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La France gagne mais inquiète
Par Patrick Audouard - Equipe De France, Mise en ligne: le 08/09/2004 à 21h07
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Les Français ont gagné (2-0), comme prévu, mais n'ont pas rassuré. Le contrat est rempli au niveau du résultat, mais le jeu des Bleus, organisés en 4-4-2, a été consternant de pauvreté. Face à une équipe des îles Féroé accrocheuse et combattive, les Bleus ont bafouillé leur football, et devront vite rectifier le tir.

Les données de la rencontre

La France n'a déjà plus le choix. Elle doit absolument s'imposer face aux îles Féroé. Avec une unité glanée à domicile face à Israël samedi dernier, la France est troisième à deux points de la Suisse et de l'Eire, ses deux adversaires principaux du groupe. En attendant les confrontations directes avec ces deux équipes, les Bleus doivent donc assurer face aux plus petits. Avec un effectif dont le seul absent notable est David Trezeguet, la France version Domenech devra en plus convaincre, ce qui était loin d'être le cas lors des deux premiers matches. Le sélectionneur le sait et l'a fait comprendre à ses joueurs. «Il y a d'abord l'idée de la gagne, mais mettre la manière, c'est important. On ne peut pas se satisfaire de ne pas être bons. Il faut peu à peu réduire les périodes d'incertitude qu'on peut connaître dans nos matches, et élargir les bons moments», a fixé comme objectif Domenech, qui a modifié son équipe. A noter les rentrées de Pedretti, Giuly et Pirès aux places de Mendy, Rothen et Makélélé. La France débutera ce match en 4-4-2. Saha reste associé à Henry en attaque, alors qu'en défense, Gallas évoluera à droite de la charnière centrale monégasque Givet - Squillaci.

Les îles Féroé n'ont évidemment pas le même impératif de victoire que les Tricolores. Petit archipel danois de 48 000 habitants, ce petit pays ne se fait guère d'illusions sur les chances de son équipe nationale face à la France. Les Féringiens sont bons derniers de leur groupe, après avoir pris une vraie déculottée en Suisse (0-6). Ils tenteront de faire bonne figure face aux ex-champions du Monde, dans le but de satisfaire les 7000 spectateurs du stade de Torshavn. Après, s'ils peuvent prendre des points aux Bleus, les joueurs nordiques ne se gêneront pas. Quelques équipes plus huppées sont déjà venues se casser les dents chez eux, notamment l'Autriche en 1990 (1-0) ou l'Ecosse lors des éliminatoires du dernier Euro (2-2). Lors des mêmes éliminatoires, l'Allemagne avait failli concéder le nul, mais avait finalement marqué deux fois dans les ultimes minutes du match. «On a 10 % de chances de ne pas perdre. Mais peut-être qu'elle (la France) est un peu moins forte qu'avant», a déclaré le sélectionneur danois Henrik Larsen. Les îles Féroé joueront en 4-4-2, sans leur gardien historique Knudsen, présent contre l'Autriche en 1990.

Les faits principaux du match

- Les Féringiens commencent très bien leur match, mettant la pression sur la défense tricolore. Petite frayeur pour Patrice Evra, qui se loupe dans sa surface, sans conséquences (3').

- Centre en retrait d'un Féringien, sur lequel Coupet doit se coucher. Sur l'action qui suit, Louis Saha se blesse tout seul en glissant. Djibril Cissé le remplace (5').

- Ouverture de Pedretti pour Henry, contré. La balle revient sur Giuly, excentré à droite, dont la frappe est à son tour contrée par un défenseur. Premier semblant d'action chaude pour les Bleus (10').

- Débordement raté de Henry sur le côté gauche, à l'image du début de partie sans saveur des Bleus. Ceux-ci n'ont quasiment jamais mis l'arrière garde nordique en difficultés en quinze minutes de jeu (15').

- Méchante semelle de Patrick Vieira sur Frederiksberg. Carton jaune pour le capitaine tricolore (19').

- Les Français se sont installés dans la moitié de terrain féringienne mais cafouillent à chaque fois, multipliant les mauvaises passes. Aucun des Tricolores ne sort du lot (21').

- Superbe frappe de Benoît Pedretti des 30 m, superbement claquée sous sa barre par le gardien nordique. Enfin une occasion (24') !

- Débordement de Giuly sur le côté droit. Le lutin barcelonais centre pour Thierry Henry, qui remet dans la course de Djibril Cissé, excentré sur le côté droit de la surface de réparation. La frappe en force de celui-ci est repoussée par l'excellent Mikkelsen (28').

- Robert Pirès déborde sur le côté gauche, repique au centre, profitant d'une mésentente entre deux féringiens. Il s'appuie sur Djibril Cissé, puis frappe au but. Mikkelsen repousse sur Giuly, qui reprend tout proche. Le portier nordique touche le ballon, mais ne peut l'empêcher de pénétrer dans le but sur sa gauche (0-1, 31').

- La France mène au score, domine, mais ne séduit pas. Henry est particulièrement discret, et n'assume pas pour l'instant son rôle de leader d'attaque, alors que Pirès montre des signes de nervosité (36').

- Corner de Pedretti, Thierry Henry s'élève et smashe sa tête sur le poteau gauche féringien. Squillaci reprend de volée, mais sa frappe écrasée passe au dessus de la transversale (40').

- Cissé part en contre et talonne astucieusement pour Henry, qui s'enfonce dans la surface. Le gunner a un contre favorable sur le gardien et le défenseur. Excentré sur la gauche, il tente de remettre à Pirès, seul devant le but vide, mais son centre en retrait est contré par un défenseur (47').

- Un défenseur féringien glisse au profit de Vieira, qui récupère le ballon dans la surface de réparation. Mais alors que la frappe semblait évidente, le capitaine veut servir Thierry Henry, pourtant marqué, et assure mal sa passe. Le ballon est dégagé (50').

- Vieira s'enfonce dans la défense féringienne, sollicite le une deux avec Henry, qui lui remet dans la course. Il est déséquilibré par un défenseur féringien, et s'écroule. L'arbitre siffle une… simulation, et donne un carton jaune à Vieira ! Problème, le gunner était déjà averti, et est par conséquent expulsé ! Les affaires ne s'arrangent pas pour les Bleus (55').

- Thierry Henry, très décevant, cède sa place au revenant Vikash Dhorasoo, pour une configuration beaucoup plus défensive (63').

- Belle ouverture de Pedretti pour Djibril Cissé, très actif, qui tente un débordement côté droit. Devant l'absence de Bleus au centre, le joueur de Liverpool tente une frappe, qui s'avère trop croisée (64').

- Superbe contre français mené par Pedretti, Giuly et Dhorasoo, qui alerte Cissé. Celui-ci fait une magnifique feinte de corps et laisse le ballon à Pirès. Mais au lieu de frapper, le gunner rate un centre en retrait malvenu. Les Français ne parviennent pas à tuer le match, et les Féringiens se montrent de plus en plus pressants (66').

- Contre mené par Robert Pirès, qui attend l'arrivée de Giuly sur sa droite, et le sert parfaitement. Celui-ci centre à ras de terre pour Cissé, qui conclut dans le but vide. Les Bleus peuvent souffler (0-2, 73') !

- Corner pour les îles Féroé, frappé très bas. Le ballon est dévié et atterrit dans les pieds de Johannesen, qui frappe instantanément au dessus (79').

- Centre parfait venu de la droite de l'attaque féringienne. Johnsson place une belle tête plongeante, mais Coupet est sur la trajectoire (84').

La prestation de l'Equipe de France

Très décevante et assez inquiétante : voilà les meilleurs qualificatifs pour définir la prestation d'une terne équipe de France. Celle-ci a gagné en marquant deux buts, mais ce n'est pas ce que les observateurs retiendront, tant le jeu français a paru insipide. Durant la première période, les Bleus n'ont pas montré grand-chose, tergiversant trop et manquant de spontanéité. Les bons enchaînements ont été rares, et Giuly a marqué sur l'une des rares opportunités tricolores. La deuxième période n'a été guère plus convaincante, même si la France, réduite à dix après l'expulsion de Vieira, s'est montré défensivement très solide. A court d'idées, les Bleus ont été navrants de médiocrité, faisant presque systématiquement le mauvais choix dans le dernier geste, alors qu'il se sont créés un peu plus de situations dangereuses. Raymond Domenech voulait avant toute chose que les Français gagnent avec la manière. Il a du être franchement déçu par ses troupes, en panne d'envie sur l'ensemble de la rencontre, incapables de prendre franchement l'ascendant sur les Féringiens. Qu'aurait été le résultat des Bleus contre un adversaire du calibre de l'Eire ou de la Suisse ?

Peu de joueurs Français ne se sont distingués lors de ce match à très vite oublier. Le gardien Grégory Coupet n'a pratiquement rien eu à faire, et a comme d'habitude rassuré sa défense lors de chaque ballon un peu chaud. La défense centrale a tenu la route, Givet a été très efficace dans ses interceptions, et a été l'un des Bleus les plus mordants. Sur les côtés, Gallas a réalisé une partie moyenne à droite, alors qu'Evra n'a jamais vraiment été dans le coup. Le milieu de terrain a été très décevant dans l'animation du jeu. Patrick Vieira n'a pas apporté grand-chose avant de se faire sévèrement expulser par un arbitre intransigeant. Pedretti a mieux réussi sa deuxième période, étant souvent à l'origine de bons contres tricolores. Les milieux offensifs Pirès et Giuly ont été moyens, mais décisifs. Le premier est à l'origine des deux buts, alors que le second a marqué et a offert le second but à Djibril Cissé sur un plateau. L'attaquant de Liverpool, qui a remplacé Saha au bout de neuf minutes de jeu, est l'une des rares vraies satisfactions de la soirée. S'il y a toujours un peu de déchet dans son jeu, il s'est montré très volontaire et particulièrement inspiré sur les rares belles actions françaises. A ses côtés, Thierry Henry a été fantomatique. A part une belle tête sur le poteau, l'attaquant d'Arsenal a multiplié les mauvais choix et a été remplacé par Dhorasoo après une heure de jeu. Ce dernier n'a pas vraiment eu l'occasion de faire profiter les Bleus de son fantastique pouvoir d'accélération, se bornant surtout à défendre les deux buts d'avance de son équipe.

La prestation des Iles Féroé

Les Féringiens n'ont pas à rougir de leur prestation, et les Français devraient prendre exemple sur leur combativité. Les Nordiques ont démarré la première période tambour battant, mettant systématiquement la pression sur le but tricolore. N'ayant pas réussi durant cette bonne période à se créer des occasions franches, ils ont ensuite reculé, et ont défendu leur but avec beaucoup de courage. Surpris sur le but de Giuly, ils ont posé beaucoup de problèmes aux Français. En supériorité numérique après l'heure de jeu, les Féringiens ont alors tenté de revenir au score, s'exposant ainsi aux contres tricolores. L'un d'eux ayant amené le but de Cissé, les locaux ont alors tout donné pour sauver l'honneur et faire plaisir à leur public. C'est en fin de match qu'ils se sont créés leurs meilleurs occasions, sans pour autant tromper Grégory Coupet.

Individuellement, les Féringiens ont moins de talent que les Français, mais ils ont montré de belles qualités de coeur et de courage. Le gardien Mikkelsen a sorti quelques arrêts de grande classe, notamment en première mi-temps. La défense s'est montrée plus solide que prévue, et Henry a été totalement muselé, ce qui est une sacrée performance, même si l'attaquant tricolore était très loin de son meilleur niveau. Jacobsen a été la plaque tournante du milieu de terrain, montrant de belles qualités techniques. Enfin, l'attaque a été très discrète, sevrée de ballons réellement exploitables.

Les Français comptent désormais quatre points, et ont donc réussi l'essentiel, à savoir gagner ce match déjà décisif. Mais cette victoire est surtout due à la modestie d'un adversaire classé au 137ème rang mondial. Sur le terrain, la différence de niveau n'était pas flagrante. Effrayant, surtout lorsque l'on sait que le prochain adversaire des Bleus sera autrement plus coriace. Contre l'Eire, en octobre au Stade de France, les Tricolores devront être bien plus mordants s'ils ne veulent pas se faire manger par les Irlandais !


La fiche technique :

Iles Féroé 0 - 2 France
Torsvollur Stadium, 7 000 spectateurs environ
Arbitre : M. Thompson
Buts : Giuly (31’), Cissé (73’) pour la France
Avertissements : Johnsson (25') pour Féroé / Vieira (19’) pour la France
Expulsion : Vieira (54’) pour la France

Les équipes :

Iles Féroé : Mikkelsen - , Thorsteinsson, Johannesen, J-R. Jacobsen, Olsen - Borg, Johnsson, Benjaminsen, Jorgensen (Danielsen, 82’) – Frederiksberg (Petersen, 69’), R.Jacobsen (Flotum, 76’)

France : Coupet – Gallas, Givet, Squillaci, Evra – Pedretti, Vieira, Giuly, Pirès – Henry (Dhorasoo, 63’), Saha (Cissé, 9’)



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