Avec
l'introduction des matches aller-retour, la Coupe n'offre plus beaucoup
de surprises. Saint-Étienne et Marseille dominent ainsi le championnat
et la coupe de 1967 à 1977. La finale 1977, Saint-Etienne-Reims,
marque la fin d'une époque pour le football français.
1977 : AS Saint-Etienne - Stade
de Reims 2-1
Buts : Bathenay (83ème s.p.),
Merchadier (87ème) pour Saint-Etienne, Santamaria (63ème)
pour Reims.
Saint-Etienne : Curkovic - Merchadier,
Piazza, Lopez, Farison Santini, Janvion, Bathenay Rocheteau,
P.Revelli, H.Revelli (Entr. : Herbin)
Reims : Laudu - Buisset, Durand,
Dubouil, Masclaux Polaniok(Gianetta 74), Ravier, Betta Santamaria,
Maufroy, Ducuing (Entr. : Flamion).
Cette finale du 18 juin 1977 a des
allures de Super Coupe entre les deux meilleurs clubs français de
tous les temps. Ils sont 46000 à se presser pour voir le duel entre
Reims, formation phare des années 50 et Saint-Étienne qui
reste sur sept titres de champions en dix ans et surtout sur trois fabuleuses
saisons de communion avec tout le pays.
Le Stade de Reims n'est plus la
grande équipe des Kopa, Fontaine, Piantoni, Batteux et suit un parcours
en dent de scie fait de montées en D1 et de descentes en D2 depuis
le dernier titre de champions en 1962. En quelques saisons, les Rémois
ont repris des couleurs grâce à leur fantastique goleador
argentin, Carlos Bianchi. Pour cette saison 1976-77, le bilan des Champenois
est décevant avec une modeste onzième place en championnat,
seule la Coupe leur sourit. Bianchi, Laudu, auteur d'arrêts miraculeux,
et tous les Rémois s'offrent une place en finale après deux
beaux succès face à Nice. Cette finale inespérée
est un cadeau pour Henri Germain, le président rémois qui,
pendant plus de trente ans, a dirigé son club avec succès.
Saint-Étienne a pris des couleurs vertes pâles suite à
la défaite en finale de Coupe d'Europe à Glasgow. Le championnat
dominé par les Nantais lui a échappé dès les
premières journées. En fait, l'ASSE n'arrive plus à
assumer son statut d'équipe à battre, la motivation s'est
quelque peu envolée. Le leader mythique, Jean-Michel Larqué,
a même été écarté du groupe par Herbin.
En Coupe d'Europe, les Verts ont fait illusion jusqu'au moment de buter
sur l'écueil de Liverpool. Comme pour les Rémois, ils leur
restent la Coupe et une demi-finale épique face à Nantes
qui vise le doublé. Les Canaris jouent à la perfection et
assomment Saint-Étienne à l'aller (3-0). Les Stéphanois
promettent l'enfer au match retour, ils réussissent à combler
leur retard en première période. Les prolongations font partie
de la légende verte, Henri Michel marque mais Sarramagna et Lopez
rétorquent pour un score finale de 5 à 1. Saint-Etienne a
retrouvé ses guerriers.
Saint-Etienne fait, à nouveau,
rêver la France. L'intérêt de la finale ne s'en trouve
que décuplé. Seule ombre au tableau, Reims est privé
des services de son buteur argentin, Carlos Bianchi. Les 46000 spectateurs
n'ont d'yeux que pour les hommes en vert ce qui agace fortement l'entraîneur
rémois, Flamion. En tout état de cause, Saint-Etienne ne
peut pas perdre. La première mi-temps confirme les pronostics, les
Verts répondent présents, dominent à outrance et se
créent de multiples occasions par Merchadier, Bathenay, Lopez ou
Hervé Revelli. Pourtant, le score reste vierge. Au retour des vestiaires,
le jeu s'équilibre. Les Rémois, vexés d'être
considérés comme des faire-valoir, créent la sensation.
A la soixante-troisième minute, Santamaria, l'attaquant argentin
de Reims, reprend victorieusement un centre de Betta. La stupeur gagne
le stade et les rangs stéphanois. En fait, il fallait ce coup de
massue pour que les Verts se décident enfin à jouer à
leur niveau. A la soixante-dix-septième minute, Hervé Revelli
égalise. M. Konrath, l'arbitre, accorde le but puis le refuse pour
un hors-jeu de position de Rocheteau. Les protestations stéphanoises
vont bon train et ce nouveau coup du sort motive les joueurs de l'ASSE
à l'extrême. Une tornade verte s'abbat sur la cage champenoise,
Farison entre dans la surface, Masclaux le bouscule, M. Konrath indique
le point de penalty. L'entraîneur rémois, Flamion, s'insurge
de ce penalty de compensation, Bathenay ne se fait pas prier et trompe
Laudu. Saint-Etienne poursuit sur sa lancée, la défense rémoise
est asphyxiée et à trois minutes de la fin, Merchadier transforme
un coup de tête en coup de grâce. La Coupe prend le chemin
de la cité forézienne pour la sixième fois de l'histoire.
Reims vient de vivre son dernier
grand rendez-vous. Deux ans après, le club quittera la première
division et débutera sa descente aux enfers. La grande épopée
des Verts s'arrêtent également sur ce succès en Coupe
même si Platini fera durer le mythe encore quelques années.
Les autres finales :
1967 : O.Lyon - FC Sochaux 3-1
Pour le cinquantenaire de la Coupe,
Lyon se défait de Sochaux dans les dix dernières minutes.
L'image qui reste de la finale, on la doit au Général de
Gaulle qui s'est transformé en ramasseur de balle sur un ballon
tombé dans la tribune présidentielle.
1968 : AS Saint-Etienne - Bordeaux
2-1
Saint-Étienne réalise
le premier doublé de son histoire au terme d'une finale dont le
héros se nomme Mekloufi. L'Algérien de l'ASSE marque deux
fois dont le but victorieux sur un penalty qu'il dut retirer. Il avait
transformé le premier avant le coup de sifflet de l'arbitre.
1969 : O.Marseille - Bordeaux
2-0
Bordeaux passe une nouvelle fois
à côté de sa finale. Pourtant, il faut quatre-vingts
minutes aux Marseillais pour trouver la faille sur une frappe de
Novi. Après le deuxième but marseillais, la pelouse est envahie
par le public phocéen, heureux de retrouver, enfin, une grande équipe.
1970 : AS Saint-Etienne -
FC Nantes 5-0
Ce 31 mai 1970 marque le couronnement
de la grande équipe de Saint-Étienne. Le 5-0 infligé
aux Nantais constitue un record. Les Verts sont vraiment des Géants
avec quatre titres consécutifs et deux doublés.
1971 : Rennes - O.Lyon 1-0
Lyon est une équipe de Coupe
et joue le rôle de favori. Deux anciens Lyonnais ne l'entendent pas
ainsi. Aubour multiplie les arrêts décisifs, Guy réussit
un penalty contesté, La Coupe prend la direction de la Bretagne.
1972 : O.Marseille - Bastia 2-1
Dans le nouveau Parc des Princes,
Marcel Leclerc, le grand président marseillais, est aux anges, son
club s'adjuge le doublé. Malmené tout au long de la partie
par la défense acharnée des Bastiais, le meilleur buteur
de France, Josip Skoblar, inscrit le but désicif.
1973 : O.Lyon - FC Nantes 2-1
L'acteur principal de cette finale
est l'arbitre, M. Wurtz. Il accorde le deuxième but lyonnais inscrit
de la main par Lacombe. Les Nantais, décontenancés, réduisent
le score de la main également mais voit le doublé s'envoler.
Di Nallo, la vedette lyonnaise, soulève sa troisième Coupe
en dix ans.
1974 : AS Saint-Etienne - AS Monaco
2-1
Deux buts de Synaeghel et Merchadier
offrent un avantage confortable aux Verts. Ces derniers, émoussés,
souffrent en fin de partie. Le duel Piazza-Onnis est magnifique, le grand
buteur monégasque piège une fois son adversaire mais cela
ne suffit pas à priver l'ASSE d'un troisième doublé.
1975 : AS Saint-Etienne - RC Lens
2-0
La marée verte déferle
sur la France et sur l'Europe. Malgré une belle première
période lensoise dans le sillage de Daniel Leclerq, Piazza et Larqué,
d'une reprise de volée d'anthologie, ajoutent un deuxième
doublé consécutif à leur palmarès.
1976 : O.Marseille - O.Lyon 2-0
Saint-Étienne laisse enfin
des miettes à ses adversaires. Marseille en profite aux dépens
d'une équipe lyonnaise amorphe. Après trois succès
en Coupe avec Saint-Étienne, Béréta se réjouit
de ce quatrième trophée.
Vivian Massiaux