La
finale 1989 Marseille-Monaco, totalement débridée, est sublime
surtout quand Papin joue sa partition de grand buteur. La Coupe, dans les
années 90, offre un lot croissant de surprises avec le retour de
l'élimination directe et la multiplication des compétitions
pour les clubs phare.
1989 : O.Marseille - AS
Monaco 4-3
Buts : Papin (12ème, 22ème,
46ème), Allofs (65ème) pour Marseille, Dib (31ème,
72ème), Amoros (88ème s.p.) pour Monaco.
Marseille : Huard - Thys,
Forster, Le Roux, Di Meco Germain, Sauzée, Vercruysse(Gastien
69), Meyrieu(Eyraud 46) Papin, Allofs (Entr. : Gili)
Monaco : Ettori - Valéry,
Sonor, Battiston, Petit Amoros, Puel(Fofana 46), Dib, Poullain(Kurbos
68), Hoddle Weah (Entr. : Wenger).
L'Olympique de Marseille, fraîchement
titré, et l'AS Monaco, champion déchu, s'affrontent pour
la finale de la Coupe de France en ce 10 juin 1989. Les quarante-cinq mille
spectateurs et toute la France espèrent un bon match après
une année assez terne. La magie de la Coupe va envelopper le stade.
Marseille, à la recherche d'un dixième succès après
deux échecs en 1986 et 1987, et Monaco qui ne veut pas finir bredouille,
vont offrir un spectacle somptueux.
Quelques jours avant la finale,
les Marseillais sont aller chercher le titre qui leur échappait
depuis 1972. Il faut désormais rejoindre leurs aînés
dans l'histoire en s'assurant le doublé. L'OM doit son triomphe
à son président tout puissant, Bernard Tapie, à son
directeur technique qui connaît la victoire, Michel Hidalgo, et à
un entraîneur, Gérard Gili, embauché après le
limogeage de Banide en début de championnat. Gili a su emmener un
effectif de joueurs arrivant à maturité vers les sommets.
Huard dans les buts, Di Meco, Le Roux en défense, Vercruysse, Germain,
Sauzée en milieu et Papin, deux fois meilleurs buteurs, ont tous
réussi la plus belle saison de leur carrière. Quand aux deux
Allemands, Forster et Allofs, expérimentés et roublards,
ils ont été les clefs de voûte de la belle ossature
marseillaise. Le parcours en Coupe est également remarquable, Rennes
a encaissé cinq buts en quart de finale et Auxerre a perdu par deux
fois en demi-finale. Le Monaco d'Arsène Wenger a probablement un
groupe plus talentueux sur le papier, les noms d'Etorri, Battiston, Dib,
Amoros, Hoddle ou Hateley sont là pour le confirmer. La faiblesse
monégasque est d'avoir perdu la régularité de l'année
précédente. Le début de saison manquée, la
blessure d'Hateley, n'ont pu être rattraper par trois mois consécutifs
sans défaites. Les hommes du Rocher ont le vent en poupe avant cette
finale, la victoire en demi-finale aux tirs au but face à Sochaux
a décuplé un peu plus leurs convictions.
Une marée azur et bleue aux
couleurs de l'OM remplit les tribunes du Parc des Princes. Papin est ému
d'une telle ferveur et va remercier, à sa manière, les supporters
marseillais dans les vingt-cinq premières minutes. Bénéficiant
des errements d'une défense monégasque où les jeunes
Petit et Valéry sont dépassés, le pressing marseillais
fait son œuvre. Papin, d'une frappe écrasée mais parfaitement
décroisée et d'un magistral coup de tête placé,
assomme Monaco et le match. Essoufflés par un fabuleux début
de rencontre, les Olympiens baissent de régime et Dib, le battant,
en profite. Son équipe doit revenir, Dib va de l'avant et déclenche
une frappe de vingt mètres de l'extérieur du droit qui se
loge dans la lucarne d'Huard. L'espoir revient du côté monégasque.
A deux buts à un pour l'OM, rien n'est fait au repos. Mais les Marseillais
repartent pied au plancher, le match devient fou. Papin accélère
dans son style bien particulier, déborde la défense rouge
et blanche et ajuste Ettori pour le hat-trick, son premier depuis trois
ans à Marseille. Monaco est pris à la gorge, Papin est insaisissable,
Sonor fait la faute, penalty! Personne n'a marqué quatre fois en
finale de Coupe, Papin peut le faire, il n'a jamais loupé un penalty
chez les pros. La pression est énorme et c'est Ettori qui sort vainqueur.
Monaco ne profite pas de l'exploit de son gardien. Sauzée, sur une
lourde frappe, touche du bois. Allofs fait le pressing, déstabilise
la défense, récupère la balle et trompe Ettori, un
véritable jeu d'enfant pour l'Allemand. A vingt minutes de la fin,
Marseille, dans un grand soir, écrase Monaco et mène quatre
buts à un, les jeux sont faits.
Marcel Dib est le seul à
ne pas abdiquer du côté de Monaco. Il se démène
comme un beau diable. A un quart d'heure de la fin du match, Dib reçoit
un ballon de Weah à la limite de la surface de réparation
et d'un lob d'une rare clarté, il expédie le ballon dans
le but marseillais. Monaco attaque de toutes parts, les Olympiens sont
proches de la rupture. A quatre minutes de la fin, Dib est fauché,
Amoros transforme le penalty mais il est trop tard. Dib est le héros
malheureux de cette finale, il a joué le match de sa vie, en vain.
A l'inverse, Papin est le véritable héros de la soirée.
Il a prouvé qu'il est bien le grand buteur que la France attend
depuis un certain Just Fontaine et en guise de félicitations, il
a le droit à la bise de François Mitterand, le président
de la République. Marseille chavire avec une dixième Coupe
et un deuxième doublé.
Après le match, Tapie et Papin
se retrouvent au centre de la pelouse, la Coupe en mains. Ils analysent
tout le chemin parcouru, savourent la joie d'avoir conquis la France. L'avenir
est désormais européen.
Les autres finales :
1990 : Montpellier - Racing Paris
1 2-1 a.p.
La Coupe revient à ses premières
amours et à l'élimination directe sur un match. Le Racing
Paris 1, à l'agonie financièrement, crée la surprise
en sortant Marseille en demi-finale. Mais les prolongations sont fatales
aux Parisiens en finale, le Montpellier du passionné Louis Nicollin
va chercher le premier titre de son histoire grâce à Blanc
et Ferhaoui.
1991 : AS Monaco - O.Marseille
1-0
Toute la France attend monts et
merveilles de la revanche de la superbe finale de 1989 entre les deux meilleures
équipes du pays. Le match est finalement décevant et fade.
Un coup de patte de Gérald Passi, en fin de match, offre la Coupe
à Monaco.
1993 : Paris SG - FC Nantes 3-0
Un an après le drame de Furiani,
la Coupe reprend ses droits et fait rêver les jeunes Nantais. Un
peu trop, sûrement. Trois Nantais sont expulsés et le Paris
SG confirme son statut d'équipe de Coupe.
1994 : AJ Auxerre - Montpellier
3-0
Devant un public ravi du jeu ouvert
proposé par les deux formations, les Auxerrois défilent avec
la Coupe en main. C'est le couronnement de trente ans de travail pour Guy
Roux. Louis Nicollin applaudit, Montpellier est tombé sur plus fort
que lui.
1995 : Paris SG - Strasbourg 1-0
Les Parisiens, auteurs d'une saison
pleine mais sans trophée, sauvent encore la mise en Coupe. Les malheureux
Strasbourgeois, qui retrouvent enfin les sommets, sont victimes du froid
réalisme parisien matérialisé par l'unique but de
Le Guen.
1996 : AJ Auxerre - O.Nîmes
2-1
Nîmes, relégué
en National(ex-D3), ouvre l'ère des grosses surprises en Coupe.
En marquant par Belbey, les Nîmois sont proches de l'exploit mais
Auxerre, par Blanc et Laslandes dans les dernières secondes, s'offre
un doublé. Guy Roux atteint la consécration suprême.
1997 : OGC Nice - EA Guingamp
1-1 a.p. (4-3 t.a.b.)
Les surprise continuent... Nice,
rétrogradé en D2, l'emporte aux tirs au but, séance
où son gardien Valencony a multiplié les exploits. Guingamp,
merveilleux club d'une petite ville des Côtes d'Armor, en constante
progression, manque son rendez-vous avec l'histoire.
1998 : Paris SG - RC Lens 2-1
Pour le première finale au
Stade de France, Lens, qui n'a jamais rien gagné, est à deux
doigts de la Coupe et aussi du titre. Seul ce dernier lui sourira car ce
sont bien les Parisiens qui s'imposent et Alain Roche, l'homme qui n'a
jamais perdu une finale, remporte sa cinquième Coupe et égale
le record de Sommerlynck et Bathenay.
1999 : FC Nantes - Sedan 1-0
On se croirait revenu trente ans
en arrière lorsque les supporters ardennais défilent avec
le sanglier Césarine pour mascotte. L'équipe surprise de
D2 chute sur un penalty litigieux. La jeune et talentueuse formation nantaise
s'adjuge la Coupe.
2000 : FC Nantes - Calais 2-1
Auteur d'un fantastique parcours,
Calais, véritable club amateur, pose des problèmes à
Nantes en ouvrant le score par Dutitre. Nantes revient à la marque
et s'en sort, comme un an auparavant, grâce à un penalty contesté.
L'image de Landreau, le pro Nantais, et de Becque, l'amateur calaisien,
brandissant ensemble le trophée, est le symbole de l'esprit qui
a parcouru la Coupe de France lors de ce XXème siècle qui
s'achève.
Vivian Massiaux