De
1978 et sa première victoire à 1982 et son dernier match
dans un club français, la Coupe et le football français en
général vivent à l'heure de Michel Platini. La finale
1982, ASSE-PSG, est donc un rendez-vous important pour Platini, en partance
pour Turin, qui va vivre une soirée de folie.
1982 : Paris SG - AS Saint-Etienne
2-2 a.p. (6-5 t.a.b.)
Buts : Toko (58ème), Rocheteau
(119ème) pour PSG, , Platini (76ème, 99ème) pour Saint-Etienne.
Tirs aux buts : Battiston(ASSE),
Bathenay(PSG), Zanon(ASSE), Renaut(PSG), Rep(ASSE), Rocheteau(PSG), Larios(ASSE),
Surjak(PSG), Platini(ASSE), Fernandez(PSG), Lopez(ASSE, raté), Pilorget(PSG).
Paris SG : Baratelli - Fernandez,
Pilorget, Bathenay, Col(Renaut 119) Lemoult, Boubacar, Dahleb(N'Gom
83) Rocheteau, Toko, Surjak (Entr. : Peyroche)
Saint-Etienne : Castaneda
- Battiston, Gardon(Nogues 66), Lopez, Lestage Janvion, Larios, Platini,
Zanon Paganelli(Roussey 66), Rep (Entr. : Herbin).
L'ambiance est électrique,
le temps est à l'orage, il fait particulièrement chaud en
cette soirée du 15 mai 1982. Ils sont plus de quarante-six mille
à vouloir suivre une finale qui promet à l'image du football
hexagonal en pleine progression. D'ailleurs, pour un homme, le rendez-vous
est important. Michel Platini a annoncé son départ pour Turin,
c'est donc son dernier match sous le maillot d'un club français
On ne présente plus Saint-Étienne,
le club le plus titré de France, le club mythique des années
70. Pourtant, depuis la retraite de la glorieuse génération,
la réussite a un peu quitté la préfecture de la Loire.
Michel Platini, malgré tout son talent, n'a gagné qu'un championnat
en 1981 et l'ASSE a échoué d'un point derrière Monaco
en cette saison 81-82. L'équipe a montré ses limites, la
jeune génération prometteuse des Castaneda, Paganelli, Roussey
n'arrive pas à confirmer mais les Verts restent les Verts, capables
de tout écraser. Ceci n'effraie pas les Parisiens. La Coupe leur
sourit cette année. En quart, ils ont sorti Bordeaux en marquant
à la cent dix-neuvième minute du match retour. En demi, Paris
et son gardien Baratelli ont dû attendre les tirs au but pour acquérir
leur billet pour la finale. Une dizaine d'années après sa
création, le PSG atteint la consécration et la capitale retrouve
un club jouant les premiers rôles. Francis Borelli a construit une
formation solide autour de Bathenay, Lemoult et Rocheteau. A côté
d'eux, un jeune joueur commence à faire parler de lui, il s'agit
de Luis Fernandez.
La première mi-temps se révèle
bien terne. Il fait chaud et les Parisiens n'ont joué leur demi-finale
homérique que quatre jours auparavant. Leur objectif en ce début
de rencontre est de tenir les attaquants stéphanois. Le marquage
est strict, Lemoult sur Platini, Pilorget sur Rep, Col sur Paganelli et
Fernandez cadenasse le milieu de terrain. Seul, Surjak, le Yougoslave du
PSG, fait lever la foule d'un superbe coup-franc transformé directement
alors que M. Vautrot l'avait donné indirect. Contrairement aux pronostics,
les Stéphanois ne dominent pas outrageusement, les Parisiens en
profitent pour s'aventurer vers l'attaque. A la cinquante-huitième
minute, Surjak déborde, Toko reprend et expédie le ballon
dans le but de Castaneda. Paris mène, le Parc s'embrase. Les Verts
peuvent-ils revenir? Pas évident, surtout que Platini, plus en pointe
qu'à l'accoutumée, reçoit peu de balles exploitables.
Herbin mise tout sur sa star, il faut lui transmettre de longs ballons,
à lui de les exploiter. Et Platini se montre extraordinaire lorsqu'il
échappe à Lemoult, reçoit une balle de Nogues qu'il
frappe en demi-volée. Saint-Étienne égalise à
la soixante-seizième minute.
La ferveur monte dans le Parc. François
Mitterand, Président de la République et Jacques Chirac,
Maire de Paris, assis côte à côte, se prennent au jeu.
Les Parisiens éreintés doivent affronter une nouvelle prolongation.
Elle semble être celle de trop. Pour la deuxième fois, Platini
fausse compagnie à Lemoult et pour la deuxième fois, il marque.
Mais, le PSG n'est pas mort. Revenus de loin lors des tours précédents,
les Parisiens y croient. A une minute de la fin, à une minute de
la gloire pour Platini et le président Rocher, Rocheteau, l'ex-ange
vert, totalement transparent pendant le match, réussit la volée
parfaite. Le faux-frère offre une séance de tirs au but aux
siens.
Le stade est gagnée par la
confusion, la pelouse est envahie par les spectateurs, les joueurs rentrent
aux vestiaires en courant. Dans la tribune officielle, c'est la consternation,
faut-il faire revenir le calme ou faut-il rejouer la finale? Le calendrier
prévoit la préparation de l'équipe de France pour
la Coupe du Monde, les tirs au but doivent avoir lieu. Le public, escorté
par le maigre service d'ordre, met une demi-heure pour rejoindre les tribunes.
Le match a débuté depuis plus de trois heures lorsque la
séance des tirs au but s'engage. Battiston marque pour Saint-Étienne.
Bathenay, un autre ex-Stéphanois, envoie un missile au dessus du
but. Catastrophe! Non, M. Vautrot le donne à retirer, il estime
que Castaneda a bougé. Platini hurle sa colère, cela ne change
rien, Bathenay ne loupe pas la cible une deuxième fois et les tireurs
suivants font preuve de sang-froid. Platini puis Fernandez réussissent
leur tir au but. A 5 partout, Christian Lopez, le capitaine des Verts,
cherche un tireur. Personne ne se manifeste, il doit donc y aller. Il tire
au centre, Baratelli part à droite mais ses jambes traînent
et détournent la balle. Pilorget ne se pose pas de question, Paris
gagne la coupe et Bathenay reçoit pour la quatrième fois
le trophée.
Platini s'en va sur une défaite,
Roger Rocher aussi et Saint-Étienne est pris dans l'engrenage de
la caisse noire. Le Paris SG s'est fait un nom, il fait désormais
partie de l'élite des clubs français. Au delà de ces
enseignements, la France a vécu une soirée de folie, ce n'est
qu'un avant-goût du Mundial espagnol.
Les autres finales :
1978 : AS Nancy - OGC Nice 1-0
L'affiche est explosive entre les
jeunes Nancéiens et les expérimentés Niçois
surtout qu'en championnat Nancy l'a emporté par 7 à 3. Michel
Platini marque le seul but et gagne son premier trophée avec sa
bande de copains, Rouyer, Rubio, Jeannol. C'est la nouvelle génération
du football français.
1979 : FC Nantes - AJ Auxerre
4-1 a.p.
Qui connaît l'AJ Auxerre de
Guy Roux, modeste club de D2 en 1979? Pas les Nantais qui courent après
une Coupe depuis longtemps et qui se font surprendre pendant le temps réglementaire.
Seul, un grand Eric Pécout, auteur de trois buts et intenable en
prolongations, sauve les Canaris et leur donne leur première Coupe
de France après trois échecs.
1980 : AS Monaco - US Orléans
3-1
L'US Orléans, club de D2,
crée la même surprise qu'Auxerre, un an auparavant. Mais les
pensionnaires de D2 ne tiennent qu'une mi-temps. Emon et le plus grand
buteur de l'histoire du championnat, Delio Onnis, inscrivent les buts décisifs
en deuxième période, la Coupe escalade le Rocher.
1981 : Bastia - AS Saint-Etienne
2-1
Cette soirée va devenir historique.
Le Saint-Étienne de Platini va réussir le doublé comme
l'ont fait les Verts des années 60-70. Les Corses se battent pour
inverser la tendance. Le jeune Marcialis, déroutant, marque puis
Roger Milla, virevoltant, double la mise. C'est fini pour l'ASSE. Marchioni
reçoit le premier trophée du football corse, les drapeaux
à la tête de maure s'agitent, toute la Corse fête de
ses joueurs.
Vivian Massiaux