RD Congo : Desabre, l'homme providentiel
Double championne d'Afrique en 1968 et 1974, la République démocratique du Congo rêve de retrouver de la hauteur. Pour ce faire, les Léopards peuvent s'appuyer sur Sébastien Desabre, qui a ravivé la flamme depuis son arrivée il y a deux ans.
Ne parlez surtout pas de Sébastien Desabre aux supporters de Niort. Deux saisons après son arrivée au club, l'entraîneur de 46 ans a décidé de claquer la porte après la 2e journée de l'exercice 2022-2023.
Si les Chamois, placés en liquidation judiciaire et qui espèrent repartir de Régional 1, la sixième division française, sont au bord du précipice, le natif de Valence se tient plutôt bien.
Un costume à sa taille
En effet, le globetrotter a semble-t-il trouvé un costume à sa taille avec la République démocratique du Congo. Réputé pour avoir la bougeotte, lui qui n'a jamais su rester en place plus de deux années au même poste en dehors de sa première aventure avec l'ES Cannet-Rocheville (2006-2010), le Drômois, passé sur les bancs de l'ASEC Mimosas (Côte d'Ivoire), du Cotonsport Garoua (Cameroun), de l'ES Tunis (Tunisie), du CRD Libolo (Angola), de la JS Saoura (Algérie), du Wydad Casablanca (Maroc), de l'Ismaily et du Pyramids FC (Égypte) mais également de l'Ouganda, réalise un travail sérieux à la tête des Léopards.
Depuis son arrivée en août 2022, il a dirigé 25 matchs. Son bilan ? 10 victoires, 10 nuls et 5 défaites. 40% de victoires, on a déjà vu mieux, certes. Mais 20% de défaites, ce n'est clairement pas à négliger, surtout au vu des adversaires rencontrés. Ni le Maroc, ni le Sénégal, ni l'Égypte, ni le Nigeria, ne sont parvenus à battre l'ex-Zaïre. Il a fallu une Côte d'Ivoire touchée par la grâce avec des scénarios rocambolesques durant toute la dernière CAN pour priver les coéquipiers de Cédric Bakambu d'une finale historique, la première pour le pays depuis 1974, date de son deuxième et dernier sacre dans la compétition reine.
Objectif Mondial 2026
Finalement quatrième, son meilleur résultat depuis la troisième place de 2015, la République démocratique du Congo est surtout devenue une équipe terriblement difficile à manier. Il faut remonter au 10 janvier 2024 pour retrouver la trace d'une formation parvenue à marquer deux buts aux coéquipiers de Chancel Mbemba, à savoir le Burkina Faso (1-2), lors d'une rencontre amicale de préparation à la CAN. Cela fait désormais 11 matchs consécutifs que les protégés de Desabre parviennent à limiter les attaquants adverses avec seulement 6 buts encaissés sur cette même période, CAN comprise.
A-t-on des chances de revoir les Congolais dans une Coupe du monde ? L'espoir existe. Après quatre journées, la République démocratique du Congo occupe la 3e place du groupe B des éliminatoires à trois points du leader, le Soudan, seule équipe à l'avoir battu (0-1), et une unité derrière le Sénégal, qu'elle est parvenue à tenir en échec lors du choc à Dakar (1-1). Durant cette quinzaine internationale, les anciens Simba ont soigné leur entrée dans les qualifications pour la prochaine CAN en arrivant à bout de la Guinée (1-0) et de l'Éthiopie (0-2), confirmant un peu plus leur solidité défensive.
Desabre sur tous les fronts
Un travail sérieux et d'autant plus remarquable que Desabre aurait pu décider de claquer la porte. Prolongé en mai dernier jusqu'en mai 2029, le Français n'avait pas été payé durant six mois, soit plus de 400 000 euros d'arriérés de salaires, mais a tout de même choisi de se montrer fidèle en baissant ses émoluments avec la signature de son nouveau contrat. «Début juin, Desabre a cumulé 6 mois d'arriérés. Il aurait pu partir libre s'il avait envie et on aurait été condamné à lui verser la totalité de son contrat» , expliquait alors le team manager des sélections congolaises, Dodo Landu.
Avec les résultats, Desabre a également amené un professionnalisme qu'il manquait au pays. Deux stades supplémentaires ont été homologués – et alors que Cédric Bakambu n'avait pas hésité à déplorer les conditions du Stade des Martyrs en marge du barrage pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2022 -, une fédération plus proche de ses équipes et une politique agressive pour convaincre les binationaux – plus de 30 dans les différentes catégories – qui porte ses fruits. Un renouveau qui pourrait permettre au quatrième pays le plus peuplé du continent avec près de 110 millions d'habitants de retrouver son statut d'antan.
Jusqu'où peut aller Sébastien Desabre avec la République démocratique du Congo ? N'hésitez pas à réagir et à débattre dans la zone «Ajouter un commentaire» …