les statistiques sont faites pour être contredites. Pour nous, il n'y a pas de différence à jouer la Roumanie ou la France.»

Les équipes probables

Italie : Buffon - Zambrotta, Chiellini, Panucci, Grosso - Gattuso (ou Ambrosini), De Rossi, Pirlo, Perrotta - Toni, Cassano

France : Coupet – Clerc (ou Diarra), Gallas, Abidal (ou Thuram), Evra - Toulalan, Makelele, Govou, Ribéry - Henry, Benzema

Les deux équipes n'ont plus leur destin entre les mains avant le troisième et dernier match dans le Groupe C. Le vainqueur pourra se qualifier pour les quarts de finale de l'Euro 2008 à condition que la Roumanie ne batte pas les Pays-Bas dans le même temps.