Billet de (Y. Touaitia) : "Paris a gagné le jour où il a cessé de vouloir briller"
En démonstration contre l'Inter (5-0), le Paris Saint-Germain a remporté sa première Ligue des Champions. Une consécration pour un club qui a longtemps fait fausse route avant de trouver la lumière.
Le billet d'humeur de Youcef Touaitia
C'est donc comme ça que ça se termine. Ou plutôt, que ça commence. Le Paris Saint-Germain est ENFIN champion d'Europe ! Et il l'est devenu l'année où il a décidé d'arrêter de séduire pour commencer à construire. Treize ans que le club vivait dans l'illusion qu'un projet sportif pouvait tenir sur une affiche, que le talent suffisait, que la lumière attirait les trophées.
Pendant plus d'une décennie, Paris a accumulé les visages : Zlatan Ibrahimovic, Edinson Cavani, Neymar, Lionel Messi, Kylian Mbappé... Des noms, des chiffres, des promesses, des polémiques, des joies, des tristesses, beaucoup de tristesses, mais jamais de titre européen. Et cette saison, tout a changé. Pas progressivement. Pas timidement. Radicalement.
Une rupture nette avec le bling-bling
Le PSG n'a pas ajusté son modèle. Il l'a brisé. Fini les statuts à vie, les prolongations hors-sol, les egos trop grands pour le vestiaire. Fini les joueurs qui pensent qu'ils font exister le club et non l'inverse. Pour la première fois depuis longtemps, on n'a plus entendu parler d'image, de storytelling, ou de contrat à en perdre l'équilibre. On a vu un bloc, un groupe, un club. Luis Enrique a entraîné, Luis Campos a décidé, et Nasser Al Khelaïfi, qui voulait tout faire, tout dire, tout valider, a eu la plus belle des idées : s'effacer.
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Au centre de cette rupture, il y a un départ, celui de Kylian Mbappé. Le joueur autour duquel tout tournait : terrain, contrats, communication, politique interne... Il n'était plus un joueur. Il était devenu une structure. Il était devenu le système. L'entité. Il est parti, et le PSG a fini par gagner. C'est à la fois triste et implacable. On se souvient tous de cette phrase, presque trop honnête pour être anodine : «Si je liais mon avenir à la Ligue des Champions, je serais déjà parti très loin.» Il est parti, très loin. Et la Ligue des Champions est venue en courant.
La boucle est bouclée
Paris n'a pas gagné grâce à une fulgurance. Il a gagné parce qu'il a enfin joué avec onze joueurs et plus encore. Pas onze marques, pas un casting, pas un plan marketing. Willian Pacho, João Neves, Désiré Doué, Khvicha Kvaratskhelia : aucun d'eux ne fait rêver les sponsors, mais tous ont fait gagner le club. Tous à leur place. Tous au service du même cap. Le PSG ne s'est pas réinventé, il s'est enfin respecté. Il a arrêté de croire qu'on gagne des matchs avec des étoiles sur les réseaux. Il a accepté l'effacement, l'ombre, le travail. Et le football, ENFIN, lui a répondu.
Trente-deux ans après que l'Olympique de Marseille soit devenu le premier club à remporter la Ligue des Champions sous son nom moderne – déjà à Munich, théâtre des premières - c'est le PSG qui inscrit le sien dans la nouvelle version de la compétition. Une boucle, un symbole. Pas un triomphe, pas une revanche, mais une clarification. Le PSG a cessé d'être une ambition mal dirigée. Il est devenu un club, un grand parmi les grands. Il a cessé de courir après le rêve pour devenir le rêve lui-même.
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