Curaçao : le chef-d'oeuvre tardif d'Advocaat
Pour la première fois de son histoire, Curaçao va disputer la Coupe du monde après son nul en Jamaïque (0-0). Une performance gigantesque au regard des moyens de l'île et un accomplissement unique pour Dick Advocaat, devenu à 78 ans le sélectionneur le plus âgé jamais qualifié pour un Mondial.

On pouvait reprocher au «Little General» de n'avoir jamais connu de sommet absolu avec une sélection malgré une carrière longue comme trois vies. Cette fois, c'est sur une île de 160 000 habitants, avec un effectif entièrement bâti sur la diaspora néerlandaise, qu'il a enfin posé la pièce manquante de son puzzle. Son oeuvre : une campagne sans défaite, la meilleure défense de la zone, et une qualification décrochée dans l'un des environnements les plus hostiles de la CONCACAF.
Les choix payants d'Advocaat
Curaçao a validé son ticket au terme de six matchs maîtrisés autour d'un 4-2-3-1 compact et d'un groupe entièrement né aux Pays-Bas. Le moment-clé a eu lieu à Kingston : un 0-0 arraché dans la souffrance, marqué par un penalty jamaïcain annulé par la VAR dans les dernières minutes, symbole d'une équipe qui refuse de plier et qui a appris à gérer la tempête malgré sa relative inexpérience. Avec seulement trois buts encaissés sur toute la phase finale, Curaçao a construit son succès sur une discipline remarquable et une solidarité rarement vue à ce niveau.
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Cette soirée décisive, Dick Advocaat ne l'a même pas vécue depuis le banc : reparti aux Pays-Bas pour une urgence familiale, il a dirigé à distance via visioconférence et échanges en direct avec ses adjoints Dean Gorré et Cor Pot. Ses joueurs l'ont mis sur haut-parleur avant le coup d'envoi, puis après le match, comme pour s'assurer que sa voix reste dans le vestiaire au moment crucial. Même loin de Kingston, Advocaat donnait les derniers ajustements, validait les choix, et tenait son équipe dans le même cadre de discipline qu'à l'entraînement. Un exploit collectif qui porte son empreinte jusqu'au bout.
Une ligne spéciale dans son CV
En quarante ans de carrière, Advocaat a gagné des trophées avec les Rangers, le Zenit ou le PSV, sauvé Sunderland, dirigé la Russie, la Belgique, la Serbie, l'Irak, la Corée du Sud et les Pays-Bas à trois reprises. Mais il lui manquait un acte fondateur en sélection. C'est finalement avec l'un des plus petits pays du paysage football mondial qu'il le signe, à un âge où d'autres ont déjà rangé le survêtement. Ses forces : un réseau néerlandais immense, une gestion claire, des rôles définis pour chacun et une approche pragmatique qui n'a jamais cherché à maquiller les limites.
Son travail a aussi permis d'ouvrir la porte à plusieurs binationaux influents : Armando Obispo, Riechedly Bazoer, Tahith Chong ou encore Leandro et Juninho Bacuna. Advocaat a convaincu, rassuré, et surtout donné une perspective qu'aucune génération précédente n'avait entrevue, en apportant un cadre précis et une ambition crédible. Avec cette qualification, le «Little General» , surnom qu'il porte depuis des décennies, offre à Curaçao un bond historique et s'offre lui-même la pièce qui manquait encore à sa trajectoire internationale.
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