Au
cours des années vingt, la Coupe est le trophée le plus convoité
puisque le championnat n'existe pas encore. Le Red Star est l'équipe
de la décennie avec quatre succès en sept ans. Revivez les
finales de 1921 à 1930 avec en vedette le premier triomphe du Red
Star en 1921 face à l'Olympique de Paris où le gardien fou
volant, Chayriguès, et le titi parisien gouailleur, Gamblin, firent
le spectacle.
1921 : Red Star – Olympique de
Paris 2-1
Buts : Clavel (58ème), Naudin
(77ème) pour le Red Star, Landauer (78ème) pour Paris
Red Star : Chayriguès
– Meyer, Gamblin – Marion, Hugues, Bonnardel – Bourdin, Brouzes, Nicolas
P., Naudin, Clavel.
Olympique Paris : Cottenet
– Langenove, Huysmans – Baron, Parachini, Haas – Devaquez, Rouchès,
Landauer, Darques, Rebut.
Aux abords du stade Pershing dans
les allées du bois de Vincennes, un énorme embouteillage
se forme en ce 24 avril 1921 ; 18000 personnes se pressent pour assister
au duel entre les deux meilleurs clubs parisiens de l’époque, le
Red Star et l’Olympique. Il faut dire que chaque équipe possède
des joueurs d’exception. Quelques membres de l’Olympique de Paris (ex-Pantin)
ont l’expérience des grands rendez-vous puisqu’ils furent vainqueurs
en 1918 et finalistes en 1919. Adeptes d’un jeu combatif et physique, ils
comptent sur leur gardien géant, Maurice Cottenet surnommé
le « colosse aux pieds d’argile » et surtout sur leurs deux
vedettes de 1918, Darques et Devaquez. Le Red Star n’est pas en reste,
Lucien Gamblin est un monstre incontournable en défense. Les demis,
Bonnardel et Hugues apportent une touche de finesse et servent à
souhait le redoutable buteur qu’est Paul Nicolas. Mais cette finale ne
serait rien sans la rumeur qui annonce le retour de « Pierrot ».
Véritable star au poste de gardien depuis une dizaine d’années,
« Pierrot » Chayriguès est réduit à l’inactivité
depuis deux ans suite à une fracture à l’épaule survenue
en 1919 dans un match international contre la Tchécoslovaquie.
Sous les ordres de l’arbitre M. Slawick
(en plus des trois assesseurs habituels, il faut signaler la présence
de deux juges de but !!!), les deux équipes pénètrent
sur le terrain et la foule n’a d’yeux que pour Chayriguès, bel et
bien présent. Il ne va pas les décevoir. Après une
première mi-temps terne (0-0), le Red Star ouvre la marque sur une
échappée de son ailier gauche, Clavel. Chayriguès
sort alors le grand jeu, plonge dans tous les sens, stoppe toutes les tentatives
d’une attaque adverse déchaînée. Sur contre-attaque,
Naudin aggrave la marque mais dans la foulée, Landauer redonne l’espoir
à l’Olympique. Chayriguès multiplie, à nouveau, les
exploits sauf sur une volée de Darques où Gamblin le supplée
sur sa ligne…des deux mains. L’arbitre siffle un penalty indiscutable.
Gamblin fait alors parler son métier en glissant quelques mots à
l’oreille du tireur adverse, le fantastique Devaquez. Déstabilisé,
ce dernier, héros de la finale de 1918, devient le martyr de 1921
en tirant en plein milieu du but, Chayriguès arrête le shoot
aisément et le Red Star enlève sa première Coupe de
France.
Pierre Chayriguès a réussi
son retour et sa performance est saluée, à juste titre, dans
les journaux.
1922 : Red Star – Stade Rennais
2-0
Le Red Star réalise le doublé
aux termes d’un match houleux où Marion et Scoones sont expulsés
de part et d’autre.
1923 : Red Star – FC Cette (Sète)
4-2
Déclassé en février
à cause de la non-qualification de son joueur suisse, Kramer, Cette
est admis à jouer les quarts de finale le 14 avril alors que les
deux finalistes sont déjà connus. Revenu de loin, les Cettois
n’empêcheront pas le Red Star d’afficher un triplé historique.
1924 : Olympique de Marseille
– FC Cette 3-2 (a.p.)
Le premier succès provincial
revient à l’OM, équipe construite autour de deux parisiens,
Jean Boyer et Edouard Crut, qui amateurisme oblige, sont représentants
en légumes secs au salaire démentiel pour l’époque
de 1000 francs.
1925 : CASG – FC Rouen 1-1 puis
3-2
Au cours de la prolongation du premier
match, Tissot marque du genou pour le FC Rouen mais l’arbitre refuse le
but pour une faute de main. Rouen ne s’en relèvera pas et laisse
filer la Coupe au CASG lors du deuxième match.
1926 : Olympique de Marseille
– Valentigney 4-1
Marseille remporte sa deuxième
coupe avec Paul Seitz dans les buts. Alors qu’il joue habituellement arrière,
son entraîneur l’a titularisé au poste de gardien suite à
ses performances à l’entraînement. Valentigney, petit poucet
de la compétition, est un club franc-comtois, ses joueurs sont employés
aux usines Peugeot.
1927 : Olympique de Marseille
– Quevilly 3-0
Pour la première fois, un
Président de la République, Gaston Doumergue, assiste à
la finale et remet la Coupe aux Marseillais qui n’ont fait qu’une bouchée
des Normands de Quevilly. Ce club sera l’un des meilleurs amateurs français
après la deuxième guerre mondiale.
1928 : Red Star – CA Paris 3-1
Avec ce quatrième succès
acquis aux dépens du CA Paris, le Red Star dépasse Marseille
au palmarès et confirme son rang de meilleur club des années
20.
1929 : SO Montpellier – FC Sète
2-0
Sète, grand favori, vit une
nouvelle désillusion. Son pauvre gardien, Henric, commet erreur
sur erreur, ce qui profite à Montpellier. Quelques jours plus tôt,
il avait encaissé huit buts avec l’équipe de France face
à l’Espagne.
1930 : FC Sète – RC France
3-1 (a.p.)
Par ses deux buts en prolongation,
le Yougoslave Yvan Beck offre enfin la Coupe à Sète et à
son président Georges Bayrou, le Louis Nicollin de l’époque.
Celui-ci paye un billet de train supplémentaire pour installer le
trophée à ses côtés.
Vivian Massiaux