La
finale de 1959 entre Le Havre et Sochaux est un modèle d'indécision,
de combativité et d'énergie. Elle est à l'image du
football français qui voit changer sa hiérarchie entre 1956
et 1966 avec la venue de St-Etienne ou Monaco au premier plan.
1959 : Le Havre AC - FC Sochaux
2-2 puis 3-0
Buts : Match 1 : Ferrari (1ère),
Bouchache (113ème) pour Le Havre. Eloy (45ème csc), Gardien
(109ème) pour Sochaux.
Match 2 : Meyer (21ème), N'Doumbé
(31ème), Navarro (87ème) pour Le Havre. <br>
Le Havre: Villenave - Hassouna,
Eloy, Lagadec Meyer, Salzbom Saunier (Navarro), Ferrari, Strappe,
Bouchache, N'Doumbé (Entr. : Jasseron)
Sochaux: Barthelmebs (Wende)
- Lubrano, Mazimann, Mille Bout, Tellechea J. Edimo, Brodd,
Stopyra, Bourdoncle (Tellechea R.), Gardien (Entr. : Dormois et Wartel).
(Joueurs ayant changé pour
le deuxième match)
A Colombes, le Général
de Gaulle assiste à sa première finale de Coupe de France
en ce 3 mai 1959. Reims, Lille ou Bordeaux ont laissé la place à
deux équipes surprises. Sochaux, pensionnaire immuable de D1, n'a
plus connu la gloire depuis la deuxième guerre mondiale. Le Havre,
club doyen du football français, n'évolue qu'en deuxième
division où il réussit une saison exceptionnelle qui le conduit
vers la montée.
Les deux équipes ne possèdent
pas véritablement de vedettes. Sochaux, en qualité de pensionnaire
de première division, est donné favori. Son attaque est des
plus incisives, Edimo, Stopyra (le père de Yannick, international
dans les années 80), Brodd, Bourdoncle ou Gardien peuvent créer
le danger à n'importe quel moment comme en demi-finale face à
Rennes. En vingt minutes, Brodd et Stopyra ont anéanti les espoirs
des Bretons. Les Havrais, même s'ils jouent en D2, ont un groupe
solide et expérimenté bien dirigé par un entraîneur
de renom, Lucien Jasseron. Les anciens pensionnaires de première
division ne manquent pas. Villenave dans les buts vient de Bordeaux, Eloy
et Salzborn, ex-Sedanais, s'occupent du secteur défensif en compagnie
d'un pur Havrais, Lagadec. Enfin, Strappe, l'ancien Lillois anime le secteur
offensif avec Di Loreto, Bouchache et N'Doumbé. Di Loreto, d'un
coup de tête, sa spécialité, a envoyé son équipe
en finale face à des Nîmois médusés par la grande
prestation d'un club de D2.
Le Havre, privé de son héros
Di Loreto, veut créer l'exploit et démarre le match de la
meilleure des manières. A la première minute, Saunier frappe
un coup-franc, Ferrari détourne, Le HAC mène un à
zéro. Les Sochaliens sont décontenancés, les Havrais
impriment leur rythme tout au long de la première période.
Pourtant à quelques secondes du repos, un centre anodin de Mille
rebondit sur la poitrine du pauvre Eloy qui marque contre son camp. Le
score nul (1-1) perdure en seconde période malgré un jeu
fou allant d'un but à l'autre. La physionomie haletante du match
ne varie pas en prolongations. Le Havrais, Salzborn, se voit refuser un
but marqué directement sur coup-franc indirect. Sochaux prend l'avantage
par Gardien à la cent neuvième minute. Quatre minutes plus
tard, N'Doumbé met le feu à la défense sochalienne,
le ballon atterrit dans les pieds de Bouchache qui égalise. Il s'ensuit
un coup de théâtre incroyable. M. Groppi, l'arbitre, siffle
la fin du match au moment où le Sochalien Brodd expédie une
frappe victorieuse. Le but est refusé ce qui provoque la colère
du public et du Général de Gaulle qui s'exclame : "Ce n'est
pas un arbitre de football, ce M. Groppi, mais un chronométreur
de grand prix automobile.". Il ne reviendra pas pour la deuxième
manche qui se déroule quinze jours plus tard.
La deuxième confrontation
est moins passionnante, Sochaux frappe deux fois les poteaux en début
de rencontre. Les Havrais imitent leurs adversaires avec la réussite
en prime, deux tirs de Navarro et un de Meyer heurtent les montants mais
terminent leur course au fond des filets. André Strappe, capitaine
havrais, brandit la Coupe. Le Havre reste, aujourd'hui, la seule équipe
non membre de la première division à avoir remporter le trophée.
Ironie du sort, les Havrais paradent dans leur ville jusqu'aux fenêtres
de René Coty, Havrais d'origine et dernier président de la
quatrième République, à qui le Général
de Gaulle a succédé.
Les autres finales :
1956 : Sedan - Troyes 3-1
Dudule, le sanglier, symbole des
Ardennes, effectue un tour d'honneur victorieux sur la pelouse de Colombes.
Sedan et ses footballeurs ouvriers, surnommés les ardents ardennais,
ont dominé tout au long de la finale face à leurs voisins
troyens.
1957 : Toulouse FC - SCO Angers
6-3
La seule finale de l'histoire arbitrée
par un étranger, l'Anglais, M. Clough, est également la plus
prolifique. Avec trois buts en trente minutes, les Toulousains de l'entraîneur
Bigot ont fait le plus dur. Malgré une course poursuite folle, Angers
ne reviendra pas.
1958 : Stade de Reims - Olympique
Nîmes 3-1
Cette finale est une histoire de
blessures, les Nîmois perdent Schwager à la 13ème minute.
Désorganisés, ils voient les Rémois développer
leur jeu et marquer par Bliard, deux fois, et Fontaine. En fin de match,
Colonna, le gardien rémois, blessé, finit ailier droit, Vincent
prenant sa place. Cela n'empêche pas Reims de réaliser le
doublé.
1960 : AS Monaco - AS Saint-Etienne
4-2 a.p.
L'AS Monaco remporte son premier
trophée grâce à deux buts en prolongations. St-Etienne
croyait avoir fait le plus dur en marquant à la 86ème minute
par Domingo mais Biancheri sauve Monaco sur un coup franc à la 88ème
minute. La hiérarchie du football est en pleine mutation...
1961 : Sedan - Olympique Nîmes
3-1
Contrairement aux pauvres Nîmois,
Sedan vit une véritable idylle avec la Coupe à la grande
joie des dirigeants ardennais, les dévoués frères
Laurant et Louis Dugauguez. Sedan s'impose sans coup férir avec,
dans ses rangs, Zacharie Noah, le père de Yannick.
1962 : AS Saint-Etienne - FC Nancy
1-0
Après l'arrivée de
De Gaulle en hélicoptère, Nancy est rapidement handicapé
par la blessure de deux joueurs mais tient au courage. St-Etienne ne doit
son salut qu'à l'enfant de Colombes, Baulu, qui marque à
la 86ème minute. La Coupe sauve la saison des verts qui descendent
en D2.
1963 : AS Monaco - O.Lyon 0-0
puis 2-0
Avec cette finale, Lyon se fait
une place au sommet du football français. Face au catenaccio lyonnais,
Monaco ne trouve pas la faille au cours d'un premier match intense. Ce
n'est que partie remise, Cossou et Casolari offrent le doublé à
la Principauté.
1964 : O.Lyon - Girondins Bordeaux
2-0
Lyon se console un an plus tard
grâce à deux réalisations du stratège franco-argentin,
Nestor Combin. La star lyonnaise partira s'exprimer à la Juventus
de Turin, la saison suivante.
1965 : Rennes - Sedan 2-2 puis
3-1
Nantes champion, Rennes vainqueur
de
la Coupe, la Bretagne glane ses premiers titres d'un seul coup. Ce fut
dur pour Rennes, mené au score lors des deux matches par les vaillants
ardennais, ils trouveront les ressources pour revenir grâce au réalisme
de son attaquant Rodighiéro.
1966 : RC Strasbourg - FC Nantes
1-0
Nantes, au jeu époustouflant,
se dirige vers le doublé. Strasbourg met en place un plan anti-Nantes
en pratiquant un jeu physique. Nantes perd Muller sur blessure et le match
sur une superbe frappe de Sbaïz. Le doublé s'envole.
Vivian Massiaux