PSG : après tant d'années, de galères et de combats
Pour la première fois de son histoire, le Paris Saint-Germain a soulevé la Ligue des Champions en écrasant l'Inter (5-0), samedi à Munich. Une victoire totale, sans appel, presque insolente. Mais derrière cette démonstration, c'est l'histoire d'un club torturé, d'une décennie cabossée, qui se referme.

La treizième tentative a été la bonne. Comme Chelsea en 2012, comme Manchester City en 2023, le Paris Saint-Germain a inscrit son nom sur le trophée de la Ligue des Champions en ne faisant qu'une bouchée de l'Inter (5-0), samedi à Munich. Une performance stratosphérique pour un club longtemps brisé par des échecs aussi cruels que récurrents durant plus d'une décennie.
L'ère Zlatan (2013-2016)
En choisissant Zlatan Ibrahimovic pour lancer son projet, QSI a frappé très fort. Mais il a surtout pris une décision forte : tenter de conquérir l'Europe avec un chat noir. LE chat noir. Car avant même de poser ses pieds dans la capitale, l'attaquant suédois a connu de sacrées désillusions avec le triptyque 2009-2010-2011 qui a vu le FC Barcelone, l'Inter et encore le FC Barcelone soulever la coupe aux grandes oreilles, à chaque fois sans lui. A Paris, le Scandinave n'a pas démérité, a brillé par à-coups, mais n'a jamais réussi à avoir ce supplément d'âme pour tirer l'équipe vers le haut, beaucoup plus haut.
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En quatre années avec Carlo Ancelotti et Laurent Blanc, le PSG a systématiquement bloqué au stade des quarts de finale. Avec l'Italien, cela s'est joué au but à l'extérieur face au FC Barcelone (2-2, 1-1). Avec le Français, il y a eu une fin amère avec la même finalité contre Chelsea (3-1, 0-2), une leçon reçue par le FC Barcelone de Luis Enrique (1-3, 0-2) et un crash encore incompréhensible face à Manchester City (2-2, 0-1). Un Paris qui y a souvent cru mais qui a failli au moment de forcer le passage dans le dernier carré. L'impression qu'il manquait un petit quelque chose pour être invité à la table des grands.
«Je suis là depuis cinq ans et c'est la première fois qu'on a ce sentiment d'échec» (Nasser Al Khelaïfi, juin 2016, Le Parisien)
La remontada du Camp Nou (2017)
Exit Zlatan. Le PSG entamait un nouveau chapitre, plus incertain, confié aux mains d'Unai Emery, apôtre d'un football plus fluide mais moins souverain et triple vainqueur en titre de la Ligue Europa à Séville. Il fallait attendre le mercato hivernal pour avoir une véritable plus-value avec le recrutement de Julian Draxler, dont l'adaptation express laissait présager de belles choses. Preuve en est, l'Allemand faisait partie des meilleurs joueurs de la leçon de football donnée au FC Barcelone (4-0) au Parc des Princes. Un 8e de finale aller que beaucoup considéraient comme le plus grand match européen de l'histoire du PSG.
Mais le ciel finissait par tomber sur la tête des Parisiens. Au Camp Nou, les partenaires d'Edinson Cavani tombaient dans un trou noir, en partie jetés dedans par Deniz Aytekin. L'arbitrage a beaucoup joué mais il n'expliquait pas la perte de moyens et l'effondrement mental d'une équipe qui avait marché sur son adversaire trois semaines plus tôt. Résultat final, 6-1, une remontada jamais vue à ce niveau de la compétition. Cette humiliation suprême a détruit en un instant le travail de fond de l'entraîneur espagnol. Une soirée en enfer, qui a marqué la fin d'un cycle et d'un espoir naissant.
«HUMILITÉ» (Edinson Cavani, mars 2017, dans le vestiaire du Camp Nou)
Si proche, si loin (2018-2020)
Après une nouvelle élimination sans débat contre le Real Madrid (1-3, 1-2) en 8es de finale en 2018, Thomas Tuchel était chargé de reprendre le flambeau à l'été 2018. Un football offensif, léché et efficace, une énorme performance à Old Trafford contre Manchester United (0-2)... avant le crash. Face à une équipe privée de nombreux titulaires, composée de jeunes inconnus au bataillon pour certains, Paris replongeait en perdant au Parc des Princes (1-3). Une sortie de route sans explication, sous les yeux écarquillés de Neymar, encore blessé pour un grand rendez-vous. Le PSG était-il maudit pour toujours ?
Puis vint le satané Covid-19. Après avoir sorti Dortmund en 8es de finale, le PSG se retrouvait dans un Final 8 à Lisbonne. Pas de public, moins de pression, mais aussi un parcours bien plus «facile» avec l'Atalanta et Leipzig. Une première finale européenne dans un contexte spécial. Résultat ? Victoire du Bayern (0-1) sur un but d'un Titi, Kingsley Coman. Une déception, certes, mais le sentiment que la première étoile ne pouvait être décrochée de cette manière. Un potentiel succès qui aurait pu faire parler, presque «illégitime» .
«Je peux être très honnête avec vous, après ce match, j'étais dans un endroit très sombre pendant deux jours. Je ne pouvais parler à personne ni penser à autre chose que cette défaite» (Thomas Tuchel, sur la défaite contre Manchester United, février 2021, ESPN)
Mbappé a tout tenté (2021-2024)
Le PSG a goûté à la finale, a fait sauter un verrou. Peut-il faire mieux et aller au bout ? Avec Mauricio Pochettino, les Franciliens prenaient leur revanche sur le Bayern (3-2, 0-1), mais ils étaient stoppés aux portes de la finale par l'impitoyable Manchester City (1-2, 0-2) au printemps 2021. L'année suivante, Kylian Mbappé jouait les sauveurs devant le Real Madrid (1-0) avec un but sur le gong au Parc des Princes. Une prestation aboutie avec un score qui ne disait pas tout de la domination parisienne. Mais une avance trop faible pour écarter l'idée d'un retour du club le plus titré dans la compétition.
A Madrid, le champion du monde 2018 ouvrait à nouveau la marque... avant le blackout. Une dernière demi-heure cauchemardesque et un triplé venu de nulle part de Karim Benzema (3-1). Un nouvel échec en 8es de finale qui précédait une autre sortie au même stade face au Bayern (0-1, 0-2) avec Christophe Galtier à l'hiver 2023. Retenu contre son gré, Mbappé pensait y parvenir pour sa dernière saison, malgré un deuxième triplé contre le FC Barcelone (1-4) en quart de finale retour. Le capitaine de l'équipe de France finissait par perdre ses moyens contre Dortmund (0-1, 0-1), encore aux portes de la finale.
«Je devais rester au sol. Depuis le moment où l'arbitre ne siffle rien et que Benzema marque, il n'y a aucune possibilité que l'arbitre revienne sur sa décision et annule le but. Au Bernabéu, avec ce public en délire, jamais de la vie l'arbitre n'annulera un but» (Gianluigi Donnarumma, sur le premier but de Karim Benzema, février 2025, Viva el Futbol)
Pas de star, mais une étoile (2025)
Sans Mbappé, parti conquérir l'Europe avec le Real Madrid, le PSG avançait démuni. Enfin, c'est ce que l'on pensait et ce que l'on voyait sur le terrain. Trois chocs dans les cinq premiers matchs, trois défaites face à Arsenal, l'Atletico Madrid et le Bayern. Une première édition de la compétition dans sa nouvelle mouture qui ne réussissait pas à Luis Enrique et ses hommes, proches de la sortie après plus de la moitié du parcours parcouru. Avant le réveil fracassant. Trois victoires successives face à Salzbourg, Manchester City et Stuttgart qui ont permis au PSG de repartir d'une feuille blanche.
Brest ? Dans les cordes (3-0, 7-0). Liverpool ? Sur le fil (0-1, 1-0 4-1 tab). Aston Villa ? Repoussé assez loin malgré des secousses (3-1, 2-3). Arsenal ? Il n'y a quasiment pas eu photo (1-0, 2-1). L'Inter ? Le chef d'oeuvre ultime. Jamais une équipe n'avait remporté une finale de C1 par cinq buts d'écart. Cinq ans après sa finale dans le silence assourdissant de Lisbonne, le PSG s'offrait un premier sacre dans l'hystérie de Munich. Il fallait marquer le coup pour rejoindre le cercle fermé des vainqueurs. Paris a fait mieux en devenant le plus beau gagnant d'une finale, après des années de galères et de combats.
«C'est un mélange de joie, d'émotions. J'ai souffert avec cette équipe, j'ai grandi. Je pense aux joueurs qui sont passés et qui n'ont pas réussi : Lucas, Thiago Silva, Zlatan, Cavani...» (Marquinhos, mai 2025, M6)
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