Allemagne : c'est quoi le problème ?
Battue en Autriche (2-0), mardi, l'Allemagne n'est pas rassurée à un peu plus de six mois de l'Euro. Longtemps considérée comme l'équipe à battre, la Nationalmannschaft ne fait plus peur à personne.
Le football est un sport qui se joue à onze, et à la fin, l'Allemagne ne gagne plus. Trente-trois ans après sa phrase devenue mythique, Gary Lineker doit bien rire. Du malheur de l'Allemagne ? Oui.
Comme de nombreux joueurs, de nombreux fans de football qui ont passé la trentaine, l'Anglais doit se pincer pour le croire : l'Allemagne, quadruple championne du monde, triple championne d'Europe, l'équipe qui atteignait quasi systématiquement les quarts de finale, voire plus, de tous les tournois, est devenue une nation qui ne compte plus. A tel point que la Nationalmannschaft n'est même pas considérée comme un favori à l'Euro. Son Euro.
La génération post-2014 a raté la marche
Il faut dire que depuis son sacre mondial en 2014, c'est la dégringolade. Il y a bien eu cette demi-finale étouffante perdue contre la France (2-0), à l'Euro 2016, au Vélodrome. Une Coupe des confédérations gagnée en 2017. Mais rien de plus. Une défaite en huitième de finale d'Euro 2021 face à l'Angleterre (2-0), un de ses adversaires préférés, mais surtout deux éliminations au premier tour de la Coupe du monde en Russie et au Qatar. Dans le Golfe, cela s'est joué à rien et l'Allemagne a tout de même montré de belles choses sur le plan offensif, portée par une jeune dorée toujours aussi plaisante à suivre... en club. Car en sélection, c'est une autre histoire.
Ces jeunes, ils s'appellent Jamal Musiala ou encore Florian Wirtz. Deux noms qui en jettent. Le souci, c'est que ces pépites n'ont pas été accompagnées. Manuel Neuer, Thomas Müller, Mats Hummels, pour les champions du monde 2014, voire même Ilkay Gündogan, n'ont plus la même influence. La génération de l'entre-deux, avec Joshua Kimmich, Serge Gnabry, Leroy Sane, Léon Gortezka et Julian Brandt n'a elle jamais réussi à marcher sur les pas des aînés. Du talent, des promesses, mais au final, pas grand-chose si ce n'est des déceptions et l'impression de ne pas être à la hauteur de l'écusson.
Où sont les méchants ?
Les résultats depuis un an parlent d'eux-mêmes. En dehors d'un succès de prestige contre la France (2-1) et de deux victoires face au Pérou (2-0) et les États-Unis (1-3), l'Allemagne a pris la très mauvaise habitude de perdre et souvent face à des équipes qu'elle maîtrisait sans problème par le passé. La Belgique (2-3), la Pologne (1-0), la Colombie (0-2), le Japon (1-4) et sur la dernière trêve internationale, la Turquie (2-3) et l'Autriche (2-0), tous ont réussi à mater la formation européenne la plus titrée de l'histoire. Sans parler des nuls sans grand relief contre l'Ukraine (3-3) et le Mexique (2-2).
Comment expliquer cette méforme devenue chronique ? Les Allemands donnent l'impression de se voir jouer et surtout de ne pas vouloir se salir le short. Une trahison des idéaux qui ont fait la grandeur de cette équipe. Dans toutes les époques glorieuses, il y a eu des «méchants» , des gardiens du temple pour transmettre la bonne parole à leurs successeurs. Depuis les départs de Philipp Lahm, Bastian Schweinsteger, Miroslav Klose ou encore Lukas Podolski, cet esprit a disparu, s'est envolé sans jamais retrouver un propriétaire. Un problème qui dure et qui n'est toujours pas résolu.
Un problème mental pour Nagelsmann
Choisi pour prendre la succession de Hans-Dieter Flick au début de l'automne, Julian Nageslmann s'est rapidement rendu compte de l'énorme chantier qui lui a été confié. D'ordinaire confiant, le coach passé par le Bayern Munich n'a pas voulu faire le fanfaron à l'issue de la défaite en Autriche, mardi. «On a beaucoup de travail devant nous. Il ne faut pas que l'on se mette dans la position de la victime, se dire que l'on n'y arrivera pas. Il faut que l'on accepte que l'on a énormément de travail» , a jugé le manager allemand au micro de ZDF.
Le jeune technicien est surtout conscient que la principale limite de son équipe est d'ordre psychologique. «Ce n'est pas que l'équipe ne sait pas ce qu'elle doit faire ou qu'elle ne le veut pas. Blocage n'est pas le bon mot, mais elle n'est pas libérée. C'est un bon groupe quand on le regarde, mais la traduction sur le terrain ne se produit pas encore» , a poursuivi le manager de 36 ans. Et pourtant, il va rapidement devoir trouver la solution car l'Euro approche. A domicile, l'Allemagne ne pourra pas viser autre chose que la victoire. Un objectif inatteignable au vu de la forme actuelle.
Quel est le principal problème de l'Allemagne ? Peut-elle remporter l'Euro à domicile ? N'hésitez pas à réagir et à débattre dans la zone «Ajouter un commentaire» …
