Dans un Stade de France retrouvé tout acquis à sa cause, l'équipe de France a sorti le grand jeu et s'est offert le scalp des champions du Monde (3-1). Emmenés par Govou auteur d'un doublé, les Bleus ont dominé la rencontre de bout en bout et lancent idéalement la campagne vers l'Euro 2008.

Les coulisses de la rencontre

L'équipe de France a oublié, dit-elle, la finale perdue de Coupe du Monde pour passer à autre chose. Les Bleus accueillent l'Italie sans esprit de revanche et avec l'objectif des trois points. Ce discours rassurant sonne-t-il vrai pour autant ? Impensable compte tenu des compétiteurs qui composent l'équipe de France. Seulement deux mois après la perte du trophée pour un tir au but manqué, l'équipe de France n'envisage rien d'autre que la victoire afin de prendre trois points bien sûr, mais aussi pour laver un peu l'affront et prouver à la Squadra que la chance l'a largement servie à Berlin. «Je n'ai pas oublié, confessait Vieira avant la rencontre. Quoi qu'il arrive, ce qui s'est passé à la Coupe du Monde sera présent. La déception est encore là.» Une victoire au Stade de France ne permet cependant pas de récupérer l'étoile et peut faire naître un peu plus les regrets. Pour balayer l'Italie, Domenech a décidé de modifier légèrement sa composition. Surprise au coup d'envoi, avec la titularisation de Govou au poste de milieu droit et le repositionnement de Ribéry en attaque à la place de Saha. Le reste de l'équipe est inchangé par rapport au dernier match en Géorgie.

Les Italiens clament que la France en fait trop par rapport à la finale perdue. Ils sont pourtant les premiers à remettre l'affaire Zidane-Materazzi sur le tapis, histoire de remuer le couteau dans la plaie encore ouverte des Bleus. Même si les deux protagonistes ne seront pas présents sur la pelouse, la Squadra Azzurra sait bien que l'esprit de revanche n'est pas la meilleure façon d'aborder une rencontre et s'en sert pour tenter de déstabiliser les Tricolores. De bonne guerre ! Les Italiens savent aussi qu'ils doivent évoluer dans une ambiance plus que chaleureuse au Stade de France et sous une chaleur qui peut accélérer leur carence physique actuelle. la pression est surtout sur les épaules de la France qui ne doit pas griller un joker dès ce soir. Même si l'Italie a été accrochée face à la Lituanie, un match nul serait considéré comme un bon résultat pour l'Italie en attendant la suite. Pour cela, Donadoni a choisi d'aligner Gilardino en pointe à la place d'Inzaghi. Autre changement à noter, Zambrotta reprend sa place de latéral droit.

Les moments forts de la rencontre

- Le match vient à peine de commencer. Suite à un corner repoussé par Buffon, Makelele lance Gallas sur l'aile gauche. Le défenseur français centre au deuxième poteau pour la reprise de volée croisée du droit de Govou. La balle termine dans le petit filet opposé alors qu'il y avait un léger hors-jeu de Gallas au départ de l'action (2', 1-0).

- Sur un coup franc de Pirlo au milieu de terrain, Zambrotta hérite du ballon à l'entrée de la surface côté droit, pivote face au but et enveloppe un tir du gauche qui passe à deux doigts de la lucarne opposée (5').

- D'une belle transversale, Vieira décale Henry à l'angle gauche de la surface. L'attaquant français crochète son défenseur et centre en retrait devant le but mais Govou ne peut reprendre (14').

- Malouda récupère le ballon à vingt cinq mètres dans l'axe et décoche un missile du coup de pied gauche repoussé tant bien que mal par Buffon. Henry récupère le cuir à six mètres du but et voit son tir contré par Cannavaro prendre Buffon à contre-pied (18', 2-0).

- Maître en la matière, Pirlo tire un coup franc côté droit et délivre un caviar pour la tête de Gilardino face au but. Seul contre cinq français et entre Sagnol et Govou, le buteur italien catapulte le ballon au fond des filets de Coupet resté sur sa ligne (20', 2-1).

- Grosso passe Sagnol d'un grand pont magistral et centre tendu devant le but. A la lutte avec Abidal, Semioli parvient à dévier le ballon et oblige Coupet à détourner in extremis sur sa ligne (28').

- Les Bleus travaillent bien côté gauche et renversent le jeu côté droit. Sagnol expédie un centre parfait repris d'une tête smashée et décroisée par Govou qui termine dans le petit filet. Buffon ne peut que constater les dégâts (56', 3-1).

- Sur une contre-attaque éclair, Ribéry file côté gauche, temporise et sert Henry à l'entrée de la surface. Ce dernier préfère décaler côté droit pour Govou qui crochète Cannavaro et frappe du gauche à ras de terre. Buffon dévie le ballon qui passe au ras du poteau (65').

- Les jambes italiennes sont lourdes et les Bleus en profitent pour faire tourner le ballon. Pirlo hérite néanmoins d'un nouveau coup franc sur l'aile droite. Sa frappe enroulée est coupée de la tête par Cannavaro mais Coupet inspiré repousse des deux points (78').

La prestation française

Les Bleus ont attaqué la rencontre pied au plancher en jouant vite et bien. La première véritable occasion aura été la bonne avec un but magnifique dans sa conception et sa finition. Mis en confiance par cette entame idéale, les coéquipiers de Vieira ont accentué leur pression sur la défense italienne en multipliant les passes et les percussions sur les ailes. Dotés d'une belle aisance technique, les Tricolores ont parfois laissé la balle aux Italiens pour mieux accélérer dès la reconquête du ballon. En revanche, les vieux démons ont ressurgi sur coup de pied arrêtés avec une absence de marquage flagrante sur le but italien. Soutenus par tout un stade, les hommes de Domenech ont dans l'ensemble dominé la rencontre et montré une belle maîtrise collective avec des solutions pour le porteur du ballon, des joueurs volontaires et un repli défensif efficace.

Surprise du chef, Govou a marqué la rencontre d'un doublé magistral et décisif. Une reprise de volée splendide et un but de la tête devant Cannavaro, ainsi que les applaudissements mérités du stade lors de sa sortie. «Je n'avais pas encore joué cette saison et j'avais envie de prouver que j'étais largement au niveau,» a-t-il expliqué après le match. Premier relanceur, Makelele a été précieux comme toujours et intelligent dans ses choix. Son compère du milieu, Vieira, a été dans la lignée des précédentes sortie, monstrueux de lucidité, de technique et de puissance. Malouda n'a pas été en reste avec une grosse débauche d'énergie et une présence défensive utile. En attaque, Henry a beaucoup provoqué balle au pied notamment sur l'aile gauche tout comme Ribery dont la première titularisation au poste occupé jadis par Zidane a été très prometteuse. En défense, la charnière Thuram – Gallas a fait son boulot, robuste et intransigeante dans le jeu. Gallas a de plus offert le premier but à Govou. Même chose pour Sagnol qui n'a pas hésité à porter le soutien offensivement. Abidal s'est mis au diapason avec plusieurs montées tranchantes en fin de partie. Passif sur le but italien, Coupet a ensuite sorti le grand jeu avec des interventions décisives au poing ou dans les airs. Enfin, mention spéciale à Domenech et une belle inspiration avec la titularisation de Govou.

La prestation italienne

Forcés de faire le jeu après l'ouverture rapide du score, les Italiens ont joué contre leurs habitudes en attaque comme en défense en ne serrant pas le marquage alors qu'ils défendaient très bas. Sanctionnée par un deuxième but, la Squadra a repris ses bonnes manières en provoquant les fautes françaises pour récupérer de nombreux coups de pied arrêtés. Avec un tireur comme Pirlo, l'Italie savait ce qu'elle faisait est revenait très tôt dans le match en réduisant le score sur coup franc. Malgré quelques incompréhensions défensives, les hommes de Donadoni semblaient revenir dans le match mais ont été lâchés par leur condition physique. Les Italiens ont cherché leur second souffle dès la demi-heure de jeu mais ne se sont jamais affolés. La seconde période repartait sur un faux rythme ce qui arrangeait les affaires transalpines mais le troisième but a été fatal. Les Italiens ont tenté jusqu'au bout de défendre leur statut, en vain.

Buffon a passé une sale soirée et n'avait plus pris trois buts dans le même match depuis longtemps. Il ne s'est pas montré décisif, tout comme Cannavaro, auteurs d'errances défensives et d'erreurs de marquage. La défense a été très sollicitée ce qui n'a pas empêché les deux latéraux, Zambrotta et Grosso d'apporter le danger en attaque dès qu'ils l'ont pu. Véritable poison sur les coups francs, Pirlo a encore distillé quelques offrandes et permis à Gilardino de marquer. Vif balle au pied, Cassano a montré sa technique mais n'a pu déborder la charnière française. Au milieu, Gattuso a aboyé comme toujours, c'est bagarré comme un beau diable mais a commis de nombreuses fautes et semblait à court physiquement. La rentrée d'Inzaghi n'y a rien changé, comme ses simulations à l'entrée de la surface de réparation.

Deux matchs, deux victoires, l'équipe de France est au top actuellement et s'installe à la deuxième place du groupe derrière l'Ecosse. Avec un point au compteur, l'Italie ne pouvait pas plus mal débuter ses éliminatoires et devra se ressaisir dès le mois prochain avec deux nouveaux matchs.

Le classement du Groupe B

1. Ecosse, 6 pts (+7), 2 matchs
2. France, 6 (+5), 2m
3. Géorgie, 3 (+2), 3m
4. Ukraine, 3 (+1), 1m
5. Lituanie, 1 (-1), 2m
6. Italie, 1 (-2), 2m
7. Iles Féroé, 0 (-12), 2m

France – Italie : 3-1 (2-1)
Stade de France (St-Denis)
Arbitre : M. Fandel

But : Govou (2’), Henry (18’), Govou (56’) – Gilardino (20’)

Avertissements : Henry (37’) – Cannavaro (29’), Perrotta (44’), Gilardino (64’), Cassano (65’), Grosso (89’)

Les équipes :

France : Coupet – Abidal, Gallas, Thuram, Sagnol – Makelele, Vieira, Malouda, Govou (Wiltord, 75’) – Ribéry (Saha, 88’), Henry

Italie : Buffon, Grosso, Barzagli, Cannavaro, Zambrotta - Gattuso, Pirlo, Perrotta, Semioli (di Michele, 54’) – Cassano (Inzaghi, 73’), Gilardino (de Rossi, 87’)