Après
un rapide historique de la création de la Coupe de France,
la première finale de la prestigieuse épreuve en 1918 a vu
s'affronter l'Olympique de Pantin et le FC Lyon dans des conditions
plutôt pittoresques...
La naissance de la Coupe de France
Créer une Coupe en France
sur le modèle de la FA Cup anglaise, voici l’idée d’Henri
Delaunay depuis qu’il a assisté à la finale de la Cup en
1902. Avant-guerre, il dirige le football français au sein du Comité
Français Interfédéral (CFI) avec son ami Charles Simon.
Le CFI tente de rapprocher les quatre fédérations (USFSA,
FGSPF, LFA et FCAF) qui se partagent l’organisation des compétitions
dans l’hexagone mais les dissensions sont trop fortes et le consensus autour
d’une épreuve commune ne peut avoir lieu avant 1914. Le pauvre Charles
Simon tombe au champ d’honneur le 15 juin 1915. Cependant, Henri Delaunay
et tous les membres du CFI décident, le 28 décembre 1916,
de mettre en place une coupe nationale ouverte à tous les clubs
des quatre fédérations. Henri Delaunay finalise le projet
en rédigeant le règlement (coupe à élimination
directe et désormais seule épreuve reconnue) et en trouvant
un mécène (la Société Hachette pour 5000 francs
par an). Le Dr Michaux, l’un des instigateurs du football en France à
la fin du dix-neuvième siècle, offre le trophée, la
Coupe Charles-Simon façonnée par un orfèvre parisien
M. Chobillon, faite d’argent ciselé reposant sur un socle de marbre
des Pyrénées pour un poids total de 3,150 kilos. Malgré
la guerre, quarante-huit équipes font parvenir leur engagement pour
la première édition de la Coupe Charles-Simon lors de la
saison 1917-18 qui prendra, un an plus tard, le titre officiel de Coupe
de France. La légende est en marche…
1918 : Olympique de Pantin - FC
Lyon 3-0
Buts : Fiévet (x2), Darques
Olympique de Pantin : Decoux- Van
Roe, Lambrechts Vansteck, Olivan, Lina Devaquez, Landauer,
Darques, Fiévet, Delouys.
FC Lyon : Weber Bellon, Orvain
- Allemand, Hebrard, Meunier Soulignac, Salmson, Bard, Weber, Richard.
En ce dimanche 5 mai 1918,
la première finale de la Coupe se déroule au stade de la
Légion Saint-Michel, 88, rue Olivier-de-Serres dans le XVème
arrondissement de Paris. Ils ne sont que deux mille (4000 francs de recette)
à assister à ce match historique, aucun des spectateurs ne
sait que ce rendez-vous est le premier d’une longue tradition d’autant
plus qu’il existe encore à l’époque de multiples coupes ou
challenges rivaux. Les deux clubs à l’affiche sont le FC Lyon, fondé
en 1893 et doyen des clubs du Sud-Est, et l’Olympique de Pantin, formation
à forte consonance belge.
Le match débute sur un rythme
endiablé et l’Olympique de Pantin ne laisse aucune chance au FC
Lyon dès la première période. Sur un centre du dribbleur
fou, « Julot » Devaquez, le premier but est inscrit par Fiévet.
Ce même Fiévet double la mise, quelques instants plus tard
après un nouvel exploit personnel de Devaquez. En deuxième
période, Lyon essaie, en vain, de réagir par l’intermédiaire
de son stratège Henri Bard car sur une contre-attaque fulgurante,
Darques s’échappe et clôt le sort du match. Il est à
noter que les graves altercations font déjà partie du jeu
puisque, Decoux, le gardien belge de Pantin, met K-O un attaquant lyonnais
qui l’avait chargé un peu trop violemment à son goût.
La réaction du capitaine adverse, Hébrard, est d’autant plus
surprenante puisqu’il persuade l’arbitre, M. Bataille, de ne pas expulser
le coupable.
Cet incident ne change en rien le
verdict de la rencontre, l’Olympique de Pantin est le premier vainqueur
de la Coupe Charles-Simon, le Dr Michaux remet le trophée à
Gabriel Balestra, président de Pantin. Paris est bien la capitale
du football français et le héros du match s’appelle Jules
Devaquez, le jeune ailier alors âgé de 19 ans connaît
des débuts fracassants qui le conduiront à la pointe de l’équipe
de France tout au long des années 20.
Les finales suivantes :
1919 : CA Société Générale
Olympique de Paris 3-2 (a.p.)
Face à l’Olympique de Paris
(ex-Pantin), Hatzfeld donne la victoire au CASG avec deux buts inscrits
lors des prolongations dont la durée était fixée à
une heure !
1920 : CA Paris Le Havre AC
2-1
La vedette du CA Paris, Henri Bard
inscrit les deux buts de son club dont un sur penalty. Celui-ci avait exigé
le silence complet de la part du public avant de la tirer.
Vivian Massiaux