Leverkusen : la continuité dans la rupture ?
Orphelin de Xabi Alonso, parti au Real Madrid, le Bayer Leverkusen va entamer un nouveau cycle avec Erik ten Hag. Le club allemand peut-il rester en haut de l'affiche ou s'apprête-t-il à rentrer dans le rang ?

Il a longtemps résisté. Mais le football moderne est impitoyable, et l'appel du Real Madrid ne se refuse pas. Après un peu plus de deux saisons, Xabi Alonso a décidé de faire le grand saut en quittant le Bayer Leverkusen pour la Maison Blanche. Un départ sobre, sans heurt, laissant derrière lui une oeuvre inédite : un titre de champion d'Allemagne, le premier en 120 ans d'existence pour le Werkself.
Pour ouvrir un nouveau chapitre, Erik ten Hag a été choisi. Un entraîneur aux idées arrêtées, à la méthodologie claire et à la réputation de formateur. Mais aussi un homme qui arrive avec pour mission principale de prolonger l'élan d'un groupe en transition. Une tâche aussi excitante que périlleuse, après une parenthèse unique dans l'histoire récente d'un club longtemps cantonné au second plan.
Une saison moins aboutie, un effectif démantelé
Après une saison 2023-2024 quasiment parfaite – seule la Ligue Europa a échappé au Bayer, la faute à un Ademola Lookman monumental en finale – Leverkusen a connu un exercice 2024-2025 plus poussif. La deuxième place en Bundesliga n'a rien d'infamant, mais plusieurs contre-performances dans les moments-clés ont empêché le club de réellement concurrencer le Bayern Munich. L'élimination en 8es de finale de la Ligue des Champions face à ce même adversaire (0-3, 0-2) a marqué la fin d'une dynamique, tout comme la sortie de route en demi-finale de la DFB Pokal face à l'Arminia Bielefeld (2-1), pourtant largement à sa portée.
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Avec moins de fluidité, moins d'impact dans les zones décisives, moins de réussite, le Bayer a semblé atteindre un plafond de verre. Un groupe généreux, mais au bout de son cycle. Et comme souvent, les départs n'ont pas tardé à suivre. Jonathan Tah a rejoint le Bayern après neuf saisons pleines, tandis que Jeremie Frimpong s'est engagé avec Liverpool. Le meilleur joueur du club, Florian Wirtz, est lui aussi attendu à Anfield. Ces pertes majeures pourraient être suivies d'autres puisqu'Alejandro Grimaldo et Victor Boniface sont également courtisés. Leverkusen change de visage, et ce n'est sans doute que le début.
Ten Hag, plus bâtisseur que démolisseur ?
Autre interrogation : où en est Erik ten Hag. Sa dernière expérience à Manchester United, sans être un échec total, n'a jamais permis d'installer un projet cohérent. Une mission complexe dans un club en perte de repères depuis le départ de Sir Alex Ferguson en 2013. Avant cela, le technicien néerlandais avait brillé à l'Ajax avec un style affirmé et des résultats marquants, notamment un parcours mémorable jusqu'en demi-finales de Ligue des Champions en 2019, stoppé par un improbable triplé de Lucas Moura en quelques minutes. C'est ce coach-là que Leverkusen espère retrouver.
Le Batave est connu pour sa rigueur, son pressing haut et ses schémas courts et répétitifs. Il héritera d'un socle solide, avec des joueurs confirmés ou à fort potentiel : Piero Hincapié, Jeanuël Belocian, Edmond Tapsoba, Aleix Garcia, Exequiel Palacios, Amine Adli ou encore Patrik Schick. Il devra toutefois composer sans Martin Terrier, gravement blessé au tendon d'Achille en janvier et indisponible plusieurs mois. Dans un effectif qui va profondément évoluer, le technicien néerlandais aura besoin de stabilité pour poser ses bases. Et de résultats rapides pour éviter toute remise en question prématurée.
Lutter contre son histoire
Le véritable défi de Leverkusen est là : ne pas redevenir ce qu'il a trop longtemps été, à savoir un perdant. Pendant quelques mois, le club a changé de dimension en étant autre chose. Un modèle de régularité, de jeu, d'ambition maîtrisée. Aujourd'hui, c'est peut-être une autre lumière qui doit briller. Moins vive, moins spectaculaire, mais plus constante. Leverkusen n'est plus la coqueluche, ni la surprise, ni l'exception. Il doit devenir un club bien géré, exister par sa rigueur, sa régularité, sa capacité à rester en haut de l'affiche. L'heure n'est plus à séduire, mais à s'ancrer, même sans ceux qui ont fait sa gloire.
Le mercato incarne ce virage stratégique. Leverkusen a déjà frappé un premier coup en s'offrant Ibrahim Maza pour 12 millions d'euros en provenance du Hertha Berlin. Le milieu offensif, pressenti un temps pour la Nationalmannschaft avant d'opter pour l'Algérie, aura la lourde tâche de faire oublier Wirtz. Autre pari : Christian Kofane, jeune attaquant recruté à Albacete pour 5 millions d'euros malgré l'intérêt de Monaco. Avec la promotion attendue du défenseur Andrea Natali, le Bayer affiche une volonté claire : rajeunir, reconstruire, et ouvrir un nouveau cycle. Reste à savoir si cela suffira pour continuer à exister parmi les grands, et non juste à côté.
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