Les Bleus attendaient ce match contre le Sénégal depuis des semaines mais le jour venu, ils n’ont pas de jus, aucun influx nerveux : impossible de troubler un bloc sénégalais compact et solidaire. Les footballeurs français arrivent en retard dans les duels et ratent des contrôles habituellement faciles. Les Français ont-ils été mal préparés ? On peut se le demander quand David Trézéguet s’effondre les bras en croix, au bout d’une heure de jeu contre l’Uruguay.

Chaleur et humidité, un cocktail asiatique qui achève des footballeurs déjà usés par une soixantaine de matchs en dix mois. Le Portugal l’a payé cher, en perdant contre les Etats-Unis, un adversaire qui n’aurait pas dû lui poser de problème - sauf que les Américains étaient plus frais, plus "dans le rythme". Ainsi, les Anglais ont eu les Argentins à l’usure, car les ciel et blanc n’avaient décidément pas de jambes. N'oublions pas l’Italie visiblement impériale face à l'Equateur et qui tourne au ralenti, cinq jours après, contre la Croatie.

Dans ce contexte qui éloigne les grandes formations de leur meilleur niveau, la différence ne se fait plus sur la technique, individuelle ou collective, ni sur les qualités purement tactiques et physiques. Il s’opère un net nivellement des forces et tout devient possible. Ajoutez à cela des poules complètement déséquilibrées ! Le Nigeria, une des meilleures nations du football africain, quitte la compétition après deux matchs, alors que les portes des huitièmes s'ouvrent au Costa Rica. La faute à un "groupe de la mort" avec quatre nations qui pouvaient prétendre atteindre les quarts voire les demi-finales.

Suicide par overdose

La compétition devient plus ouverte mais le niveau s’en ressent. Il faut sans doute revoir le système de "chapeaux" et de tête de série qui nous donne un tableau injuste, mais il faut surtout repenser le rythme infernal auquel sont soumis les joueurs de football. L'organisme humain ne peut raisonnablement pas supporter un match de haut niveau tous les trois jours, comme l'impose l’alternance championnat - coupe d'Europe. Sans compter les coupes nationales, les matchs internationaux... Droits télévisuels obligent, la désormais Ligue 1 française repasse à vingt clubs au lieu de dix-huit dès août prochain, ce qui ajoute quatre matches dans un calendrier déjà surchargé ! L'instauration de poules en Ligue des Champions a enlevé une grande part d'intérêt et de suspense à une compétition qui ne commence plus désormais qu'en quart de finale - en revanche, le nombre de matchs a grandement augmenté. 

Conséquences : les grands clubs européens survivent au bord de la crise financière, on parle de plus en plus souvent de dopage, les stades italiens sonnent creux en Ligue des Champions, et les téléspectateurs boudent les retransmissions télévisées. La faillite de Leo Kirch, incapable de revendre les droits télévisés de la Coupe du Monde achetés à prix d'or, doit servir d’alarme.

Il est temps que les dirigeants du football s'en aperçoivent : trop de football tue le football. Et on approche tous de l'overdose.