PSG : Luis Enrique, un grand parmi les grands
Choisi pour relancer un club qui avait fini par déprimer ses plus fidèles supporters, Luis Enrique a emmené le Paris Saint-Germain à la gloire en lui offrant sa première Ligue des Champions. Un triomphe total pour un entraîneur sûr de lui, exigeant, visionnaire, et qui peut désormais être considéré comme l'un des plus grands.
«J'adore la pression. Ce n'est pas parce que les concurrents ont plus d'expérience qu'on ne peut pas être à leur niveau. La Ligue des Champions est un objectif pour nous. Être ambitieux est une chose très positive dans la vie. On veut tirer la meilleure version de l'équipe, c'est un défi, mais je l'assume entièrement.»
Ce discours du 5 juillet 2023, peu s'en souviennent aujourd'hui, mais Luis Enrique affichait déjà sa confiance lors de sa conférence de presse de présentation. L'entraîneur espagnol avait le sentiment qu'il pouvait réussir là où tous ses prédécesseurs au Paris Saint-Germain avaient échoué. Il a fini par avoir raison.
Luis Enrique, de vilain à héros
À peine deux mois avant son arrivée dans la capitale, le club était dans un état de délabrement rarement atteint sous QSI. Sous les ordres d'un Christophe Galtier dépassé, les joueurs ont creusé un fossé avec le public, au point de chasser ceux qui incarnaient la gloire du football mondial : Neymar et Lionel Messi en tête. Une attitude jugée inacceptable par une partie des observateurs, surtout étrangers, qui voyaient dans les sifflets du Parc des Princes une forme de trahison. Et pourtant, deux ans plus tard, qui pourrait leur en vouloir ? En grande partie grâce à Luis Enrique.
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Le plus fou ? C'est qu'avec ces deux anciens du FC Barcelone devenus parias, Luis Enrique avait, sans le vouloir, participé à la lente et douloureuse descente du PSG post-Laurent Blanc. Beaucoup n'ont pas oublié que l'Asturien était l'homme du 6-1 du 8 mars 2017. Ce jour-là, il incarnait l'ennemi suprême même si l'inénarrable Deniz Aytekin a grandement facilité cette terrible remontada. Huit ans plus tard, il incarne la rédemption. Le même homme, deux rôles, deux visages. Et cette fois, les larmes parisiennes étaient celles de la délivrance.
Et pourtant, tout n'a pas été rose
Avant le triomphe à Munich contre l'Inter (5–0), Luis Enrique a pris des coups. Beaucoup de coups. En novembre, après une défaite contre le Bayern (1–0), il comptait déjà 8 revers en 17 matchs de Ligue des Champions depuis son arrivée. Un ratio inquiétant, qui rappelait les échecs passés. Son style déroutait : possession stérile, défense haute vulnérable, turnover constant. Certains y voyaient du génie contrarié, d'autres de l'entêtement. Mais l'Espagnol n'a jamais dévié. Il a persisté, il a ajusté. L'hiver fut un tournant. Il modifiait son milieu en repositionnant Vitinha plus bas, insistait avec Fabian Ruiz, replaçait Ousmane Dembélé dans un rôle hybride.
Randal Kolo Muani, acheté à prix d'or ? Relégué sur le banc, puis envoyé à la Juventus. Gonçalo Ramos ? Supersub décisif mais jamais indiscutable. Le message était clair : seule l'idée compte, pas le montant du transfert. L'exemple le plus parlant ? Désiré Doué. Après une adaptation difficile, le meneur de jeu arrivé de Rennes a fini par devenir l'étincelle du jeu parisien. Positionné en faux ailier, libre de dézoner, il a dynamité les lignes adverses sans jamais fléchir. La pièce manquante, trouvée par un Luis Enrique fidèle à ses intuitions qui a également pu compter sur l'apport précieux de Khvicha Kvaratskhelia en janvier dernier.
Le plus grand coach de l'histoire du PSG
En deux saisons, Luis Enrique a explosé le plafond de verre. Aucun entraîneur du PSG n'a fait aussi bien. Ni Carlo Ancelotti, l'homme aux cinq titres dans l'épreuve, ni Thomas Tuchel, pourtant finaliste en 2020. Ni Laurent Blanc, malgré deux triplés nationaux, ni Unai Emery, ni Mauricio Pochettino. Tous ont échoué là où lui a triomphé, et avec un effectif jeune, rééquilibré, sans Kylian Mbappé, ni Neymar, ni Messi. Même Luis Fernandez, le seul avant lui à avoir offert un titre européen au PSG, a salué la métamorphose. «Je suis tombé amoureux d'elle, car elle remplit toutes les cases qui font que j'aime une équipe» , a-t-il glissé avant la finale.
Luis Enrique a aussi rejoint un cercle plus large. Avant lui, seul Pep Guardiola avait remporté un triplé (championnat, coupe, C1) avec deux clubs différents. L'Espagnol peut désormais marcher à ses côtés, lui qui fut son coéquipier, son ami, son confident, son modèle, son inspiration. Avec ce PSG audacieux, vertical et intense, Luis Enrique a prouvé qu'il n'était plus un disciple, mais un maître. Et l'histoire pourrait ne faire que commencer. L'appétit vient en gagnant, et le plus grand mérite des grands, c'est souvent de ne pas s'arrêter là. «Le plus beau triomphe, c'est celui que personne n'attendait vraiment.»
Quelle place pour Luis Enrique au PSG ? Et dans l'histoire chez les entraîneurs ? N'hésitez pas à réagir et à débattre dans la zone «Ajouter un commentaire» …
